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LE SENS DES MITSVOT: KEDOCHIM

In Uncategorized on avril 27, 2023 at 5:46

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« Parle à toute la communauté d’attestation (col-êdat) des Bnei Israël et tu leurs diras : « Vous serez saints (kedochim tihyou) car Je suis saint (kadoch), moi l’Eternel votre Dieu. Chacun son père et sa mère respectera et mes chabbats vous garderez. Je suis l’Eternel votre Dieu» ( Lev, 1, 4).

«Ne maudis pas le sourd et n’interpose pas d’obstacle devant l’aveugle» (Lev, 19, 14).

La conception juive de l’existence ne l’érige pas en concept abstrait, pas plus que ne sont de tels concepts la Vie ou l’Être. La vie n’est vie, au sens biblique, que d’être insérée dans une création et d’en poursuivre les accomplissements. Plus que d’un « niveau de vie », au sens économique, il importe de se préoccuper du niveau transcendant auquel la vie entière doit être portée pour mériter le qualificatif de Création. Ce label, si l’on pouvait ainsi le qualifier, se nomme en hébreu kédoucha, sainteté.

La vie n’est vivante que d’être ainsi sanctifiée, se plaçant de la sorte au niveau où le Créateur lui même se trouve. D’où cette homologie qu’autrement l’on pourrait réduire à une prétention anthropomorphique. Le Créateur et les créatures disposées en corrélation avec lui comportent bel et bien une dimension commune, effectivement celle de kédoucha dont il faut comprendre les obligations à quoi elle engage et les interdits qui en découlent.

La première de ces obligations est liée au respect ( moraa ) des parents. Ce terme ne serait que moralisateur s’il ne s’inscrivait dans la suite directe de la paracha Ah’aré Moth qui concerne notamment toutes les modalités de l’interdit majeur, celui de l’inceste que l’on retrouvera également dans maints passages du Chir hachirim, du Cantique des Cantiques. Le respect parental ainsi entendu engage à observer les intervalles qui séparent sans les désunir les générations entre elles, au lieu de reconstituer le chaos primordial dont la Création s’est dégagée et qui parfois l’attire magnétiquement.

C’est pourquoi cette forme de respect est liée à la garde du chabbat, intrinsèquement. Le jour du chabbat est celui de la différenciation qualitative des temps. A quoi il faut ajouter que le chabbat est lui aussi inhérent à la Création proprement dite puisque le livre de la Genèse évoque à ce propos les toldot, les générations, des cieux et de la terre (Gn). Tout cela pour enseigner clairement que l’Etre est création et que s’il est déficitaire sur ce plan, lorsque sa kedoucha s’affaiblit ou qu’elle se dégrade, la contre-création, le eédar, regagne sur elle, comme la mer aveugle sape à la fin une digue friable.

Les deux prescriptions précitées s’inscrivent dans les mêmes préoccupations et soulignent qu’il est des conduites contre-créatrices, à l’évidence malfaisantes et absurdes dans leur malfaisance même. Car quel intérêt peut- on trouver à maudire un sourd puisqu’il ne peut entendre son malédicteur, ou à faire intentionnellement buter un aveugle contre un obstacle fracturant, au lieu de le lui signaler? Ces deux situations mettent en évidence le pire qui puisse se trouver en chaque être humain lorsqu’il fait défaut de manière délibérée à sa vocation sanctificatrice. Il cède alors non seulement à la logique du pire mais à ce qui dévoie cette logique elle même : la jouissance ressentie à provoquer la souffrance d’autrui dans les circonstances où au contraire elle devrait être atténue, allégée, portée solidairement. Ce qui reconduit à nos considérations initiales : la Création n’est pas d’ores et déjà réalisée et réussie. Elle est une œuvre à poursuivre patiemment, avec endurance et lucidité, en surmontant les obstacles qui la contrarient, en défaisant les pièges où elle s’enferme.

Nul n’est saint que Dieu seul. L’Humain, lui, doit tendre à la sainteté et c’est déjà tout son mérite. Aussi convient il de faire attention à la formulation grammaticale des versets concernés «Vous serez saints» est à la fois un impératif et un futur. L’obligation de sanctification n’est ni comminatoire ni terrorisante. Pour chaque être humain, tendre à sa propre sanctification, ainsi entendue, est en soi l’œuvre qui fonde ses raisons de vivre.

Raphaël Draï zal, 20 avril 2014

Le sens des mitsvot: Paracha Tazria

In Uncategorized on avril 20, 2023 at 7:26
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Au Rav Dov Elbeze

« Puis le cohen examinera la plaie le septième jour, si la plaie présente le même aspect, si elle n’a pas fait de progrès sur la peau, le cohen la séquestrera (hisguir) une seconde fois(chenit) pour sept jours. Et le cohen au septième jour l’examinera de niveau (chenit): si cette plaie s’est affaiblie et qu’elle n’ait fait aucun progrès sur la peau, le cohen la déclarera pure

… Mais si cette plaie venait à s’étendre sur la peau après qu’il s’est présenté au cohen et qu’il a été déclaré pur, il se fera visiter de nouveau (chenit) par le cohen.. Si la dartre s’est étendue sur la peau, alors il le déclarera impur: c’est la lèpre ». Lévitique, 5 à 7.

Traduction de la Bible du Rabbinat.

On peut le constater, cette paracha est une méthodique introduction à une «psychosomatique» biblique, les affections de la peau opérant comme les véritables révélateurs de troubles possiblement plus profonds. Ce qui conduit à deux enseignements majeurs.

En premier lieu, il appartient à chacun de veiller à l’état de son épiderme. La peau n’est pas un simple revêtement cutané mais un organe doué d’une vie propre, donc exposé à une symptomatologie spécifique. La peau est un récepteur de sensations, un capteur de multiples sensibilités, en tant que telle un véritable organe social qui se présente normalement dans une certaine conformation vitale: grain, tonus, éclat, irrigation, ductilité.

Lorsque ces traits s’altèrent, c’est signe d’un trouble qui pourrait être plus profond (âmok) et plus grave. Il ne faut pas tarder à s’en préoccuper. Le verbe hisguir ne veut pas dire exactement séquestration ou quarantaine mais plutôt prise au sérieux, constitution en problématique réelle. Le contraire de la désinvolture. Le symptôme est un avertisseur. Il se rapporte à cette modalité du comportement moral préventif: la zehirout, la capacité de faire attention.

A partir de quoi un examen proprement histologique est engagé par le cohen – personne tierce et désintéressée, mais profondément solidaire – qui consiste en une véritable interprétation du signe devenu apparent pour comprendre s’il se constitue ou non en symptôme durable. C’est au regard de la nécessité d’une pareille interprétation – comme si l’épiderme constituait un texte – que l’expression chenit, qui indique la reprise, la résonance et la réflexion se fait insistance et récurrente.

Toutefois le diagnostic ne saurait être porté dans la hâte. Chacun sait la signification structurale du chiffre sept. Ce diagnostic doit être attentif, réflexif, élaboratif, et sans doute faire l’objet en cas de besoin d’un examen collégial. A l’opposé de «la langue mauvaise » caractérisée par sa jactance pulsionnelle et par l’absence de toute vraie maîtrise de la pensée délibérative.

Si au terme de cette première phase il se confirme que le signe cutané est superficiel, stable, circonscrit et surtout non expansif, il faudra de toutes façons s’accorder une seconde période d’observation réflexive avant de conclure. Car rien n’apparaît jamais complètement au premier regard ni à la première lecture. Dans ces conditions, au cas où il se confirmerait bien que le signe apparu n’est pas involutif, le recouvrement de la vie normale serait aussitôt indiqué.

Au cas contraire où le signe persisterait, qu’il se graverait dans la peau et dans la chair, ce serait l’indication d’une affection plus grave engageant alors un protocole à la fois personnel et social. On observera à cet effet que le qualificatif « profond »: ÂMoK est formé par les mêmes lettres que le mot KeMâ qui désigne le fait de lier. Dans ces nouvelles conditions, un symptôme de cette profondeur indiquerait la corrélation des niveaux épidermiques, sociaux et spirituels de l’affection avec la nécessité d’une intervention combinée à ces trois niveaux.

 Raphaël Draï z »l, 26 mars 2014

  HA LAH’MA ÂNIA 

In Uncategorized on avril 4, 2023 at 10:55

             

Ces deux soirs nous lirons la Haggada 

Au nom du  Créateur qui nous guida

Hors  des  noires corvées de servitude, 

Hors des sentiers sans fin de solitude.

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Il nous faudra chacun nous sentir libre  

Comme la Lettre écrite  dans le Livre 

Pour traverser la Nuit  dure et opaque 

Dans l’espoir des chantants matins de Pâque.

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Nous n’avions voulu ni les plaies ni la mort,

Nous attendions  parole de remords 

De la part du  trop puissant Pharaon  

Face à Moïse et au doux Aharon 

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Nous demandions un peu de bonté 

Le temps qu’il nous verrait ressusciter 

Et  recouvrer les fluences du Verbe 

Celle de l’eau vive courant dans l’herbe 

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Au lieu des amertumes de la glaise 

Piétinée tout nus dans la fournaise 

Sans en excepter une seule brique 

Vite rémunérée à coup de trique . 

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Pourtant avant de partir nous fîmes paix 

Avec l’Egypte sans gourdins épais  

Celle de l’hospitalité du Nil 

Non celle Des chaînes prés des fournils, 

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Alors en récitant la Haggada 

Au nom de ce Dieu bon qui nous guida 

Hors des champs de souffrance et d’hébétude 

Pour la délivrance et la complétude  

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Nous dirons aux esclaves d’aujourd’hui

Aux dénudés du sort sans aucun huis: 

Quiconque ici a faim vienne et mange, 

Où grand s’ouvre un cœur, là est un ange: 

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Récitons ensemble : H’a lah’ma ânia 

Louange au Créateur qui accompagna

Le peuple hébreu constant Témoin du monde

Vers le Mont Sinaï  par la mer profonde. 

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H’ag saméah’ 

Raphaël Draï z’l, 21 mars 2013