danieldrai

Archive for mars 2014|Monthly archive page

LE BLOC NOTES DE LA SEMAINE: Semaine du 21 Mars

In BLOC NOTES on mars 28, 2014 at 12:53

24 mars.

220px-NaufrageFranzHals

Mais à quoi d’autre s’attendait-on pour ce premier tour des Municipales? A vrai dire la Bérézina n’est pas un fleuve russe mais elle traverse Paris et sinue dans toute la France. Il fallait bien que le dissentiment accumulé depuis deux ans bientôt se trouve un exutoire. Inutile d’accabler les accablés. Lorsque la candidate PS à Paris, dauphine en titre de Delanoë, selon la logique de désignation népotique mise en place dans la capitale, en est à traiter de « branquignol » le gouvernement Ayrault, en visant d’un regard noir l’Elysée, la messe est probablement dite. Comme prévu aussi, et quoi qu’on en pense, le scrutin municipal actuel atténue les défaites et autorise l’ouverture de quelques parachutes. On en verra les effets de sourdine au soir du second tour. Pour l’heure ce n’est pas seulement l’incompétence économique qui se trouve aussi nettement sanctionnée mais encore une profonde déconsidération morale dont les péripéties sont dans tous les esprits, en attendant le probable livre de comptes concocté par l’ancienne compagne du Président de la République, ouvrage dont on ne doute pas qu’il glorifiera la littérature française considérée depuis ses sommets. L’affaire des écoutes a provoqué un véritable coup de sang chez Nicolas Sarkozy et ses amis. Quel que soit l’enrobage procédural de la dite affaire, elle conforte chez les citoyens de base le sentiment que le mot d’ordre est à l’élimination par tous les moyens du prédécesseur immédiat de François Hollande dont Nicolas Sarkozy est devenu une sorte de « dibbouk » phobique. Tout cela aggravé, on ne le répétera jamais assez, par une économie en berne, un chômage teigneux et une diplomatie picrocholine. Comment peut-on, comment ose t-on présider un pays avec 85% d’opinions défavorables? Le pire est sans doute à venir car les bons résultats du FN laissent présager une secousse d’une plus grande ampleur à l’occasion des Européennes. Se dirige t-on vers une crise de régime? Mais de quel «régime»? La crise, s’il faut ainsi la nommer, qui affecte la France est sans précédent puisqu’elle est simultanément politique, économique, et sociétale. En 1968, le gouvernement d’alors disposait face au séisme qui a manqué l’emporter de réelles marges de manoeuvre budgétaires, et donc de négociation. Telle n’est plus la situation aujourd’hui. Le fameux « pacte de stabilité » sur lequel François Hollande joue peut-être un de ses ultimes bancos est plombé par l’incertitude proprement politique de ce qu’il lui reste de quinquennat. Que Martine Aubry se récrie lorsque l’on évoque devant elle son éventuelle présence dans le prochain gouvernement en dit encore plus long que les fulminations d’Anne Hidalgo. Mishima l’a exprimé en mots burinés : en matière de pouvoir, il ne suffit pas de prétendre, il faut ensuite assumer.

26 mars.

300px-SofiaCathedral

Retour d’un bref séjour en Bulgarie et principalement à Sofia. Pays étrange et familier à la fois. Les standards et les stéréotypes de la mondialisation se combinent avec les réminiscences d’un passé auquel on voudrait rendre une vie plénière. Frappé, au centre de la ville, par les quatre monuments typiques de cet espace-temps désorganisé: l’église orthodoxe, la mosquée en voie de réfection, la synagogue de style viennois, trop vaste pour être chauffée, et surtout le nouveau centre commercial. Car dans ces pays sortis à peine du soviétisme, consommer est devenu une forme d’activité confessionnelle et ritualisée aussi. On imagine mal d’ici ce que furent les décennies du Parti unique, avec sa police des corps et des esprits, son architecture massive, exhibitionniste, son mépris «attilesque» de toutes les cultures antécédentes. Une dévastation mentale dont les effets actuels sont à peine évaluables et dont les effets différés ne sont même pas soupçonnables. Les pays sont fragiles comme sont les personnes. Les simulacres de la puissance ne durent pas longtemps lorsque la vie digne de ce nom n’ose plus se montrer aux fenêtres et lorsque les amandiers redoutent de fleurir.

27 mars.

280px-Johannes_Vermeer_(1632-1675)_-_The_Girl_With_The_Pearl_Earring_(1665)

« Une année studieuse » d’Anne Wiazemski. Le livre de bord d’une jeune étudiante de Nanterre dans les années 66 à 69, petite fille et pupille de Mauriac et surtout épouse à la va-vite de Jean-Luc Godard follement épris de cette réplique de « la Jeune fille à la perle » de Vermeer. Un document très attachant sur la Nouvelle Vague, sur ses audaces, ses naïvetés et ses chinoiseries. Sans parler de l’évocation d’une époque de transition; celles des mœurs, des débuts de la contraception, lorsque les corps se délestaient de peurs ancestrales sans toujours discerner où menaient les chemins clair-obscur des nouvelles libertés. Car que deviennent les navires qui ont perdu leur ancre?

RD

LE PEUPLE D’ISRAEL EST A L’OEUVRE – Actu J – 27 mars 2014

In ActuJ, SUJETS D'ACTUALITE on mars 26, 2014 at 8:43

Les entreprises de boycott international d’Israël qui tentent d’entraver ses productions et de souiller ses marques sont vouées à l’échec pour peu qu’en face prévale une lucidité aigue et s’affirme une détermination sans faille. Car s’il est des adversaires estimables, il est aussi des ennemis méprisables. Les auteurs de pareilles initiatives en sont le premier degré à cause de leur lâcheté maquillée sous l’éthique des droits de l’homme. Car pendant que l’on s’ameute contre Israël, le monde politique continue de s’adonner aux actions de force pure et nue sans que nos divas en chambre ne forcent suffisamment leur voix pour être entendues. L’Histoire retiendra qu’au moment même où les incitations à ces boycotts insanes étaient une fois de plus lancés contre l’Etat d’Israël l’Ukraine sombrait dans la sécession tandis que Poutine et la Douma châtiaient l’Union européenne et les Etats-Unis d’Obama en annexant purement et simplement la Crimée. D’un côté la politique de Tamerlan, de l’autre la « guerre » aux jus de fruits et aux yaourts. Mais il y a longtemps que le ridicule ne tue plus. Il est vrai qu’il est infiniment plus facile de s’attaquer au peuple d’Israël qu’aux milices russes et que dans les deux cas le risque de l’opération n’est pas tout à fait le même. Et que dire du Mali tandis que Bachar El Assad continue de narguer une ONU en totale déconsidération! Ce que les fauteurs de boycott n’ont toujours pas compris c’est que depuis prés d’un siècle, affronter les difficultés et les réduire l’une après l’autre, quant ce n’est pas plusieurs d’un coup, est devenu pour Israël une manière d’être. Il est des peuples que les difficultés sidèrent, que les obstacles font chuter, qui ne comportent pas leur centre de gravitation en eux-mêmes. Tel n’est pas le cas d’Israël. Toute son Histoire lui a enseigné l’amour du prochain lorsqu’il s’en montre digne et une sévérité morale sans faille lorsqu’on y fait défaut. Le peuple juif a vu trop de civilisations qui avaient prétendu à l’Empire universel ne laisser après elles que les vestiges de leurs ruines pour se laisser impressionner par ces caravaniers crépusculaires s’effaçant inexorablement de nos regards la nuit tombée, nuit des paysages, nuits de l’Histoire. Ceux et celles qui visent l’âme d’Israël et s’efforcent de la souiller en accusant son immoralité, son mépris des plus faibles, sa soif de puissance, ne font que tracer leur propre portrait. La plupart sont les demi-soldes de causes dont certaines furent parfois estimables comme lors des exterminations du Biafra mais qui depuis se retrouvent moralement en chômage technique et se vouent à des équipées dont mêmes leurs prétendus bénéficiaires ont décelé les simulacres et la toxicité. Pendant ce temps, voyant le monde comme il va, tellement mal, le peuple d’Israël, avec toutes ses forces créatrices, toutes ses sensibilités, construit et se construit. Les Prix Nobel qui le couronnent régulièrement récompensent bien sûr des personnalités hors pair. Mais il faut n’avoir rien compris aux processus de la création pour imaginer que les modalités de l’intelligence humaine ne sont qu’individuelles. Les avancées d’Israël dans tous les domaines attestent au contraire qu’un peuple entier est à la tâche, que chacun compte autant que tous et que rien ne prévaudra contre cette puissance vitale. Lorsque, l’Eternel désigne à Abraham la terre dévolue à son oeuvre future il évoque non pas une terre close et avare mais une terre appelée à se révéler perpétuellement. Il ne faut plus la perdre des yeux. Elle correspond à la vocation d’une entité humaine désignée pour devenir la bénédiction des familles échappées au Déluge. La direction est on ne peut plus claire: les injures, les diffamations, tout ce qui procède de ces « pathologies de l’idéal » qui sont les plaies de notre temps, n’aboutissent qu’à l’aggravation de ces maux, à une humiliation encore plus délétère de la parole interhumaine comme n’a cessé de le rappeler le grand juriste Jacques Ellul pour qui l’existence d’Israël et son retour dans l’Histoire fondait à nouveau notre désir de vivre et le courage d’exister. Car il faut chausser de très fortes échasses pour parler de haut au peuple du Sinaï. Nombreux s’y sont cassés et s’y casseront les reins. Le monde actuel sans inspiration est guetté par un dangereux délitement. L’avenir appartiendra aux bâtisseurs d’espaces vécus, aux semeurs de temps fruitiers et aux intelligences délivrées du moindre ressentiment. Pour ce monde-là Israël a déjà pris date. Quant à l’autre, on n’y accède déjà plus qu’à rebours de la vie.

                       Raphaël Draï zal – Actu J – 27 mars 2014

LE SENS DES MITSVOT: TAZRIA (2) par Rabbin Jacky Milewsky

In RELIGION on mars 26, 2014 at 8:27

27 Tazria14

Un blanc qui n’est pas si blanc

« Lorsque se formera sur la peau d’un homme seette ou sapa’hate ou bahérète…, il sera emmené vers Aharon, le kohen ou vers l’un des ses fils… » (Lev 13, 2). Ces trois termes désignent des tâches blanches apparaissant sur la peau. En faut, ces trois mots font référence non à trois mais à quatre tâches. En effet, sapa’hate ne désigne pas une tâche particulière mais signifie : quelque chose de secondaire (comme dans I Sam 2). Le verset se comprend ainsi : « Lorsque se formera sur la peau d’un homme seette, ou sapa’hate ou tâche dérivée, secondaire, ou bahérète… il sera emmené vers Aharon, le kohen ou vers l’un des ses fils… ». Comme le terme « sapa’hate » est mentionné entre seetteet bahérète, il est en quelque sorte mis en facteur. Sapa’hate désigne donc deux tâches dérivées, l’une de seette et l’autre de bahérète. Il existe donc quatre types de tâches. Toutes sont de couleur blanche :

La bahérète est une tâche blanche comme la neige. C’est le plus blanc des blancs.
Seette est blanc comme la laine blanche.
La tâche dérivée de bahérète est blanche comme la chaux utilisée pour la Sanctuaire. La Michna de Midote (3, 4) enseigne en effet qu’on blanchissait les murs du Temple à la chaux, tous les ans, avant Pessa’h [l’édifice sacré a aussi besoin de purification].
La tâche dérivée de seette est blanc comme la membrane qui se situe sous la coquille de l’œuf (cf Michna Negaïm 1, 1 et commentaires).
Le blanc annonce l’impureté. Ce qui est curieux car le blanc est traditionnellement lié à la pureté : « Venez, réconcilions-nous, dit l’Eternel ! Vos péchés fussent-ils comme la cramoisi, ils peuvent devenir blancs comme neige ; rouge comme la pourpre, ils deviendront comme la laine » (Isaïe 1, 18).

Nous pouvons peut-être proposer d’expliquer qu’à travers cette loi, la Torah invite l’individu qui se considère pur et sans manquement à prendre du recul vis-à-vis de cette supposée perfection, à se méfier de l’innocence qu’il s’attribue et des qualités qu’il se prête.

Un homme peut être blanc comme la neige mais la neige fond à la chaleur. Le feu de l’instinct peut surgir à n’importe quel moment. Le combat contre son animalité n’est jamais totalement gagné.

Un homme peut être blanc comme la laine mais la laine peut être teinte selon les besoins. La tentation de l’intérêt pour soi, du gain pour sa personne, peut éteindre la prétendue pureté.

Un homme peut être blanc comme la chaux avec laquelle on blanchissait les murs du Temple mais l’enduit était annuel. Le temps qui passe entraîne la formation de fissures dans cette irréprochabilité. Pour que celle-ci subsiste, l’individu doit constamment l’alimenter.

Un homme peut être blanc comme la membrane de la coquille de l’œuf. Mais un œuf est fragile et peut se casser, la membrane disparaître. Dans le cadre moral, la certitude de soi, la certitude en soi est une illusion. « Ne crois pas en toit ! » enseignent les Pirké Avote.

Parfois, le blanc est une illusion à l’instar de Lavan, le beau père de Yaacov et dont le noir habitait le cœur alors qu’il porte le nom de la couleur blanche. D’où la nécessité, à l’approche de Pessa’h, d’un petit coup de chaux sur notre cœur.

Rabbin Jacky Milewski

 

LE SENS DES MITSVOT: TAZRIA

In RELIGION on mars 26, 2014 at 8:13

27 Tazria14

 Au Rav Dov Elbèze

 

« Puis le cohen examinera la plaie le septième jour, si la plaie présente le même aspect, si elle n’a pas fait de progrès sur la peau, le cohen la séquestrera (hisguir) une seconde fois(chenit) pour sept jours. Et le cohen au septième jour l’examinera de niveau (chenit): si cette plaie s’est affaiblie et qu’elle n’ait fait aucun progrès sur la peau, le cohen la déclarera pure.

… Mais si cette plaie venait à s’étendre sur la peau après qu’il s’est présenté au cohen et qu’il a été déclaré pur, il se fera visiter de nouveau (chenit) par le cohen.. Si la dartre s’est étendue sur la peau, alors il le déclarera impur: c’est la lèpre ». Lévitique, 5à 7. Traduction de la Bible du Rabbinat.

On peut le constater, cette paracha est une méthodique introduction à une «psychosomatique» biblique, les affections de la peau opérant comme les véritables révélateurs de troubles possiblement plus profonds. Ce qui conduit à deux enseignements majeurs.

En premier lieu, il appartient à chacun de veiller à l’état de son épiderme. La peau n’est pas un simple revêtement cutané mais un organe doué d’une vie propre, donc exposé à une symptomatologie spécifique. La peau est un récepteur de sensations, un capteur de multiples sensibilités, en tant que telle un véritable organe social qui se présente normalement dans une certaine conformation vitale: grain, tonus, éclat, irrigation, ductilité.

Lorsque ces traits s’altèrent, c’est signe d’un trouble qui pourrait être plus profond (âmok) et plus grave. Il ne faut pas tarder à s’en préoccuper. Le verbe hisguir ne veut pas dire exactement séquestration ou quarantaine mais plutôt prise au sérieux, constitution en problématique réelle. Le contraire de la désinvolture. Le symptôme est un avertisseur. Il se rapporte à cette modalité du comportement moral préventif: la zehirout, la capacité de faire attention.

A partir de quoi un examen proprement histologique est engagé par le cohen – personne tierce et désintéressée, mais profondément solidaire – qui consiste en une véritable interprétation du signe devenu apparent pour comprendre s’il se constitue ou non en symptôme durable.

C’est au regard de la nécessité d’une pareille interprétation – comme si l’épiderme constituait un texte – que l’expression chenit, qui indique la reprise, la résonance et la réflexion se fait insistance et récurrente.

Toutefois le diagnostic ne saurait être porté dans la hâte. Chacun sait la signification structurale du chiffre sept. Ce diagnostic doit être attentif, réflexif, élaboratif, et sans doute faire l’objet en cas de besoin d’un examen collégial. A l’opposé de «la langue mauvaise » caractérisée par sa jactance pulsionnelle et par l’absence de toute vraie maîtrise de la pensée délibérative.

Si au terme de cette première phase il se confirme que le signe cutané est superficiel, stable, circonscrit et surtout non expansif, il faudra de toutes façons s’accorder une seconde période d’observation réflexive avant de conclure. Car rien n’apparaît jamais complètement au premier regard ni à la première lecture. Dans ces conditions, au cas où il se confirmerait bien que le signe apparu n’est pas involutif, le recouvrement de la vie normale serait aussitôt indiqué.

Au cas contraire où le signe persisterait, qu’il se graverait dans la peau et dans la chair, ce serait l’indication d’une affection plus grave engageant alors un protocole à la fois personnel et social. On observera à cet effet que le qualificatif «profond»: ÂMoK est formé par les mêmes lettres que le mot KeMâ qui désigne le fait de lier. Dans ces nouvelles conditions, un symptôme de cette profondeur indiquerait la corrélation des niveaux épidermiques, sociaux et spirituels de l’affection avec la nécessité d’une intervention combinée à ces trois niveaux.

Raphaël Draï zatsal, 26 mars 2014

Le sens des Mitsvot: Paracha Chemini – par Rav Dov Elbeze

In RELIGION on mars 20, 2014 at 12:24

26 Chemini.La Paracha de Chemini comptabilise 16 Mitsvot. Intéressons-nous à la première qu’énonce le sixième verset du chapitre 10, la 149ème depuis le commencement de la Bible : « Rachékhème Al Tifraou –  Moïse dit à Aaron, et à Eleazar et Itamar ses fils : n’échevelez pas vos têtes ».

 Cette injonction faite aux Cohanim intervient suite à la mort soudaine de Nadav et Avihou, les deux autres garçons d’Aaron. C’est de là que découlera d’ailleurs l’interdit qui incombe à tout homme d’Israël de se couper les cheveux en période de deuil.

Mais ce n’est pas seulement en raison de ce drame que leur a été imposé ce commandement.

Cette prescription divine interdit en réalité aux Cohanim de pénétrer dans le Temple en ayant  les cheveux longs. En effet, la croissance capillaire ne devait pas dépasser trente jours de pousse. Cette ordonnance était permanente pour le Cohen Gadol – qui se trouvait toujours dans le Temple – et ponctuelle pour le Cohen Hedyot (simple) – dont le service pouvait être irrégulier.

Rachi rapporte en effet les propos du Talmud (Moed Katan 14b) affirmant qu’avec une chevelure longue – signe ostentatoire de deuil – les Cohanim troublent la joie de Dieu. En d’autres termes, les signes de tristesse et d’affliction n’ont pas leur place dans la maison de l’Eternel car ils contredisent les messages de joie et de bonheur qu’est censé véhiculer le service divin – la pratique du judaïsme.

Cet enseignement, nous l’avons lu explicitement il y a seulement quelques jours dans la Méguilat Esther à propos de Mordekhaï, lorsque ce dernier s’était vêtu de sacs et de poussière au pied du palais d’Assuérus, suite à l’annonce du décret de Haman visant à exterminer le peuple juif (ch.4 ; v.2): « car on ne vient pas aux portes du roi habillé d’un sac »

Voici donc un message clair que nous adresse la Paracha cette semaine, nous qui sommes appelés « un royaume de  Cohanim ». Elle nous invite à repenser notre attitude lorsque nous nous trouvons à la synagogue – maison de Dieu par excellence – et que nous lui offrons nos sacrifices – nos prières. Notre Mitsva consiste à mettre de coté les tracas du quotidien, et nous ressourcer dans ce lieu qui respire la sainteté et la spiritualité. Ce n’est que dans la joie et une atmosphère positive que le recueillement peut être optimal. C’est ce que Hachem attend de chacun… un état d’esprit débordant d’espoir.

Rabbin Dov Chalom Elbeze.

  

LE SENS DES MISVOT: PARACHA VAYKRA

In RELIGION, Uncategorized on mars 6, 2014 at 11:33

24Vayikra14

« … si quelqu’un d’entre vous veut offrir au Seigneur une offrande de bétail (…) il appuiera sa main sur la tête de la victime et elle sera agréée en sa faveur pour lui obtenir propitiation ». (Lv, 2, 4).

«Quelque oblation que vous offriez à l’Eternel, qu’elle ne soit pas fermentée car nulle espèce de levain ni de miel ne doit fumer, comme combustion en l’honneur de l’Eternel». (Lv, 2, 11).

Traduction de la Bible du Rabbinat.

Comme bien des prescriptions contenues dans le Lévitique, le sens de celles-ci pourrait paraître abscons et ésotérique, se rapportant aux fameuses « lois cérémonielles » qui ont suscité les critiques et parfois les sarcasmes des spinozistes notamment. Ce qui définit une exigence spirituelle et pédagogique supplémentaire pour en faire comprendre le sens. En l’occurrence ces versets qui peuvent paraître on ne peut plus « ritualistes » comportent des significations d’une exceptionnelle importance par elles-mêmes et par leur complémentarité. Qu’en est -il des premiers?

 Ils situent avant tout la polarité fondamentale d’une responsabilité essentiellement personnelle. Bien sûr, l’édification du Sanctuaire a doté le peuple d’un lieu de rencontre électif avec la Présence divine. Grâce au Sanctuaire, l’approche, la hitkarbout de cette Présence devient effective et praticable. Il n’empêche que, quels que soient les préparatifs et l’assistance des Cohanim, le korban proprement dit relève de la responsabilité singulière de qui doit l’accomplir en s’acquittant des obligations qui y sont liées. C’est pourquoi il devra assurer de ses propres mains le contact avec l’animal dévolu à cet effet, pour bien marquer la continuité à la fois matérielle et symbolique entre cet animal et lui.

Ainsi sont intégrés les différents niveaux du vivant appelé à la sanctification, à la kedoucha. Cependant, et dans tous les cas, il faut conserver le sens de la mesure, éviter toute forme d’exaltation ou d’excitation qui altèrerait ce processus d’approche graduelle, lequel se rapporte à un développement temporalisé de l’esprit et à un contrôle corrélatif des pulsions. Car l’esprit lui-même a ses propres troubles qui interfèrent avec ceux de la vie qualifiée de matérielle.

 De ce point de vue, le texte du Lévitique, s’il incite à se libérer des enchaînements pulsionnels et des gravitations de la matérialité, nous met en garde contre les tentations de ce que l’on pourrait appeler le « quintessentiel ». A cet égard, le levain et le miel doivent être exactement dosés car ils indiquent comment les substances changent d’aspect mais sans se transformer et pourquoi les produits purs qui résultent déjà d’une extrême élaboration préalable ne doivent pas en outre servir à une « hyper- purification ».

Une sublimation outrancière confinerait à l’ébriété et conduirait si l’on n’y prenait garde à chuter d’aussi haut que l’on avait cru s’élever. Le miel en soi est déjà un produit pour ainsi dire sublime, du goût à l’état pur. Faute d’un dosage exactement mesuré il peut s’avérer vomitoire. Point besoin de le sur-sublimer.

On aura noté enfin l’articulation interne de ces différentes mitsvot. En appuyant ses mains sur la tête de l’animal voué au korban, puis en dosant exactement le levain et le miel, c’est toute l’échelle du vivant et de l’esprit qui l’anime qui se trouve ainsi parcourue. Ce qui explique l’agencement structural des versets correspondants. En commençant par appuyer ses mains sur la tête de l’animal l’on se situe au point de départ d’un travail qui devrait mener jusqu’aux expressions les plus hautes de la spiritualité. Mais attention à ce que les spécialistes de la montagne qualifient « d’ivresse des sommets ». Noé en personne n’a pas su s’en garder et l’on sait ce qui a suivi (Gn, 9, 21 ).

Ce n’est pas pour autant que la première étape soit « primitive » ou triviale. Car c’est bien sur la tête de l’animal que les mains doivent en premier se poser et l’on sait que dans l’univers biblique, aux initiaux degrés du vivant, l’humain et l’animal sont strictement solidaires et requièrent conjointement la sollicitude divine.

 RD

Bloc-Notes: Semaine du 24 Février 2014

In BLOC NOTES, SUJETS D'ACTUALITE on mars 5, 2014 at 7:20

26 février.

images-5

Pris dans une sombre histoire de surfacturation, François Copé crie au complot mondial et déclare la patrie en danger. Pas d’affolement toutefois. Il s’agit juste d’un nouveau coup de Jarnac signé par ses ennemis intimes au sein de l’ UMP. A se demander ce qui provoque une haine aussi irréductible entre des personnalités qui prises séparément sont en général de bon aloi et qui mises en communauté semblent atteintes du syndrome de la vache folle. Le tout broché sur fond d’idéologie gaullienne dilatée, avec références obligées à l’ homme du I8 juin dont on feint d’oublier qu’il fut aussi celui du 13 mai. Il semble pourtant que ce soit au sein même du mouvement gaulliste qu’on n’ait plus du tout conscience de la dégradation intellectuelle et politique de la situation. François Copé est accroché à un radeau en comparaison duquel celui de la Méduse ressemble au vaisseau de l’Agha Khan. François Fillon, lui, s’est attaché au mât du navire et se bouche les oreilles pour ne pas entendre les sirènes sarkozistes tandis que l’ancien président de la République répète devant sa glace les gestes de Spiderman. En foi de quoi la Gauche n’a qu’à bien se tenir! Tout cela paraît décalé ou franchement onirique. A si brève échéance des Municipales, et en attendant les Européennes les pronostics s’imbibent du marc de café requis par la voyance extra-lucide. Depuis plusieurs mois, la France de droite, de gauche, du centre, d’en haut, d’en bas et d’ailleurs se trouve pour ainsi dire en état de flottaison intersidérale. On évoque la possibilité d’un gouvernement « resserré » mais l’on ne sait toujours pas à quelles fins. L’arrivée de Ségolène Royale est dans les esprits, ce qui suffit à démontrer ou que le salut est proche ou que les thèses de Durkheim sur le suicide altruiste vont être actualisées. Selon un sondage récent, plus de 40% des jeunes de France se déclarent en état de maltraitance collective et chronique, économique, sociale et culturelle. Un symptôme apparaît en ce sens particulièrement parlant: les comiques ne font plus rire grand monde et déclarent ouvertement que leur profession est sinistrée. Les seules émissions de télé qui font parler d’elles sont celles dont les invités quittent en furie le plateau avec le désir tout juste réprimé de découper au canif le présentateur ou la présentatrice. Sur les chaînes surexploitées du cinéma, à force de revoir pour la cinquantième fois Le Corniaud les oreilles vous en tombent et à force d’entendre le fameux train de Fred Zinneman siffler trois mille fois, l’envie vous prend de voyager en avion. Heureusement les librairies n’ont pas toutes déposé leur bilan et il reste sur les quais des bouquinistes qui savent retrouver les « Robinsons suisses » de notre enfance, dans l’édition Nathan. Bonheurs d’occasion Occasions de bonheur.

27 février.

290px-Mammoth-ZOO.Dvur.Kralove

Très forte tension entre l’Ukraine et la Russie. Les Etats-Unis et l’Union européenne emboîtent le pas aux Ukrainiens. Poutine se cabre. Au point que l’on évoque à nouveau le spectre de la guerre froide et le retour du Dr Folamour. Plus que jamais chacun devrait garder ses nerfs et éviter de convoquer les spectres d’un autre âge. La véritable Guerre froide ne se conçoit pas sans une lutte idéologiques poussée aux extrêmes car nourrie aux schémas simplistes d’un marxisme-léninisme paranoïde d’un coté, d’un « monde-librisme » à la Truman de l’autre. Il faut revenir sans doute à une géopolitique moins effervescente. Les peuples et les nations se différencient toujours par les langues, les littératures, les identifications religieuses. En ce domaine, qui veut faire l’ange fait la bête. Longtemps les Etats-Unis ont professé la doctrine Monroe selon laquelle les américains du Nord doivent rester maîtres chez eux. Mais comme la conception nord-américaine du « chez soi » est extensive, il n’a pas fallu forcer les choses pour qu’à l’occasion, si l’on ose dire, de la première Guerre mondiale les Etats-Unis se sentent comme chez eux dans tout le monde habité. La déréliction du continent européen les y a puissamment aidés. A présent l’Ukraine, la Russie et la planète entière émergent de la débâcle des glaces soviétiques et par bien des cotés les peuples qui reviennent au jour font songer à ces ossements de mammouths surgis de l’outre-monde. Mais il faut penser aux êtres vivants, dans le temps non pas jurassique mais contemporain et se convaincre que nous valons mieux que notre préhistoire. Celle à laquelle nous risquons de rétrograder si un peu de sagesse venait à nous faire défaut.

2 mars.

images-4

Entre une oeuvre et son sujet ses produisent parfois des formes d’identification surprenantes. A commencer par leurs dimensions. Le constat se confirme en rouvrant « Moby-Dick » le roman-cachalot de Melville. Au fond le livre pourrait se réduire au combat final entre le Léviathan et le capitaine Achab, soit une dizaine de paragraphes. Mais, à la manière des « Mille et une nuits », Melville s’adonne à l’exploration cosmique et surgénératrice du monstre. Il s’ensuit qu’une centaine de pages après l’autre on finit par se prendre pour ces baleiniers qui, leur chasse assouvie, n’en finissaient pas de dépecer et de débiter le mammifère génésiaque. Heureusement la masse immense du cétacé se fait homologue à celle de la chair même du roman et il y apparaît de quoi nourrir et illuminer à l’huile des cités entières. La traduction en forme de mission réellement impossible n’en donne qu’une idée faible. Il faudrait avoir passé sa vie sur les navires de ce temps- là, le harpon en mains. Mais aujourd’hui le mythe se réduit à des proportions plus triviales car les baleines ne fascinent même plus les enfants auxquels elles n’inspirent que de la pitié, des enfants qui désormais vont chasser d’autres monstres, « numériques » ceux-là. Le capitane Achab est vraiment parti à temps.

RD