- Tensions et défis éthiques dans le monde contemporain – Sous la Direction de Michel Gad Wolkowicz
- LES TOPIQUES SINAÏTIQUES (2013)
Tome I . L’ Alliance du Sinaï
Notre temps , celui du primat des libertés individuelles et publiques , ne peut se concilier avec le pouvoir théocratique .Où celui –ci trouve t- il ses fondements ?Pour l’imaginaire collectif : dans loi monothéiste donnée sur le Sinaï » .Dans ces « Topiques sinaïtiques » Raphaël Draï démontre au contraire que le Dieu du Sinaï n’est ni guerrier ni vindicatif , qu’il n’est pas un absolu mais un infini , interdisant toute captation ; le Dieu de la Malkhout qui accepte son auto- limitation par l’institution du « chabbat » et se lie à l’ Humain par une Alliance qui les engage ensemble dans une Histoire toujours marquée par le choix de la vie.C’est pourquoi il y eut bien deux révélations sinaïtiques ,indissociables .La première concerne le Dieu législateur qui exclut l’arbitraire et le despotisme ; l’autre fait apparaître ses attributs de pardon et de compassion afin que l’ Humain se relève de ses propres déchéances et poursuive cette histoire commune .Celle –ci culminera dans l’édification du troisième Temple entrevu par Ezéchiel qui s’inscrit non pas dans l’espace -temps contristé des exclusions et des guerres mais dans celui d’une éternité où chaque instant devient source de liberté plénière pour l’esprit et de grâce pour les âmes enfin réconciliées .
Tome II . Principes d’ économie chabbatique
« Replacer l’ humain au cœur de l’économie » tel est l’un des mots d’ordre de l’économie politique contemporaine .Où est ce « cœur » ?Pour le sens commun , l’éthique biblique reste imaginaire et illusoire .En chacune des présentes nouvelles « Topiques sinaïtiques », Raphaël Draï montre que cette éthique , consistante et pratique , promeut au contraire une véritable économie politique ,étayée par une écologie lucide et exigeante pour la préservation et l’enrichissement qualitatif de l’ humain .Ce qui conduit à envisager l’économie biblique telle une science de l’ être- vivant , libre et responsable , sachant entreprendre et créer mais aussi assumer ses obligations de garde et de solidarité vis à vis des plus faibles , des plus vulnérables , des plus âgés , des « inutiles » .Ni l’exténuation de la terre par son exploitation aveugle et obsessionnelle , ni l’accumulation de l’argent et de l’or , ni le trafic des êtres ne sont compatibles avec l’économie et l’écologie sinaïtiques . Judas , Shylock, Gobseck sont les productions psychiques d’une économie prédatrice projetées maladivement sur des figures conjuratoires .L’économie sinaïtique commande que l’on sorte décidément de l’Egypte des champs de corvée , celle dans laquelle les anciens esclaves , à force de vouloir oublier qu’ils le furent , le redeviennent inexorablement .
Tome III . Violence humaine et transcendance de l’amour .
Les récits bibliques ont peu à voir avec « l’Histoire Sainte » tant ils contiennent de récits violents , de meurtres , de viols et de guerres sans merci .Pourquoi ces récits y ont ils été maintenus ?Le commandement d’amour du prochain énoncé dans le Livre du Lévitique est –il autre chose qu’un leurre ?Ces nouvelles « Topiques sinaïtiques» élucident des questions essentielles .Comment expliquer et comprendre la violence primordiale , démesurée , du Léviathan mentionné dès le Livre de la Genèse ; une démesure dévastatrice qui fait dire: « Prie pour la paix de l’ Etat , sinon chacun avalerait vivant son voisin » ?Ces constats sans concession conduisent à mieux comprendre les modalités alternatives de l’amour , au sens sinaïtique , dans lequel Spinoza verra le fondement et l’ horizon de toute Ethique vraie .Un amour vivace et patient , culminant dans Le Cantique des Cantiques et qui investit jusqu’aux rêves rêvés dans les prisons. Un tel amour est le plus sûr critère de l’intervention véritablement prophétique dans ses admonestations apparemment les plus brutales .C’est en son nom que le navi sinaïtique partage finalement les épreuves du peuple devenu sourd , plutôt de s’en réjouir au titre du « Je vous l’avais bien dit ! » .Et c’est ce même amour qui confère son sens profond à l’espérance messianique depuis que l’ humain , desserti du Jardin d’ Eden , sait qu’il lui faut trouver en lui même les issues à toute désespérance .
Tome IV . La justice , le droit et la vie .
La Loi sinaïtique resté liée aux idées rebutantes de rigueur et de légalisme sans compassion . Ces représentations sont si éloignées des réalités manifestes de la Loi promulguée au Sinaï et du droit hébraïque qu’il est urgent de les rétablir dans leur vérité.Pourquoi une Loi ?Pourquoi cette Loi ? Parce que l’aventure humaine débute par un fratricide .Par quelles voies et moyens la fraternité porteuse de vie sera t-elle rétablie ? En ces « Topiques sinaïtiques » spécifiques Raphaël Draï analyse les causes du meurtre primordial et les dispositions particulières du droit sinaïtique en ce qu’il prémunit également contre la violence judiciaire oublieuse de ses finalités sociales . D’où la stricte délimitation entre droit civil et droit pénal .La procédure d’ appel n’y est pas propice aux abus de chicane mais évite que le jugement de première instance ne fût à son tour « pulsionnel », prorogeant et répandant la violence qu’il doit réguler et convertir en volonté de vivre .D’où la passionnante analyse des deux mythes obtus qui au long des siècles ont défiguré la Loi et le droit sinaïtiques : le mythe de la loi du talion , et celui du procès de Jésus .Ainsi le lecteur sera t –il initié au mode de raisonnement indissociablement juridique et éthique du Talmud , puis rendu conscient des tragédies qui naissent de la défiguration de cette Loi et de ce droit où le choix décisif de la vie est fixé tel un principe imprescriptible .
V . Les Juifs et leurs prochains
Durant des millénaires les Juifs ont été présentés comme le peuple- réceptacle de la Loi divine au Sinaï mais oubliant aussi l’ouverture vers l’universel du genre humain.L’amour du prochain est – il réellement présent dans la représentation des relations entre les Juifs et les « autres? Raphaël Draï éclaire ici d’abord la notion sinaïtique d’identité qui maintient ensemble : le je et le tu , le prochain et le lointain , le citoyen et l’ étranger .D’où les « Topiques » méthodiquement consacrées à l’ Egypte antique , à la Grèce , à l’ Evangile et au Coran , à la tradition asiatique aussi , mais encore à la pensée mystique , à la pensée philosophique et à la pensée psychanalytique .Autant d’hommages à l’aventure de la pensée humaine face à ce qui la dépasse . Ces Topiques d’avenir sont des voies ouvertes pour des échanges encore mieux nourris et des éclairages plus vifs sans être aveuglants ; pour un compagnonnage humain sur des routes tracés comme autant de sillons . Telle est la condition des réconciliations porteuses d’un avenir voulu , libéré des récurrence génocidaires . D’où la « Topique » conclusive consacrée à la fidélité.Elle explique pourquoi le Sinaï convie toujours aux ascensions patientes et endurantes de l’esprit , au terme desquelles celui-ci , considérant la Face humaine enfin sans avers , comprendra mieux ses propres raisons d’être .