danieldrai

Actu J

1967-2015: UN BILAN

1936_2015-06-03_16-37-15_Raphaël-Draï

A quelques journées de la commémoration de la guerre dite des « Six jours » et qui, dans sa phase militaire offensive devait se déclencher le 5 juin 1967; après cinq décennies d’affrontements de toutes sortes: guerres conventionnelle, attentats terroristes de grande envergure et surtout guerre idéologique et propagandiste inlassable, il semble nécessaire de s’interroger sur la signification et la portée d’un conflit qui semble n’avoir décidément aucune fin prévisible. Parfois dans la communauté juive de France, les esprits sont sur ces sujets tellement désemparés qu’il importe de reconstituer quelques points de repère fondamentaux. Car un demi-siècle de guerre multiforme ne peut pas ne pas affecter une collectivité humaine non seulement de manière circonstancielle mais de génération en génération au point qu’en 2015 nombre de citoyens juifs de France s’interrogent sur un avenir possible et vivable dans la patrie des Droits de l’Homme. Or jusqu’en 1967 les relations entre la France bi-millénaire et l’Etat d’Israël étaient régis par une formule restée fameuse du Général de Gaulle: « Israël notre ami, notre allié ». Ces deux termes ne sont pas ornementaux, surtout le second lequel, au delà de toute implication affective, attestait d’une communauté d’intérêts entre les deux Etats. C’est sur cette base que les tensions nées entre l’Egypte nassérienne et l’Etat d’Israël furent initialement interprétées. Il allait de soi que le cas échéant de Gaulle donnerait suite à ce qui ne relevait pas d’un simple toast mais d’un engagement à la fois diplomatique et militaire. Hélas, pour qui l’aura personnellement vécue, qui pourra oublier l’angoisse térébrante qui saisit le peuple juif à la fin du mois de mai et au début du moins de juin 1967! Il est par trop facile de reconstituer l’Histoire une fois qu’elle est advenue mais durant ces semaines fatidiques, ce fut non pas le sort de telle ou telle frontière ou ligne d’armistice qui se trouva mis en cause mais l’existence même de l’Etat juif recréé en 1948. Et c’est à ce moment précis, alors qu’il semblait inéluctable que Nasser parvienne enfin à atteindre ses objectifs politicides que de Gaulle, contre toute attente, procéda à chaud et dans le pire des contextes à un véritable renversement d’alliances désignant l’Etat d’Israël comme un simple Etat du champ de bataille menaçant à fronts renversés l’existence de l’Egypte ou de l’Irak. D’où cette décision inique d’embargo qui n’affligeait que le seul Etat juif. On sait ce qu’il en résulta sur le plan militaire à partir du 5 juin et le retournement complet de situation que l’armée d’Israël infligea aux armées ennemies coalisées: Jérusalem-Est se trouvait à présent sous le contrôle des forces armées israéliennes. Pour la première fois des Juifs étaient en mesure d’y circuler sans entrave ni menaces. Entre-temps, et pour nous limiter à la France, des manifestations d’une ampleur inégalées s’étaient déroulées dans maintes villes, à commencer par Paris en solidarité avec la population d’Israël ouvertement menacée d’extermination. Pourtant dès les semaines qui suivirent, tandis qu’Israël faisait des ouvertures de paix à un ennemi battu à plate couture, se déclencha à l’ONU l’offensive idéologique et diplomatique qui allait cyniquement et méthodiquement permuter les rôles de David et de Goliath. Rappelons qu’au même moment la guerre du Vietnam faisait rage et que des procédés de propagande analogues étaient systématiquement mis en oeuvre par les ennemis des Etats Unis. Depuis prés de cinq décennies à présent cette forme de guerre n’a jamais cessé. Il en est résulté pour la France, et sauf remarquables exceptions, une stigmatisation qui semble désormais incurable de l’idéologie sioniste assimilée à celle d’un racisme d’Etat et à un apartheid impitoyable. Jusqu’au moment où la sociologie religieuse de la France ayant elle même muté sous l’influence de mouvance islamistes radicales, la vie des Juifs français se trouva mise en danger quotidien et sanglant. Ce n’est pas à dire que les institutions juives de France n’aient pas tout tenté afin de remonter ce courant calamiteux. Mais à la suite de Braudel il faut différencier les conflits de courte durée et ceux de longue et même de trop longue durée. Ceux-ci deviennent de véritables faits mentaux, transmis de génération en génération et qui finissent par acquérir l’autorité de la chose jugée. Combien de temps cette situation perdurera t-elle? Il faut simplement être préparé à sa prorogation et en attendant ne pas oublier l’axiome des axiomes: « Tu choisiras la vie ». Il suffit de comparer l’état réel des pays belligérants arabes de 1967 et l’Etat d’Israël d’aujourd’hui pour en mesurer le caractère vital et assurément sans alternative.

                                 Raphaël Draï zal, 5 juin 2015

Archives

 

Laisser un commentaire