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LE SENS DES MITSVOT: PARACHA LEKH-LEKHA

In Uncategorized on octobre 27, 2017 at 12:08

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« L’Eternel dit à Abram: « Va pour toi, de ton pays, de ton lieu de naissance et de la maison de ton père vers la terre que je te montrerai. Et je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, j’agrandirai ton nom et tu seras bénédiction (…) pour toutes les familles (michpéh’ot) de la terre « (Gn, 12, 1, 2).

Depuis que la conscience humaine a commencé à se déployer l’on s’interroge sur sa propre source et sur les causes de son développement. En ce sens la formule de Descartes: « Je pense donc je suis » a nourri des siècles de commentaires. Pour le récit biblique la conscience humaine se déploie à partir d’une mise en mouvement externe et interne, un hiloukh. C’est ce à quoi la Parole divine invite et incite Abram: se mettre en chemin à partir de ces trois repères essentiels: la maison familiale, le lieu de naissance, la patrie. Non qu’il faille les abandonner, les renier pour s’aventurer dans une errance caïnique. Ce sont autant de points de départ pour un itinéraire par lequel ce qui est à comprendre se révèlera. Car il est possible aussi de référer chacun de ces points de repère à des niveaux de l’être, à des degrés de la conscience lorsqu’elle vise à l’Universel. Car il ne faut pas oublier pourquoi la Parole divine sollicite Abram à entreprendre ce cheminement.

La fin de la paracha Noah’ montre une humanité plongée dans la confusion et dans la déliquescence. Noah’ lui même s’est exposé à l’ivresse et s’est trouvé dans la nécessité de maudire l’un de ses trois fils: H’am qui avait cédé à une pulsion quasiment parricide. Et puis, au delà de la famille stricto sensu de Noah’, l’humanité d’alors pourtant harmonieusement répartie sur la terre post-diluvienne avait perdu la mémoire et s’était lancée dans la construction d’une tour plus que colossale pour démontrer sa sur- humanité, rivale de Dieu. Il en est résulté une confusion des langues, l’impossibilité de communiquer entre individus enfermés dans leurs codes et autre dialectes, pulvérisant de ce fait la notion d’humain,de haadam.

Par suite si Abram doit se mettre en chemin, c’est pour relever l’humain de ses défections, pour le dégager de ses impasses. Cependant, une seule personne peut elle peser autant que le reste de l’univers? Surtout lorsque son esseulement est aggravé par ce qui ressemble à une irréversible coupure de ses amarres? Et pour quel objectif?

Si Abram dont on sait qu’il n’est pas encore père, qu’il est dépourvu de postérité doit néanmoins déférer à la Parole divine, c’est qu’il y va du sort de l’humanité entière. On se souvient que lorsque l’Humain fut divinement créé et qu’il reçut les premiers commandements divins, cette Loi fut précédée précisément par une bénédiction, une berakha. Autrement dit, le Créateur attestait que ce qu’il enjoignait à l’Humain n’avait d’autre finalité que de le maintenir et de maintenir l’univers avec lui sur les voies de la vie. Pourtant, la première transgression, puis le premier fratricide, enfin la corruption généralisée menèrent l’humanité d’alors au bord de l’anéantissement, comme si cette génération avait oublié la bénédiction divine ou avait cru pouvoir la compter pour rien.

Ce qui explique la suite de l’invitation divine: à son tour Abram doit reconstituer cette bénédiction, replacer l’humain et l’univers dans le sens de la vie qui elle même confère sa signification à la notion d’Histoire. Une Histoire dont les familles seront les vecteurs les plus forts et les plus persistants. Car c’est bien dans la famille que se structurent ces relations primordiales qui sont celles de la parenté. Est-ce le hasard si en hébreu le mot père: AB est constitué par les deux premières lettres de l’alphabet, et si le mot mère: EM est constitué par la première lettre et la lettre médiane de celui-ci ? Père et mère conditionnent l’accès au langage écrit et parlé, le contraire justement de la bouillie de mots qu’était devenu le langage de Babel. Et tout cela n’est pas donné mais doit être reconstitué après une série d’épreuves, de nissionot, qui révéleront les points faibles mais encore les points forts de l’Humain, revenu dans l’Alliance créatrice.

                                     Raphaël Draï zatsal, 31 octobre 2014

Profession : Rabbin (Arche Juin 1999)

In Uncategorized on octobre 24, 2017 at 7:21

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Profession : Rabbin

Est-ce encore un métier pour un Juif ?

par Raphaël Draï zal

Chaque lieu est marqué par sa situation géographique, bien sûr, mais aussi par une atmosphère particulière. La synagogue de la rue Vauquelin, où se trouvent aussi le séminaire rabbinique et une précieuse bibliothèque Judaïca, évoque l’atmosphère du Modiano de Dora Bruder. On sent qu’une histoire a passé là que rappelle, à l’entrée, la plaque commémorative de la Déportation, mais aussi une histoire en attente de nouveaux nombreux avenirs.

Des amis hiérarchies d’adolescence y ont accompli leurs études rabbiniques dans la clarté de ces grandes figures : Ernest Gugenheim, Henri Schilli, Meir Jaïs, Charles Touati, Emmmanuel Chouchena et d’autres encore.

L’existence du séminaire rabbinique, aujourd’hui dirigé par le solide grand rabbin Michel Gugenheim, est régulièrement mise en cause. Il faut n’avoir rien ressenti au pied de ses marronniers gorgés d’ombre, tours de silence recueilli. Ce fut un plaisir d’esprit de les retrouver pour participer au dernier congrès rabbinique, à l’invitation du grand rabbin de France, Joseph Sitruk, afin d’y animer un atelier précisément sur «  l’avenir de la fonction rabbinique ».

Lors des dernières élections à ce poste éprouvant, j’avais soutenu la candidature de Gilles Bernheim et expliqué dans L’Arche mes raisons. Depuis, Joseph Sitruk a été réélu et nous nous en sommes loyalement expliqués, convaincus que dans nos choix n’étaient entrée nulle considération d’ordre personnel. Car seule la malveillance nourrit la rancune. Il faut savoir œuvrer ensuite aux responsabilités communes, et l’avenir n’appartient qu’à Dieu seul.

Pourquoi débattre de la fonction rabbinique et de son avenir ? La boutade est connue : «  Rabbin ? Ce n’est pas une profession pour un Juif ». Dans l’imagerie traditionnelle, du rabbi émane surtout une aura spirituelle, issue des éclats de la Présence divine, qui fonde son autorité reconnue sans contrainte, exercée sans violence. Mais entre le rabbi des légendes et les rabbins du temps présent, surtout en France, Napoléon a fait passer son cheval et ses légistes. Rabbin est devenu une profession spécifique, certes, à forte connotation spirituelle, qui en douterait, mais qui assujettit souvent son titulaire à de nombreuses hiérarchies qui ne sont pas toujours révérencielles. Il arrive que des présidents de communautés exercent vis-a-vis d’eux un véritable pouvoir patronal, tout juste tempéré par le respect attaché à leur dénomination originelle. L’incommunicabilité se consomme lorsque ledit président ne conçoit plus son mandat que dans le style napoléonien.

Car un rabbin ne se confond pas avec un intellectuel juif. L’on mérite le titre de rabbin non pas seulement lorsque l’on est capable de tracer un parallèle entre le Kouzari et la somme théologique de Saint Thomas d’Aquin mais surtout, ainsi que le Talmud le précise, lorsque l’on sait pratiquer la Mila, nouer comme il se doit les nœuds des téphillin et des tsitsit, et lire dans un Sepher Thora que l’on serait capable en cas de besoin, d’écrire soi-même. Car ces gestes décisifs ne supportent ni l’approximation de la pensée ni le geste hésitant. Pour les accomplir, il faut être habité par la Voix entendue au Sinaï.

En cette fin de siècle, la fonction rabbinique, outre ses insécurités natives, est exposée à celles que provoquent les commotions de la société post-moderne, ouverte, parfois béante. Pour s’en préserver, il ne suffit plus de s’enfermer dans les « quatre coudées de la Halakha ».

Le droit de la famille est en pleine mutation. La polémique à propos du PACS conduit à un profond remaniement de la notion de couple et du paradigme parental. Faudra-t-il bientôt substituer la « paire » au père, dire « un maman » et « une papa » ? Au lieu de se bunkériser, le droit familial halakhique doit se confronter à de si profondes évolutions et rappeler, avant tout, à quoi s’attache la suréminente sanctification du couple, du zoug, formé par l’Homme et la Femme que leur amour ouvre sur la « chair-une », c’est-à-dire aimée et aimante, de la postérité.

En va-t-il autrement du dialogue inter-religieux ? Reconnaissance n’est que préalable à connaissance. Pour se connaître il faut dialoguer. Dialoguer, c’est toujours s’exposer car l’on ne peut demander à être reconnu par autrui sans lui accorder une reconnaissance réciproque. Dans ces conditions comment conforter et développer le dialogue avec l’Islam et avec la chrétienté ? Par exemple, quelle attitude adopter lorsque des carmélites de qui se réclament d’Elie le Prophète concluent leur message par le Shéma Israel, chanté en langue hébraïque ? Et comment débattre avec des religieux chrétiens qui étudient le Talmud pour mieux faire la preuve que la Loi de l’Ancien testament est dépassée par l’amour que prêche le Nouveau alors que c’est là qu’il y nait ?

Pour assumer ces indispensables dialogues, avec leurs inévitables moments de tension, les rabbins ne devraient-ils pas être mieux formés, non seulement à l’école rabbinique mais en formation permanente, à la théologie comparée, à l’inter- normativité, juridique et scientifique ?

Cette formation est également essentielle pour dégager de ses ornières actuelles le débat avec les Juifs qui se disent laïques à l’encontre de tout confessionnalisme. Une fois de plus, prendre en marche le train de la polémique, c’est risquer de dérailler. Ne faut-il pas, au contraire, être attentif à la dé-synchronisation patente de la Halakha et des autres systèmes juridiques laïques non pour l’aggraver mais pour la réduire, en vérifiant la quasi identité de leurs valeurs essentielles, parfois l’homologie de leurs procédures ? Pourquoi une médiation commerciale devant un Beth Din est-elle reconnue par les tribunaux de la République, sinon parce que les règles de la juridiction halakhique sont bien compatibles avec l’Etat de droit ? La formation de rabbins qui soient aussi des juristes confirmés est urgente pour faire face à des interrogations qui parfois fracassent des existences.

Dans l’open society, le rêve des parents juifs est que leurs enfants deviennent qui médecin, qui avocat, qui professeur de faculté. Pourquoi la fonction rabbinique n’y prendrait-elle pas — ou n’y reprendrait-elle pas — de nouveau toute sa place ? Est-ce rien de vouer sa vie à faire entrer un enfant dans l’Alliance d’Abraham, à savoir disposer au contact du cœur et de l’esprit la Torah de liberté, à l’enseigner dans la lumière perpétuelle du Sinaï, et à bénir l’homme et la femme comme Dieu a pour la première fois béni Adam et Eve : sous le dais nuptial d’un jour si clair qu’il resplendit encore.

Raphaël Draï zal – Juin 1999 – L’Arche

LE SENS DES MITSVOT : PARACHAT NOAH

In Uncategorized on octobre 19, 2017 at 7:15

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« Dieu dit à Noé: « La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est emplie de brigandage (h’amass) à cause d’eux ; et voici (…) Fais toi une arche ( téva ) en bois de gopher (…) et voici comment tu la feras: trois cents coudées la longueur de l’arche, cinquante coudées sa largeur, et trente coudées sa hauteur ( Gn, 6, 13 à 15 ).

Noé fit selon tout ce que Dieu lui avait ordonné, ainsi ( ken ) fit-il » ( Gn, 6, 22 ).

A une paracha de distance, le récit biblique passe de la création de l’humanité à sa possible destruction. Le moins que l’on puisse en dire est que ce n’est certes pas un récit « édifiant ». Nous y apprenons que l’humain est bi-face, à la fois créature créatrice et créature destructrice et même autodestructrice. Quelle en est la cause révélatrice?

Lorsqu’il fut disposé au Jardin d’Eden en vue d’une préservation et d’une transformation du site ainsi dénommé mais également de lui même, il y fut simultanément assigné à une Loi comprenant des obligations précises, obligations d’action ou d’abstention. Or, dés qu’il en eut l’occasion, l’humain, représenté en l’occurrence par le couple femme-homme, fut porté à la transgression de cette loi et à l’inaccomplissement des obligations qu’elle comporte. Néanmoins occasion lui fut aussi donnée de réparer les conséquences de ses actes irresponsables dont les effets différés furent d’une part la naissance calamiteuse de Cain et Abel, dont on connaît le sort, mais aussi de Chet, l’enfant digne de ce nom, l’enfant de l’espoir recouvré, le relais d’une Histoire à nouveau histoire de vie.

Et pourtant, comme l’indique d’ores et déjà la fin de la paracha Beréchit et le début de la paracha Noah’, l’humanité s’adonne une fois de plus à ses propensions destructrices dont, semble t-il, elle ne prend pas conscience de leur gravité. Plus aucune loi n’y est respectée. Les comportements dominants sont le dol et le viol, et parfois pire encore. Aucune mesure (midda) n’y est respectée. Cependant, la relation est directe, intrinsèque entre droit ( din) et mesures ( middot). Une corps n’est viable que s’il correspond à certaines mensurations. Un bâtiment « construit », si ce verbe pouvait alors s’employer, sans respecter des rapports donnés de hauteur et de volume, ne tarderait pas à s’effondrer. Ce dont la paracha Noah’ nous rend témoins, c’est à l’effondrement d’une humanité qui s’est minée par le h’amass, par les fraudes, les dissimulations, les contournements de la Loi. Sa fin apparaît inéluctable.

Et pourtant, au milieu du désastre une minuscule collectivité humaine ne suit pas ce mouvement fatal. Elle est inspirée par Noah’ considéré précisément comme tsaddik et tam, juste et intègre, autrement dit doté des qualités lui permettant, avec les siens, de résister à cet esprit d’autodestruction collective.

On comprend mieux à présent les mesures auxquelles le Créateur lui demande de déférer. D’abord la construction d’une arche, d’un habitacle qui permettra le sauvetage de la partie demeurée intègre et vitale de la Création en y associant la partie du règne animal encore indemne. La consistance du bois dans lequel l’arche de la salvation devra être construite ainsi que les dimensions précisées par le récit biblique ont donné lieu à de nombreux commentaires auxquels ont se reportera. Mais le plus important ne réside t-il pas en ceci: en construisant cette arche au vu et au su de tout le monde Noé ne devra pas obéir à sa seule improvisation. Il devra respecter des dimensions précises et prédéterminées de longueur, de largeur, de hauteur et donc de volume, comme si, l’humanité avait perdu le sens de ces mesures élémentaires et que par suite ses « constructions » ne représentaient plus que des destructions anticipées.

L’espoir du sauvetage reste permis du fait même que Noé accepte de respecter les mesures qui lui sont indiquées et qui sont propres à sauver non pas sa seule personne ni sa seule famille mais on l’a dit une partie de la Création tout entière, et une partie potentiellement régénératrice. Il s’en sera fallu de peu…

Toutes les civilisations actuellement recensées ont conservé la mémoire d’une catastrophe générale advenue dans des temps que les historiens ne sauraient identifier au siècle prés. Le récit biblique nous en indique à sa manière les raisons, sachant que l’humain est porté à reproduire les désastres qu’il a causés et qu’il importe que cesse enfin cette dangereuse répétition.

Raphaël Draï zatsal, 23 Octobre 2014

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA BERECHIT

In Uncategorized on octobre 11, 2017 at 8:18

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« L’Eternel dit: « Que soit (yehi) la lumière (or) ».Et la lumière fut. L’Eternel vit que la lumière était bonne (tov) » ….

L’Eternel dit: « Qu’il y ait des luminaires (meorot) dans le firmament du ciel pour faire distinction (lehabdil) entre le jour et la nuit et ils serviront de signes (othot) pour les périodes, les mois et les années » (Gn, 1, 3 et 1, 14).

Les premiers chapitres du livre de la Genèse, du Sépher Beréchit, sont à n’en pas douter les plus difficiles à traduire et à interpréter de toute la Thora. Et pourtant, à n’en pas douter non plus, leur intelligibilité commande celle de la suite du récit biblique. Bien des mots et des concepts, nombre d’idées y apparaissent par la force des choses textuellement pour la première fois, à titre générique. Ils n’ont pas de précédents qui permettraient d’en comprendre sur le champ le sens. Il faut donc s’avancer à la fois avec circonspection mais avec détermination. Ainsi en va t-il des deux versets précités.

La Création peut elle se concevoir sans lumière? Le récit biblique nous indique comment la lumière a été en somme le premier acte dans l’ordre de la Création. Premier non pas au sens chronologique (le Temps lui même n’a pas été encore créé) mais au sens méthodologique. Par ce premier acte générique l’Eternel met pour ainsi dire la Création en lumière, en la faisant décidément sortir d’un état d’obscurité, d’opacité, d’inintelligibilité archaïques. Car il faut s’entendre sur ce que signifie le mot hébreu OR. Il ne désigne pas uniquement la lumière optique, celle que perçoit l’œil humain, pour la bonne raison que l’Humain lui non plus n’a pas encore été créé. Ce que le mot OR signifie c’est que désormais La Création devient révélation. Bien sûr les intentions profondes du Créateur ne sont pas élucidables à leur source mais le sens de ses opérations créatrices (péôulot) le devient. La Création de la lumière s’apparente de la sorte à un lever de rideau qui permettra de découvrir la scène avant que la pièce ne commence. Il ne s’agit que d’une image mais précisément les tous débuts du livre de la Genèse autorisent cette pédagogie, à condition qu’elle ne se prenne pas pour une fin en soi.

Reprenons la question: à ce stade de la Création de quelle lumière est-il fait mention? Essentiellement d’une lumière de l’esprit. La mise en lumière des commencements de l’Univers permettra d’en suivre les étapes à venir. Les kabbalistes différencient en effet ce qu’ils nomment la lumière matérielle, le OR gachmi, et la lumière intellectuelle, le OR sikhli. Même si la première est quasiment insubstantielle, elle n’en comporte pas moins une dimension matérielle et une vitesse de propagation. La lumière intellectuelle est esprit et seulement esprit. Elle advient aussitôt que désirée. C’est ce qui rend particulièrement difficile la traduction de la formule « Yehi or – vayehi or ». Aucun espace, aucun instant, même infinitésimal ne sépare l’expression du désir émanant de l’Eternel et son aboutissement. Grammaticalement parlant, nous sommes en présence d’un temps bien particulier de la conjugaison non pas même « le présent » mais si l’on peut dire « l’immédiat ». Que faut-il justement en comprendre?

Le premier élément créé correspond intimement avec la dilection du Créateur. En lui et par lui ne se manifeste aucun autre élément réfractaire, retardant. La Parole divine est réalisée aussitôt qu’énoncée et par là même la Création fait Un avec le Créateur sans jamais se confondre avec Lui puisqu’elle est dotée d’un nom propre. Les autres dimensions et fonctions de la lumière apparaîtront essentiellement au quatrième jour – le mot « jour (yom) » étant à entendre comme « phase ».Ce sera d’abord la lumière optique, physique, réfractée (méorot) qui permet de discerner les objets en plein jour et d’en percevoir au moins la présence la nuit. Au demeurant cette lumière là n’est pas qu’optique. Elle est également intellectuelle (sikhli) puisqu’elle permet l’acte du discernement et de la conceptualisation (havdalaothot)). Elle permet de se dégager de la confusion originelle que le récit biblique nomme tohou vavohou qui n’est pas à proprement parler un état chaotique mais un état où « tout est dans tout » sans que rien ne parvienne à y prendre forme et signification (tsoura). C’est par le moyen de cette lumière là que la morphogenèse de la Création pourra se poursuivre jusqu’à celle de l’Humain (Haadam), le sixième jour.

                               Raphaël Draï zal, 15 octobre 2014

LE SENS DES MITSVOT: VEZOTH HABERAKHA

In Uncategorized on octobre 11, 2017 at 8:09

« Et voici la bénédiction (habérakha) par laquelle Moïse, l’homme de Dieu (Ich HaElohim), bénit les Enfants d’Israël avant sa mort » (Dt, 33, 1 et 4).

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On l’aura relevé, la dernière des parachiot, celle qui conclut le Pentateuque mais qui met également la Thora en perspective d’avenir, prend la forme non pas d’un message testamentaire quelconque mais d’une bénédiction, d’une bérakha dont on découvrira le contenu dans la paracha elle même. Ici l’on s’attachera surtout à l’idée même de bérakha, à ce qu’elle signifie et à ce qu’elle implique. Ce qui nécessite un éclairage du mot lui même et de sa racine hébraïque.

Bérakha est construit sur la racine BRKh que l’on peut lire Be-Rakh. RaKh désigne ce qui est souple, ductile, le contraire du dur, du réfractaire, du KaChé. En ce sens déjà, le propre d’une bérakha qui mérite ce nom est de pouvoir être diffusée et transmise au plus grand nombre. Plus les destinataires d’une bénédiction de cette sorte sont nombreux – et là il s’agit d’un peuple – plus l’émetteur de la bérakha, si l’on pouvait ainsi le qualifier, doit se placer à une intense hauteur spirituelle. C’est pourquoi elle émane à ce moment de Moïse, certes, mais considéré sous l’aspect de « l’homme de Dieu » (Ich HaElohim). D’autres significations afférentes à cette racine, fort riche, apparaissent lorsque l’on en recombine les lettres.

Elles se retrouvent alors dans les mots suivants dont il n’est pas besoin de souligner les incidences vitales. D’abord dans BiRKaïM: les genoux et de manière générale les articulations du corps. Quel rapport avec l’interprétation précédente? Un corps est bel et bien un organisme non pas fait d’un seul tenant, rigide comme un tronc d’arbre, mais en effet articulé, depuis les vertèbres cervicales et la colonne vertébrale, jusqu’aux poignets, aux genoux, aux chevilles et aux orteils. Ce qui autorise l’accomplissement de gestes et de mouvements aussi ajustés que possibles à un terrain et à une situation donnés. Signe que la vie l’habite. Or précisément, un tel organisme devient à son tour rigide lorsque la vie l’a quitté. C’est pourquoi la BeRaKha que Moïse adresse au peuple d’Israël concerne un peuple constitué non par une unique entité mais par douze rameaux (CHeVaTim) dont nombre de parachiot précédentes, notamment au début du Livre des Nombres, décrivent l’organisation, les spécificités mais encore les connexions et les interactions.

On sera attentif enfin à la combinaison des lettres de cette racine en RKhB, racine que l’on retrouve dans le mot ReKhEB, le char, qui est lui même un véhicule « composé » et articulé avec un attelage d’un ou plusieurs chevaux et d’un équipage, mais surtout dans le mot MerKaBa qui désigne, comme au début de la prophétie d’Ezéchiel, les organisations célestes, celles qui confèrent leur cohérence et leur vitalité à la Création tout entière.

Demeure une question: pourquoi la Thora se conclut-elle précisément par une BeRakha? Là encore: par souci de cohérence puisqu’elle avait commencé par la Berakha divine: « Et le Créateur créa l’Homme à son image, à l’Image du Créateur il le créa, mâle et femelle il les créa. Le Créateur les bénit (VayBaReKh otam Elohim) » Gn, 1, 27, 28). Cette bénédiction générique, l’Humain l’avait altérée par sa transgression au Jardin d’Eden. Une transgression dont le Créateur indique sans tarder les voies de sa réparation, et une réparation non pas instantanée mais qui exige le relais des générations.

Par sa propre bénédiction, Moïse, présenté comme « homme de Dieu », ce qui reprend les termes des versets de la toute première paracha de la Thora, donne à comprendre que par sa propre existence, par les épreuves qu’il a traversées, par les intimes transformations de sa conscience, le peuple d’Israël, a su reconstituer les termes de la Bénédiction initiale, celle qui constitue le viatique de l’Humain créé à l’image ou si l’on préfère corrélativement au Créateur. Arrivé au terme de la Traversée du désert, le peuple d’Israël a restitué à l’humanité entière le viatique primordial dont elle n’a pas toujours compris quelle valeur de vie il recélait.

L’Histoire humaine va dès lors se poursuivre mais placée désormais et à nouveau sous le signe ineffaçable de cette bénédiction créatrice.

 Raphaël Draï zal, 5 octobre 2014

Commentaires du Sefer Berechith – « Tu choisiras la Vie » – Editions Lichma

In Uncategorized on octobre 10, 2017 at 4:50

 

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http://editionslichma.com/fr/191-tu-choisiras-la-vie-la-gen%C3%A8se.html