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LE SENS DES MITSVOT: PARACHA LEKH-LEKHA

In Uncategorized on octobre 31, 2014 at 12:00

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« L Eternel dit à Abram: « Va pour toi, de ton pays, de ton lieu de naissance et de la maison de ton père vers la terre que je te montrerai. Et je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, j’agrandirai ton nom et tu seras bénédiction (…) pour toutes les familles (michpéh’ot) de la terre « (Gn, 12, 1, 2).

Depuis que la conscience humaine a commencé à se déployer l’on s’interroge sur sa propre source et sur les causes de son développement. En ce sens la formule de Descartes: « Je pense donc je suis » a nourri des siècles de commentaires. Pour le récit biblique la conscience humaine se déploie à partir d’une mise en mouvement externe et interne, un hiloukh. C’est ce à quoi la Parole divine invite et incite Abram: se mettre en chemin à partir de ces trois repères essentiels: la maison familiale, le lieu de naissance, la patrie. Non qu’il faille les abandonner, les renier pour s’aventurer dans une errance caïnique. Ce sont autant de points de départ pour un itinéraire par lequel ce qui est à comprendre se révèlera. Car il est possible aussi de référer chacun de ces points de repère à des niveaux de l’être, à des degrés de la conscience lorsqu’elle vise à l’Universel. Car il ne faut pas oublier pourquoi la Parole divine sollicite Abram à entreprendre ce cheminement.

La fin de la paracha Noah’ montre une humanité plongée dans la confusion et dans la déliquescence. Noah’ lui même s’est exposé à l’ivresse et s’est trouvé dans la nécessité de maudire l’un de ses trois fils: H’am qui avait cédé à une pulsion quasiment parricide. Et puis, au delà de la famille stricto sensu de Noah’, l’humanité d’alors pourtant harmonieusement répartie sur la terre post-diluvienne avait perdu la mémoire et s’était lancée dans la construction d’une tour plus que colossale pour démontrer sa sur- humanité, rivale de Dieu. Il en est résulté une confusion des langues, l’impossibilité de communiquer entre individus enfermés dans leurs codes et autre dialectes, pulvérisant de ce fait la notion d’humain,de haadam.

Par suite si Abram doit se mettre en chemin, c’est pour relever l’humain de ses défections, pour le dégager de ses impasses. Cependant, une seule personne peut elle peser autant que le reste de l’univers? Surtout lorsque son esseulement est aggravé par ce qui ressemble à une irréversible coupure de ses amarres? Et pour quel objectif?

Si Abram dont on sait qu’il n’est pas encore père, qu’il est dépourvu de postérité doit néanmoins déférer à la Parole divine, c’est qu’il y va du sort de l’humanité entière. On se souvient que lorsque l’Humain fut divinement créé et qu’il reçut les premiers commandements divins, cette Loi fut précédée précisément par une bénédiction, une berakha. Autrement dit, le Créateur attestait que ce qu’il enjoignait à l’Humain n’avait d’autre finalité que de le maintenir et de maintenir l’univers avec lui sur les voies de la vie. Pourtant, la première transgression, puis le premier fratricide, enfin la corruption généralisée menèrent l’humanité d’alors au bord de l’anéantissement, comme si cette génération avait oublié la bénédiction divine ou avait cru pouvoir la compter pour rien.

Ce qui explique la suite de l’invitation divine: à son tour Abram doit reconstituer cette bénédiction, replacer l’humain et l’univers dans le sens de la vie qui elle même confère sa signification à la notion d’Histoire. Une Histoire dont les familles seront les vecteurs les plus forts et les plus persistants. Car c’est bien dans la famille que se structurent ces relations primordiales qui sont celles de la parenté. Est-ce le hasard si en hébreu le mot père: AB est constitué par les deux premières lettres de l’alphabet, et si le mot mère: EM est constitué par la première lettre et la lettre médiane de celui-ci ? Père et mère conditionnent l’accès au langage écrit et parlé, le contraire justement de la bouillie de mots qu’était devenu le langage de Babel. Et tout cela n’est pas donné mais doit être reconstitué après une série d’épreuves, de nissionot, qui révèleront les points faibles mais encore les points forts de l’Humain, revenu dans l’Alliance créatrice.

R.D.

BLOC-NOTES: SEMAINE DU 12 OCTOBRE 14

In Uncategorized on octobre 29, 2014 at 11:37

 12 octobre.

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Depuis quelques jours il n’est question que de « réformes ». Le président de la République et son Premier ministre veulent prouver qu’ils existent, que les sondages proches de zéro ne signifient rien, que la voie vers 2017 reste ouverte. Alors ils réforment, autrement dit, ils prennent ce qui existe et le repeignent aux couleurs de leurs désirs sans que les intéressés ne s’y reconnaissent et ne s’y retrouvent. Des réformes, ainsi entendues, il n’en manque certes pas depuis les charcutages fiscaux jusqu’aux manipulations relatives aux allocations familiales. Le principe de la « réformite » est on ne peut plus simple: il faut prendre aux uns (de plus en plus pompés dans les classes moyennes « supérieures ») pour distribuer aux autres et anesthésier les ressentiments. Dans le commerce privé cela se nomme « de la cavalerie ». Y recourir n’est ni de bon aloi ni un présage heureux. Pourtant est-il possible de procéder autrement? Comment agir sans croissance? Mais à qui ou à quoi imputer cette asthénie? Le gouvernement Valls multiplie les déclarations d’amour en direction des entrepreneurs sans comprendre que la libido des entreprises, petites, moyennes ou grandes, a pour seul stimulant le profit. A ce mot tous les «frondeurs» et assimilés dégainent leur sabre et brandissent la menace de l’abstention lors du vote sur le budget du pays. Pour l’instant le gouvernement est passé entre les gouttes. Jusqu’à quand? François Hollande louvoie et louvoyant il se fourvoie. Il n’est pas de jour sans qu’un ancien de ses ministres ou que l’un de ses ex-collaborateurs ne lui donne le coup de pied de l’âne. Le président de la République se trouve à mi–mandat mais le post-hollandisme est dans les têtes, inspire et envenime même les jugements au jour le jour et les stratégies qui se fomentent pour dans deux ans et demi. Les réformes, ou ce qui passe pour tel, en pâtissent puisque les acteurs sont convaincus que la pièce sera retirée de l’affiche incessamment. Si François Hollande parvenait à redresser une situation aussi calamiteuse, pour sûr il mériterait d’être réélu, à condition qu’on le souhaite dans son camp. De Lille, Martine Aubry joue de la sarbacane au curare tout en jurant ses grands dieux qu’elle souhaite la réussite du quinquennat. Que serait-ce si elle travaillait à saper ce qu’il en reste! Que décidera finalement Bruxelles? Est-ce tellement sûr que le budget français déjà voté par l’Assemblée nationale ne sera pas «retoqué»? Il y faudra beaucoup d’astuces. A droite, Nicolas Sarkozy poursuit ses rencontres et meetings sans que les médias n’en répercutent les échos. D’où, entre autres, ce sentiment de vacuité que l’opinion publique traduit par ses votes protestataires ou par de forts degrés d’abstention. L’avenir se profile difficilement entre Martine et Marine. Mais qui parmi les parlementaires PS est partisan d’une dissolution? Le thème du «suicide» est à l’ordre du jour parmi les publicistes en vogue. Il semble que les dits parlementaires n’en soient pas de chauds partisans. Faudra t-il opter entre le Titanic et le radeau de la Méduse?

13 octobre.

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A coup sûr l’Allemagne d’Angela Merkel n’est pas un partenaire commode mais il faut se demander si un pareil partenaire, exigeant et structurant, n’est pas de loin préférable à une nation molle, prête aux collusions et aux combinaisons palliatives mais destructrices. Il faut mesurer le parcours de l’Allemagne depuis 1945, comprendre comment le post-hitlérisme y a été combattu et pour l’essentiel vaincu; comment peu à peu le modèle allemand est devenu modèle de référence et le mark monnaie solide avant le passage à l’euro; et comment malgré de gigantesques difficultés et en dépit d’inévitables erreurs la réunification a réussi. Tout cela ne s’est pas accompli tout seul et en un jour. D’Adenauer à Merkel en passant par Kohl et Schröder, il aura fallu bien de l’esprit de suite, des principes intangibles et du pragmatisme. En dépit de son histoire infernale, l’Allemagne est sans doute le pays où la démocratie qui s’y exerce est la plus consensuelle du monde occidental. Pourquoi lui faire grief de sa constance au lieu d’en prendre leçon?

18 octobre.

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La Révolution française a fait l’objet d’une multitude de recherches, d’ouvrages savants, de romans, d’histoires parfois antagonistes. Il est vrai que son cours à de quoi provoquer l’étonnement des esprits les plus blasés. Comment passe t-on de la réunion des Etats généraux au printemps 1789 destinés à renforcer la Monarchie en faillite financière à la décapitation de Louis XVI puis à la Terreur? Il ne manque pas de personnages clefs, de personnalités décisives pour l’expliquer. C’est au personnage de Robespierre que le psychiatre et psychanalyste Jean Artarit s’est attaché dans un livre récent et impitoyable pour mettre en évidence les ressorts criminels inconscients de « l’Incorruptible » et la face cachée de ses invocations de plus en plus fanatisées à la Vertu et à la Pureté tandis que le « peuple » était érigé en Totem sanglant. On sait que Robespierre finira lui même décapité dans des conditions atroces, sans aucun procès, happé par le système qu’il avait construit de ses mains. C’était le 10 Thermidor an II, soit le 23 juillet 1794, un an et demi à peine après le supplice de Louis Capet et la parodie de procès qui l’avait précédé, malgré la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

RD

LA COMMUNAUTE JUIVE VIRE T-ELLE A DROITE? (Radio J, 27 Oct 14)

In Uncategorized on octobre 27, 2014 at 12:27

La question pressante a été posée ces derniers jours dans un lieu de culte par un fidèle dont les opinions sont généralement modérées. Pourquoi cette préoccupation? Et de citer le succès du livre d’Eric Zemmour en se demandant s’il convient vraiment à des intellectuels ou à des publicistes juifs de surenchérir à propos de l’identité française. Que lui répondre? Il y va de ces questions comme de celles qui concernent une possible décision de quitter la France. Nul ne peut substituer sa responsabilité à celle des intéressés. On peut néanmoins se demander ce qui suscite de pareilles inquiétudes. Pour le comprendre il suffit juste de poursuivre l’échange.

En premier lieu, les Juifs de France ne vivent pas sur une station orbitale. Ils sont partie intégrante et intégrée d’un pays qui n’en finit pas de traverser les crises les unes après les autres, qu’elles soient financières, politiques ou morales. Il faut y prendre garde: la transition n’est pas difficile du désenchantement à la désillusion, puis de la désillusion au nihilisme. L’histoire encore chaude du continent européen en fournit trop d’exemples contagieux. Ce que l’on pourrait qualifier de « crise chronique » qui affecte la France ne date certes pas de la dernière élection présidentielle. Elle remonte à 1973 et même avant. Pourtant, tous les gouvernements qui se sont succédés depuis ont prétendu en sortir avant que leurs promesses inconsidérées ne soient démenties par leur bilan réel. La communauté juive n’en est pas indemne. Ses membres sont également affligés par le chômage, par la précarité et par la peur du lendemain. D’où parfois cette porosité nouvelle aux slogans du Front National qui à son tour promet monts et merveilles. L’issue ne se trouvera pas au seul sein de la communauté juive mais dans la démocratie française pour peu que le sens de l’intérêt général l’emporte sur la mentalité partisane et la férocité des ambitions personnelles.

Un autre facteur doit être pris en compte, celui là propre à cette communauté: son sentiment croissant d’insécurité et de marginalisation, comme il est apparu cet été lors des manifestations de soutien au Hamas dans les rues de France, des mouvements grégaires où des salafistes et des djihadistes s’amalgamaient avec des militants se revendiquant de la gauche et de l’extrême gauche. Mais il ne faut pas s’arrêter au visible et au patent. Il semble aussi que dans certains quartiers des jeunes hommes et des jeunes femmes juives cèdent à la propagande islamiste et se retrouvent convertis à la religion coranique. Qui s’en préoccupe? Expliquer n’est pas justifier mais face à de pareilles entreprises, on peut également expliquer, propagande contre propagande, que les thèses de l’extrême droite deviennent audibles et tentantes, y compris dans les milieux qui paraissaient les mieux imperméabilisés. Ces questions doivent être ouvertement posées sans quoi il est à craindre que la présente situation n’empire. L’avenir se construit dans le présent et le présent n’est rien sans la lucidité.

Raphaël Draï, Radio J, le 27 octobre 2014

                               Raphaël Draï, Radio J, le 27 octobre 2014

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA NOAH

In Uncategorized on octobre 23, 2014 at 7:45

« Dieu dit à Noé: « La fin de toute chair est venu devant moi, car la terre est emplie de brigandage ( h’amass) à cause d’eux ; et voici (…) Fais toi une arche ( téva ) en bois de gopher (…) et voici comment tu la feras: trois cents coudées la longueur de l’arche, cinquante coudées sa largeur, et trente coudées sa hauteur ( Gn, 6, 13 à 15 ).

Noé fit selon tout ce que Dieu lui avait ordonné, ainsi ( ken ) fit-il » ( Gn, 6, 22 ).

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A une paracha de distance, le récit biblique passe de la création de l’humanité à sa possible destruction. Le moins que l’on puisse en dire est que ce n’est certes pas un récit « édifiant ». Nous y apprenons que l’humain est bi-face, à la fois créature créatrice et créature destructrice et même auto-destructrice. Quelle en est la cause révélatrice?

Lorsqu’il fut disposé au Jardin d’Eden en vue d’une préservation et d’une transformation du site ainsi dénommé mais également de lui même, il y fut simultanément assigné à une Loi comprenant des obligations précises, obligations d’action ou d’abstention. Or, dés qu’il en eut l’occasion, l’humain, représenté en l’occurrence par le couple femme-homme, fut porté à la transgression de cette loi et à l’inaccomplissement des obligations qu’elle comporte. Néanmoins occasion lui fut aussi donnée de réparer les conséquences de ses actes irresponsables dont les effets différés furent d’une part la naissance calamiteuse de Cain et Abel, dont on connaît le sort, mais aussi de Chet, l’enfant digne de ce nom, l’enfant de l’espoir recouvré, le relais d’une Histoire à nouveau histoire de vie.

Et pourtant, comme l’indique d’ores et déjà la fin de la paracha Beréchit et le début de la paracha Noah’, l’humanité s’adonne une fois de plus à ses propensions destructrices dont, semble t-il, elle ne prend pas conscience de leur gravité. Plus aucune loi n’y est respectée. Les comportements dominants sont le dol et le viol, et parfois pire encore. Aucune mesure (midda) n’y est respectée. Cependant, la relation est directe, intrinsèque entre droit ( din) et mesures ( middot). Une corps n’est viable que s’il correspond à certaines mensurations. Un bâtiment « construit », si ce verbe pouvait alors s’employer, sans respecter des rapports donnés de hauteur et de volume, ne tarderait pas à s’effondrer. Ce dont la paracha Noah’nous rend témoins, c’est à l’effondrement d’une humanité qui s’est minée par le h’amass, par les fraudes, les dissimulations, les contournements de la Loi. Sa fin apparaît inéluctable.

Et pourtant, au milieu du désastre une minuscule collectivité humaine ne suit pas ce mouvement fatal. Elle est inspirée par Noah’ considéré précisément comme tsaddik et tam, juste et intègre, autrement dit doté des qualités lui permettant, avec les siens, de résister à cet esprit d’auto-destruction collective.

On comprend mieux à présent les mesures auxquelles le Créateur lui demande de déférer. D’abord la construction d’une arche, d’un habitacle qui permettra le sauvetage de la partie demeurée intègre et vitale de la Création en y associant la partie du règne animal encore indemne. La consistance du bois dans lequel l’arche de la salvation devra être construite ainsi que les dimensions précisées par le récit biblique ont donné lieu à de nombreux commentaires auxquels ont se reportera. Mais le plus important ne réside t-il pas en ceci: en construisant cette arche au vu et au su de tout le monde Noé ne devra pas obéir à sa seule improvisation. Il devra respecter des dimensions précises et prédéterminées de longueur, de largeur, de hauteur et donc de volume, comme si, l’humanité avait perdu le sens de ces mesures élémentaires et que par suite ses « constructions » ne représentaient plus que des destructions anticipées.

L’espoir du sauvetage reste permis du fait même que Noé accepte de respecter les mesures qui lui sont indiquées et qui sont propres à sauver non pas sa seule personne ni sa seule famille mais on l’a dit une partie de la Création tout entière, et une partie potentiellement régénératrice. Il s’en sera fallu de peu…

Toutes les civilisations actuellement recensées ont conservé la mémoire d’une catastrophe générale advenue dans des temps que les historiens ne sauraient identifier au siècle prés. Le récit biblique nous en indique à sa manière les raisons, sachant que l’humain est porté à reproduire les désastres qu’il a causés et qu’il importe que cesse enfin cette dangereuse répétition.

Bloc-Notes: Semaine du 6 Octobre 2014

In Uncategorized on octobre 22, 2014 at 11:42

7 octobre.

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La mise au point du budget 2015 s’assimile de plus en plus à une quadrature du cercle mais redoublée. Comment arriver à un équilibre véritable, réduire les déficits, ne pas creuser la dette, et cela sans aggraver la pression fiscale ni fâcher les syndicats tout en se conciliant les chefs d’entreprise! Passe encore si François Hollande pouvait bénéficier d’une autorité morale et politique lui permettant de faire patienter son monde en promettant que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. A 15% d’opinions favorables, bien des observateurs et analystes qui ne sont pas forcément mal disposés à son égard pensent que la page du « hollandisme » est déjà tournée et que la deuxième partie du présent quinquennat ne sera plus occupée que par la recherche de la « pole position » en 2017 pour les successeurs putatifs, déclarés ou semi-officiels, du président de la République. La situation est réellement inédite sous la Vème République. En 1968, à la fin du mois de mai, le pouvoir a paru vacant. Cette impression n’a duré que quelques jours avant que de Gaulle ne reprenne la situation en mains. Aujourd’hui la France semble vivre ou plutôt survivre entre deux eaux. Le gouvernement a beau y faire, rien ne semble vraiment convaincre. Ou bien il se déclare social-libéral pour se concilier les uns et ipso facto il s’aliène les autres, ou bien il déclare à nouveau urbi et orbi qu’il est bien de gauche et les premiers l’accusent une fois de plus de jouer les totons. Manuel Valls a bien fait le tour des capitales qui comptent pour convaincre de sa bonne foi et de ses efforts. Angela Merkel et David Cameron l’ont écouté avec politesse et ils n’en pensent pas moins: la France, comme l’on dit, est le « mauvais élève de l’Europe ». Bien sûr Bruxelles ne se permettra pas de censurer le budget français. En même temps la mauvaise réputation européenne de la France progresse, si l’on peut parler de progrès à ce sujet. L’équation française devient de plus en plus insoluble parce que la première partie du quinquennat de François Hollande se divise elle même en deux sous -parties. Celle allant de 2002 à 2013 a été marquée par un matraquage fiscal sans précédent, François Hollande se croyant les mains libres pour appliquer un programme de gauche et de plomb. La réaction a été telle qu’elle ne s’est pas traduite seulement par du mécontentement et de la « bronca » mais également par le véritable décrochage mental d’une grande partie de l’opinion ulcérée en outre par la loi sur le mariage homosexuel. C’est bien à ce décrochage que les gouvernements Ayrault et Valls ont ensuite tenté de remédier. Mais depuis 2013 d’autres facteurs aggravants sont intervenus et d’autres crises cumulatives se sont produites qui ont mené celui que l’on n’ose plus appeler le « chef de l’Etat » à ses pauvres 15% actuels d’opinions favorables. Pourtant certains de ses partisans pensent qu’il a encore ses chances pour 2017 parce que la Droite ne tardera pas à se déchirer, ce qui ne semble pas tout à fait le cas. Pour l’heure Nicolas Sarkozy ramène à son bercail, lentement et méthodiquement, nombre de « fillonistes ». La suite, de part et d’autre, reste imprévisible pendant que s’étend en tache d’huile la « lepénisation » d’une partie croissante de l’opinion …

9 octobre.

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La ville de Kobané tombera t-elle sous les assauts inlassables des éléments armés de « l’Etat islamique »? Les Kurdes, qui défendent ce site qualifié de stratégique, le font avec courage et détermination mais avec des armes légères ou anciennes ou trop rares qui ne lui permettent pas de lutter efficacement. Leurs porte-paroles ne réclament pas d’intervention au sol extérieure. Ils réclament encore et toujours les armements qui leur permettraient de maintenir par eux-mêmes cette ville désormais qualifiée de martyre dans le camp des démocraties. Bien des experts militaires appuient leurs demandes urgentes, pour ne pas dire désespérées, en affirmant une fois de plus que les frappes aériennes ne seront pas suffisantes pour bloquer l’expansion des forces d’El Baghdadi et pour reconquérir les territoires déjà perdus. La Turquie, elle, ne bouge pas. Elle tient ses deux fers au feu au grand dam de pays comme la France qui l’incitent à soutenir les Kurdes. La France n’a t-elle toujours pas compris que la Turquie de plus en plus islamisée d’Erdogan n’est plus celle de Kemal Attaturk? Qu’elle craint autant ses voisins réelles que ses fantômes?

12 octobre.

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Lire « La marche de Radetzky « incite à en découvrir la suite : « La crypte des Capucins » qui désigne le caveau impérial ou gît l’Empereur Apostolique François -Joseph et avec lui l’Empire mythique d’Autriche-Hongrie. Cette fois Joseph Roth décrit la déréliction d’une autre branche de la famille Von Trotta en nous faisant assister à un double naufrage, celui de l’individu et celui de l’Etat dont il est un des fidèles, au sens religieux du terme. Lequel est la cause de l’autre? Tous les chemins que Von Trotta emprunte sont des impasses, tout ce qu’il touche se défait, quoi qu’il tente ne mène à rien. Pourquoi tant d’impuissance? Joseph Roth n’enrobe pas sa réponse: l’époque, le pays, les esprits sont sous l’emprise de la mort. Et ce n’est pas un hasard si l’histoire en cours s’achève alors que le parti nazi investit Vienne la vénéneuse. Le récit s’achève sur une vision d’errance et de pur désarroi comme si la carte de l’univers s’était d’un coup effacée. Une autre question reste sans réponse car entre -temps François- Ferdinand Von Trotta est devenu père d’un fils qui pouvait incarner un avenir possible. Que devient cet enfant? On ne le saura pas. Il n’y a pas de suite à « La Crypte des capucins ». Joseph Roth est mort à 44 ans, exilé en France, lui même désespéré. Il repose au cimetière de Thiais. Vienne-Thiais, trajectoire improbable, récidivante peut être …

RD

SECTAIRES ET IDEOLOGUES – Radio J – 20 Octobre

In Uncategorized on octobre 20, 2014 at 11:02

Pendant que les Juifs de France attachés à leurs solennités priaient en ce mois particulièrement liturgique de Tichri pour appeler sur le peuple d’Israël et sur le monde les bienfaits de la Providence, l’ancien et si brièvement ministre de l’Education nationale, Benoît Hamon, appelait, lui, l’Assemblée nationale française à voter une résolution pour la création d’un Etat palestinien vivant aux côtés de l’Etat juif.

Autant de sollicitude confondrait les âmes les plus endurcies si son hypocrisie et ses relents de politique interne n’apparaissaient avec une criante évidence. Il est vrai que Benoît Hamon, flanqué de deux acolytes du Parti socialiste, se prévalait d’un très récent vote de la Chambre des Communes britannique allant en ce sens. Il s’agit juste de savoir ce que vaut un tel vote. Imaginons par exemple qu’il y a de cela quelques semaines, lors du référendum organisé en Ecosse pour savoir si les Ecossais allaient accéder à l’indépendance, la Knesset se soit réunie pour voter à la quasi-unanimité une résolution en faveur de cette indépendance militante. David Cameron se serait transformé en tonnerre de Zeus incarné! Pourtant aucune protestation, à notre connaissance, n’a suivi le vote des parlementaires britanniques alors que ce vote-là constitue une insupportable ingérence dans les affaires et l’existence d’un Etat souverain et surtout qu’il suppose résolu le problème politique d’une véritable coexistence possible entre l’Etat d’Israël et un Etat palestinien imaginaire qui ne tarderait pas à se transformer dans la dure réalité en Etat-Hamas, lui même satellite de l’Etat Islamique.

En réalité, les époques idéologiques sont plus longues et plus persistantes que l’on ne se le figure. En votant cette résolution les membres concernés de la Chambre des Communes se sont rétro-projetés en 1916, lors des Accords Sykes-Picot par lesquels les deux hyper-puissances coloniales de ce temps, la Grande Bretagne et la France, ont partagé le Moyen Orient entre elles comme l’on se partagerait une pièce d’étoffe. Faut-il aussi rappeler également qu’en 1948, lors du vote qui allait aboutir à la création de l’Etat d’Israël, la Grande Bretagne s’est abstenue ?

Tel est donc le précédent que Benoît Hamon, sans doute l’un des personnages politiques les plus sectaires de ce régime, se prévaut. Il est vrai qu’il est plus facile d’avancer ce genre de propositions que de gérer avec la moindre des réussites les postes ministériels qu’on a cru devoir vous confier. La leçon vaut d’être retenue. Alors que la France se débat dans la boue financière et sociale que l’on sait; que rien ne semble pouvoir combler ses déficits publics, que le mécontentement commence à gronder dans le pays, le plus urgent pour des idéologues comme l’ancien et fugace ministre de l’Education nationale est de créer au Moyen Orient un Etat qui en l’état actuel des choses ne tarderait pas à se spécialiser dans le creusement de tunnels et la fabrication de missiles en tous genres.

Le grand écrivain autrichien Joseph Roth, l’un des plus grands témoins du naufrage de l’Autriche-Hongrie, n’avait-il pas raison lorsqu’il écrivait à ce propos que l’idéologie représentait toujours le degré mortel de la stupidité ?

               Raphaël Draï, Radio J, 20 octobre 2014.

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA BERECHIT

In Uncategorized on octobre 15, 2014 at 11:03

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« L’Eternel dit: « Que soit (yehi) la lumière (or) ».Et la lumière fut. L’Eternel vit que la lumière était bonne (tov) » ….

L’Eternel dit: « Qu’il y ait des luminaires (meorot) dans le firmament du ciel pour faire distinction (lehabdil) entre le jour et la nuit et ils serviront de signes (othot) pour les périodes, les mois et les années » (Gn, 1, 3 et 1, 14).

Les premiers chapitres du livre de la Genèse, du Sépher Beréchit, sont à n’en pas douter les plus difficiles à traduire et à interpréter de toute la Thora. Et pourtant, à n’en pas douter non plus, leur intelligibilité commande celle de la suite du récit biblique. Bien des mots et des concepts, nombre d’idées y apparaissent par la force des choses textuellement pour la première fois, à titre générique. Ils n’ont pas de précédents qui permettraient d’en comprendre sur le champ le sens. Il faut donc s’avancer à la fois avec circonspection mais avec détermination. Ainsi en va t-il des deux versets précités.

La Création peut elle se concevoir sans lumière? Le récit biblique nous indique comment la lumière a été en somme le premier acte dans l’ordre de la Création. Premier non pas au sens chronologique (le Temps lui même n’a pas été encore créé) mais au sens méthodologique. Par ce premier acte générique l’Eternel met pour ainsi dire la Création en lumière, en la faisant décidément sortir d’un état d’obscurité, d’opacité, d’inintelligibilité archaïques. Car il faut s’entendre sur ce que signifie le mot hébreu OR. Il ne désigne pas uniquement la lumière optique, celle que perçoit l’œil humain, pour la bonne raison que l’Humain lui non plus n’a pas encore été créé. Ce que le mot OR signifie c’est que désormais La Création devient révélation. Bien sûr les intentions profondes du Créateur ne sont pas élucidables à leur source mais le sens de ses opérations créatrices (péôulot) le devient. La Création de la lumière s’apparente de la sorte à un lever de rideau qui permettra de découvrir la scène avant que la pièce ne commence. Il ne s’agit que d’une image mais précisément les tous débuts du livre de la Genèse autorisent cette pédagogie, à condition qu’elle ne se prenne pas pour une fin en soi.

Reprenons la question: à ce stade de la Création de quelle lumière est-il fait mention? Essentiellement d’une lumière de l’esprit. La mise en lumière des commencements de l’Univers permettra d’en suivre les étapes à venir. Les kabbalistes différencient en effet ce qu’ils nomment la lumière matérielle, le OR gachmi, et la lumière intellectuelle, le OR sikhli. Même si la première est quasiment insubstantielle, elle n’en comporte pas moins une dimension matérielle et une vitesse de propagation. La lumière intellectuelle est esprit et seulement esprit. Elle advient aussitôt que désirée. C’est ce qui rend particulièrement difficile la traduction de la formule « Yehi or – vayehi or ». Aucun espace, aucun instant, même infinitésimal ne sépare l’expression du désir émanant de l’Eternel et son aboutissement. Grammaticalement parlant, nous sommes en présence d’un temps bien particulier de la conjugaison non pas même « le présent » mais si l’on peut dire « l’immédiat ». Que faut-il justement en comprendre?

Le premier élément créé correspond intimement avec la dilection du Créateur. En lui et par lui ne se manifeste aucun autre élément réfractaire, retardant. La Parole divine est réalisée aussitôt qu’énoncée et par là même la Création fait Un avec le Créateur sans jamais se confondre avec Lui puisqu’elle est dotée d’un nom propre. Les autres dimensions et fonctions de la lumière apparaîtront essentiellement au quatrième jour – le mot « jour (yom) » étant à entendre comme « phase ».Ce sera d’abord la lumière optique, physique, réfractée (méorot) qui permet de discerner les objets en plein jour et d’en percevoir au moins la présence la nuit. Au demeurant cette lumière là n’est pas qu’optique. Elle est également intellectuelle (sikhli) puisqu’elle permet l’acte du discernement et de la conceptualisation (havdala, othot)). Elle permet de se dégager de la confusion originelle que le récit biblique nomme tohou vavohou qui n’est pas à proprement parler un état chaotique mais un état où « tout est dans tout » sans que rien ne parvienne à y prendre forme et signification (tsoura). C’est par le moyen de cette lumière là que la morphogenèse de la Création pourra se poursuivre jusqu’à celle de l’Humain (Haadam), le sixième jour.

                               R.D.

BLOC-NOTES: Semaine du 29 Septembre 14

In Uncategorized on octobre 13, 2014 at 7:29

30 septembre.

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Pierre Moscovici sur les grills de Bruxelles et de Strasbourg! L’interrogation fondamentale s’énonce en ces termes: comment l’ancien Ministre de l’Economie et des Finances de François Hollande pourrait-il mettre en oeuvre pour l’UE entière des principes qu’il n’a (ou qu’il n’aurait) pas su faire respecter dans son pays, durant son passage au pouvoir? Mais ce « pouvoir » l’avait-il vraiment? Nul n’ignore comment, au delà des textes constitutionnels formels, fonctionne la Vème République. Les centres de décision réels sont concentrés à l’Elysée et les ministres, pour la plupart, ne sont que de grands commis. C’est justement ce rôle qu’Arnaud Montebourg n’a pas entendu jouer et qu’actuellement il détricote sans doute avec un excès de mise en scène. On ne peut pas avoir été ministre de tel ou tel président, et une fois que l’on a quitté le pouvoir, ou qu’on en a été éjecté, faire comme si l’on n’avait jamais été aux affaires. L’observation vaut également pour Alain Juppé, François Fillon et d’autres vis à vis de Nicolas Sarkozy. Ce qui choque chez l’ancien Ministre du Redressement Productif n’est pas tant sa faconde – il y a une ébriété de la parole comme il y en a une proprement éthylique – que le mélange des genres et la confusion des symboles. Un reportage télévisé le montre, lui le chevalier de la gauche pure et dure, arrivant à une réunion de sympathisants – il n’est pas en mesure de bénéficier encore de véritables meetings – dans une impressionnante berline, avec si je ne m’abuse chauffeur et garde rapprochée. Comme nous traversons une des périodes intellectuellement et symboliquement des plus confuses depuis 1958, rien ne doit étonner. En l’occurrence, l’on perçoit là les marques de l’addiction au pouvoir et l’incoercible ambition des sommets élyséens. Inutile de se lamenter sur l’absence d’une réelle « pensée de gauche ». Les députés « frondeurs » du PS qui prétendent ne pas s’en désister sont mis en marge du parti, ou de ce qu’il en reste, et « sortis » sans ménagements des commissions qui comptent. Combien de temps tout cela durera-il? Le Sénat bascule de nouveau à droite et s’apprête réélire au siège présidentiel Gérard Larcher qui redeviendra ainsi dans l’ordre constitutionnel le deuxième personnage de l’Etat. Récapitulons: un Sénat à droite et qui promet une opposition constructive comme l’on promet un poison indolore; une Assemblée indocile dans laquelle une majorité présidentielle ne sait plus à quelle corde se pendre; l’économie au ventre de plus en plus concave, et la marmite qui bout sans renverser le couvercle. Décidément la France est bonne fille…

1er octobre.

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Encore le pseudo-Etat islamique du Calife El Baghdadi et de ses sbires. Certes, les forces aériennes de la coalition bombardent régulièrement ses positions mais pour l’heure le résultat n’est pas réellement probant. A se demander si les forces concernées ne mènent pas face à cette engeance sans foi ni loi une forme obsolète de guerre. Cela noté, la solution n’est pas des plus faciles. Quel autre type de guerre mener contre un ennemi pour qui la notion de vie – celle des autres s’entend! – est insignifiante, qui prétend ne pas craindre la mort? On songe bien sûr aux versions vulgarisées de la fameuse dialectique du maître et de l’esclave – au moins dans sa première phase conçue par Hegel. Lorsque deux individus entrent en collision existentielle, le premier qui craint de mettre sa vie en jeu est voué à l’esclavage sous la domination de l’autre qu’une crainte analogue n’aurait pas habité. S’il n’est pas sûr qu’El Baghdadi ait jamais lu Hegel c’est cette dialectique là qu’il met pratiquement en oeuvre par tous les moyens qui puissent avilir un être humain. Ce qui l’autorise, sur les territoires où il exerce son pouvoir par une terreur qu’il prétend puiser dans la Loi divine, à exercer une souveraineté absolue, disposant en plein arbitraire des corps et des biens, et délivrant même ses propres passeports pour ceux qui le rejoignent dans cette entreprise insensée. D’où cette question: imagine t-on El Bahdadi capturé selon les règles de la chevalerie moderne et déféré devant la Cour Pénale Internationale, conforté par tous ses avocats?

5 octobre.

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Débat plus que classique: peut-on assigner une fonction, une mission, une vocation à la littérature sans la dénaturer et lui faire perdre sa raison d’être? De quoi un livre devrait-il être le porteur? D’un message? D’une morale? Doit-il obligatoirement privilégier sous une forme ou sous une autre le choix de la vie? Toutes ces questions se posent une fois refermé le très beau récit de Joseph Roth: « La marche de Radetzky ». Du point de vue littéraire, un joyau. Des flots d’images, des formules plus heureuses les unes que les autres, des personnages qu’on voudrait ne plus quitter. En même temps, deux histoires de mort entrelacées: celle de l’Empire austro-hongrois et celle de la famille Von Trotta. D’un côté une sorte d’Etat cocagne où toutes les nationalités, toutes les sensibilités, toutes les confessions ont droit de cité, pour peu qu’elles s’identifient à l’Empereur Apostolique, de l’autre des personnages transformés peu ou prou en automates moraux et qui n’ont d’autre alternative à cette obédience sacrale que l’alcool ou la roulette. De ces pages superbement écrites exsude parfois un sentiment suffocant de désespoir qui reconduit avant la création du monde. Bien sûr le récit de Joseph Roth fait penser à d’autres livres confrontés à un sentiment analogue, notamment « Le Guépard » de Lampedusa avec bien entendu « Les Buddenbrook » et « Mort à Venise » de Thomas Mann, sans parler d’une littérature encore plus contemporaine, chronologiquement parlant. Un équilibre est à trouver avec Hugo, Tolstoï, Saint- Exupéry, Camus, entre la pensée de minuit et la pensée de midi. Mais gare à la littérature « édifiante »…

FONDEMENTS MORAUX D’UNE GUERRE D’UN NOUVEAU TYPE

In Uncategorized on octobre 13, 2014 at 10:55

Le peuple juif se trouve au croisement de deux axes de coordonnées. Le premier, transcendant, se trace au cours des grandes solennités du mois de Tichri, de grandes solennités qui ont pour objet principal de renforcer nos décisions éthiques. L’autre dépend des aléas de la vie quotidienne et des événements de la vie politique.

De ce dernier point de vue, une lutte sans concession, de part et d’autre, se déroule actuellement entre le monde libre et les forces d’un prétendu Etat Islamique qui prétend imposer sa version de l’Islam comme religion obligatoire, pour l’ensemble de l’humanité. Du point de vue militaire, les premières frappes engagées par les Etats Unis et à moindre degré par la Grande Bretagne n’ont toujours pas produit les effets escomptés. Pour l’instant, et au degré où ces frappes se produisent, les forces du Califat de la terreur, ont appris à les absorber et, en attendant, à élargir leur théâtre d’opération, au point de contre-carrer chaque jour les plans de la coalition. Et l’on est alors conduit à se demander si cette coalition ne mène pas actuellement un type de guerre périmé, qui ne tient toujours pas compte du véritable esprit de l’ennemi et de ses buts de guerre.

Il est sûr que les solutions en ce domaine ne sont pas faciles à trouver et surtout à mettre en oeuvre. Sans doute faut-il tenter de « terroriser les terroristes » mais dans ce cas faut-il se résoudre à agir comme ils agissent, à décapiter leurs combattants, à prendre leurs familles en otage, à prostituer leurs femmes et leurs filles? Ce type de guerre paraît inconcevable. Il faut donc se résoudre à faire passer le message au Calife et à ses sbires: ils ne doivent s’attendre à rien d’autre qu’à une élimination pure et simple dans la mesure où elle s’avèrera opérationnellement possible. Et dans ce but, affirmer haut et fort, que l’idéologie monstrueuse dont il se prévaut au nom d’un Islam absolutisé est tout sauf une religion dans l’acception humaine du terme.

Une religion, quelles qu’en soient les références, ne saurait récuser deux axiomes: le respect de la dignité de l’Humain fait à la semblance divine, et le choix de la vie. Et c’est ici que l’on retrouve le sens profond des liturgies de Tichri qui n’ont d’autre objet que de nous en convaincre, en tant que de besoin, et de nous en montrer les voies subjectives et collectives. Il ne s’agit pas prêcher pour telle ou telle confession mais bel et bien de comprendre en quoi celle où nous sommes nés nous met à même de discerner ce qui, en nous, mérite vraiment le qualificatif d’humains et de le préserver à tout prix.

Aucune guerre ne se conduit victorieusement par la seule puissance des matériels et par la seule cohérence des logistiques. Il y faut des dispositions inébranlables de l’esprit mis en mesure d’absorber des chocs violents si nécessaire. Pour les tueurs du Calife El Baghdadi, la vie ne semble compter pour rien et la mort ne susciter que fascination et jouissance. Une victoire décisive sur une pareille engeance ne sera obtenue qu’après qu’elle aura été convaincue, dans sa chair et dans son mental, de l’exact contraire. Et la lutte s’annonce rude.

                                                 Raphaël Draï, Radio J, le   13 octobre 2014

A PROPOS DE « L’ISOLEMENT DIPLOMATIQUE » DE L’ETAT D’ISRAËL – Radio J

In Uncategorized on octobre 6, 2014 at 5:17

Jusqu’à ces derniers mois, la stratégie des mouvements anti-sionistes a consisté dans cet argument principal: par ses agissements contraires au droit et à la morale l’Etat d’Israël s’isole de plus en plus dans ce qu’il est convenu d’appeler la communauté internationale. Or depuis la guerre avec le Hamas à Gaza et les enseignements que tous les états-majors en ont tiré sur les techniques de combat de cette organisation, sans loi et sans scrupules, n’est-ce pas au contraire à la fin de ce prétendu isolement auquel l’on assiste? Bien sûr la prudence est de mise en la matière mais l’on ne peut pas ne pas tenir compte de deux inflexions notables.

D’abord et enfin la guerre menée contre le prétendu « Etat islamique » du Calife auto-proclamé El Baghdadi. Les Etats Unis ont été longs à s’y mettre et Barack Obama a lui même reconnu qu’il avait largement sous-estimé le danger extrême que cette engeance représente. La dangerosité de cette entité ne réside pas uniquement dans son implantation et dans son extension continue au Moyen Orient. Elle réside également, on l’a déjà dit, dans le fait qu’elle essaime partout où dans le monde se trouvent des populations musulmanes qui deviennent autant de foyers de recrutement. En ce sens, le djihadisme, pour le nommer de ce terme, pose désormais pour tous les Etats démocratiques un considérable problème de sécurité intérieure. Pour leur part, les plus hautes autorités de l’Etat français semblent à présent en avoir pris conscience et adopté en conséquence des dispositions spécifiques. Il faut alors revenir à la déclaration clairvoyante de Christian Estrosi, le maire de Nice, qui faisait observer la contradiction profonde entre, d’une part, l’adoption de ces mesures et, d’autre part, la condamnation – ou peu s’en faut – par le Quai d’Orsay de l’opération israélienne à Gaza puisque le djihadisme entraîne aussi le Hamas dans cette même nébuleuse idéologique et opérationnelle.

L’autre inflexion a trait cette fois au « non » catégorique opposé notamment par les Etats Unis, la Grande Bretagne et l’Australie à la dernière tentative menée par Mahmoud Abbas pour faire reconnaître directement un « Etat de Palestine » de pleine compétence par l’ONU. Ce refus résulte sans doute aussi des enseignements de la guerre entre le Hamas et l’Etat d’Israël l’été dernier. D’évidence, seul le Hamas avait l’initiative militaire avec les forces requises pour mener jusqu’au dernier instant les tirs de missiles anti-civils que l’on sait. Créer un Etat palestinien dans ces conditions serait créer non pas un « Etat démocratique » comme le ressasse une propagande ubiquitaire mais favoriser l’extension de l’Etat Islamique d’El Baghdadi au sud d’Israël et au nord de l’Egypte.

Il faudra donc être attentifs à ces deux inflexions pour savoir si et quand elles se transformeront en véritables réorientations des diplomaties concernées avec les stratégies militaires qui les confortent.

                     Raphaël Draï, Radio J, le 6 octobre 2014.

BLOC-NOTES: SEMAINE DU 22 SEPTEMBRE 2014

In Uncategorized on octobre 5, 2014 at 2:17

23 septembre.

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C’est fait! Nicolas Sarkozy est réellement de retour et il a choisi une chaîne du service public afin de répondre comme il se doit à toutes les questions que le journaliste qui devait lui faire face avait choisi de lui poser. Rien ne lui sera épargné mais avec une si grande courtoisie que parfois l’entretien confinait à l’amicale conversation au coin du feu… L’ancien président de la République, un peu tendu au début, souvent les lèvres serrées, répondra sur une partie de son bilan – qu’on se souvienne de la crise planétaire des années 2008 et 2009 – mais surtout sur les « affaires » qui s’attachent à son nom, et en dernier lieu l’affaire Bygmalion dont il affirme n’avoir rien su, ne rien savoir et n’en vouloir rien savoir puisqu’elle ne le concerne pas… La démonstration est parfois convaincante, parfois apparaît auto-justificatrice. Nicolas Sarkozy sait comment il faut avancer les poings devant une caméra pour donner l’image d’un surgénérateur d’énergie et non pas celle d’un bagarreur de bistrot. Il n’épargne aucunement son successeur qu’il ne cesse d’appeler « monsieur Hollande » alors que celui-ci l’avait ménagé lors de sa dernière conférence de presse. A coup sûr la gauche ne tardera pas à taper sur le même clou: « Le personnage n’a pas changé. Caractériel et hâbleur. Sa défaite de 2012 était largement justifiée ». Chacun est dans son rôle, avec cette observation cruciale qu’il ne faut pas hésiter à souligner, quitte à se répéter: la France de 2014 n’est pas celle de 2012. Depuis deux ans et demi la situation économique, sociale et morale du pays s’est profondément dégradée. L’Etat ne sait plus où se tourner pour trouver les milliards d’euros qui creusent la dette globale de la France à la limite de son PIB et la font concourir dans l’arène internationale avec des chaussures de plomb. Toutes les professions dites « réglementées » vont massivement manifester. Les pilotes d’Air France font aussi reculer le gouvernement, pour ne pas dire qu’ils le font capituler. D’où ce jugement: la France n’est pas réformable. En tous cas pas suivant ces voies et par ces procédés. Un Etat aboulique et sans crédit moral ne peut pas au surplus donner le sentiment que sa politique fiscale et économique confine au rackett. Les partisans tutélaires de cette politique de déréglementation se disent de « gauche » mais ils veulent surtout faire affluer les fonds internationaux dans ce secteur d’activité. On découvre ainsi l’existence d’une gauche hybridée, d’une «gauche capitaliste ». Bien malin qui s’y retrouvera! Durant son intervention l’ancien président n’a cessé d’en appeler aux entreprises comme à l’instance du salut. Comment leur rendre confiance dans ce régime confusionnel qu’est devenu la Vème république? Les adversaires de Nicolas Sarkozy dans son propre camp le savent et oeuvrent à son éjection pure et simple du champ de courses. Ils sentent que l’alternance, autrement dit le Pouvoir, est à portée de main encore que l’avenir par essence n’est à personne. Le Pouvoir, cette drogue dure… Les semaines et les mois qui viennent auraient mérité d’être par avance qualifiées de « palpitants » s’il ne s’agissait que d’un spectacle. Lorsqu’un Etat se discrédite et qu’une société civile se démantèle, il devient difficile de résister à l’air contagieux de l’époque. Le propre des désastres est d’être fascinants. Y résisterons nous?

24 septembre.

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Enfin, les Etats Unis ont commencé à bombarder les positions de « l’Etat Islamique » en Irak et même en Syrie. La seule question qui se pose: n’est-il pas trop tard? Les forces du calife sanguinaire El Baghdadi n’ont-elles pas eu le temps d’anticiper des frappes de cette sorte et d’y pallier par des changements de position tout en essayant de transporter les actions de guerre sur le territoire des ennemis ou de leurs alliés et partenaires? On l’a vu avec l’enlèvement en plein territoire algérien d’un malheureux guide de montagne français, venu randonner en Algérie pour découvrir les paysages de la Kabylie. Quoi de plus pacifique, de plus inoffensif, politiquement et militairement, qu’un promeneur quinquagénaire pour qui les frontières n’ont pas de sens, qui cherche à établir le lien humain le plus fort et le plus désintéressé avec des populations qui ne sont pas de son origine et qui ne pratiquent pas ou plus sa langue nationale? Le commando qui a enlevé Hervé Gourdel avait fait serment d’allégeance au calife – boucher et juré d’appliquer ses méthodes. Hervé Gourdel a donc été décapité. Rien de moins. La peine de mort lui a été appliquée pour ce qu’il était censé incarner: un citoyen français, membre d’une nation en guerre « contre l’Islam » et pour lequel une leçon de terreur devait être administrée. A L’Assemblée nationale majorité et opposition ont fait bloc. « L’Etat islamique » essaime partout où il trouve à recruter des candidats au djihad. Telle est l’une des raisons pour lesquelles l’Etat français doit rapidement recouvrer son autorité, politique et morale. Il est difficile d’un côté de faire les choux gras de la presse people et de l’autre scruter des images satellites pour localiser les forces du calife exterminateur avant de faire décoller les « Rafale ».

28 septembre.

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« Les carnets de la drôle de guerre (septembre 39 – mars 1940) » de Jean -Paul Sartre. La lecture est de nature à dissuader les lecteurs non-inconditionnels de ce grand esprit ou les amateurs de littérature « facile ». Et pourtant le projet reste attachant. On y suit le « soldat » Sartre esquisser après « La nausée » qui a fortement contribué à sa notoriété les lignes principales de son oeuvre philosophique à venir. Il l’est surtout en raison de l’entreprise même que représentent ces carnets pour un homme de 35 ans, jeté dans la guerre et qui tente de comprendre avec tous les moyens de son intelligence, confortés par l’enseignement antérieur de Normale Sup, ce que signifie cette « situation »; pourquoi dans de pareilles circonstances l’on ne saurait être autre chose qu’un objet décérébré. Jean-Paul Sartre n’a pas choisi la guerre ni la mobilisation personnelle qui s’est ensuivie mais il s’y trouve plongé. Est-il possible de sortir de cet état – chose parmi les choses – en tentant au moins de comprendre pourquoi l’on s’y trouve, inerte et subordonné à une hiérarchie qui s’imagine commander aux événements alors qu’elle en est déjà le jouet? Une bonne introduction pour mieux comprendre à notre tour pourquoi un esprit aussi prometteur et qui s’est individuellement préservé est tout de même resté aux marges les plus externes de la Résistance, ce qui ne l’empêchera pas d’écrire des articles flambants sur la libération de Paris.

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LE SENS DES MITSVOT: VEZOTH HABERAKHA

In Uncategorized on octobre 5, 2014 at 1:58

« Et voici la bénédiction (habérakha) par laquelle Moïse, l’homme de Dieu (Ich HaElohim), bénit les Enfants d’Israël avant sa mort » (Dt, 33, 1 et 4).

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On l’aura relevé, la dernière des parachiot, celle qui conclut le Pentateuque mais qui met également la Thora en perspective d’avenir, prend la forme non pas d’un message testamentaire quelconque mais d’une bénédiction, d’une bérakha dont on découvrira le contenu dans la paracha elle même. Ici l’on s’attachera surtout à l’idée même de bérakha, à ce qu’elle signifie et à ce qu’elle implique. Ce qui nécessite un éclairage du mot lui même et de sa racine hébraïque.

Bérakha est construit sur la racine BRKh que l’on peut lire Be-Rakh. RaKh désigne ce qui est souple, ductile, le contraire du dur, du réfractaire, du KaChé. En ce sens déjà, le propre d’une bérakha qui mérite ce nom est de pouvoir être diffusée et transmise au plus grand nombre. Plus les destinataires d’une bénédiction de cette sorte sont nombreux – et là il s’agit d’un peuple – plus l’émetteur de la bérakha, si l’on pouvait ainsi le qualifier, doit se placer à une intense hauteur spirituelle. C’est pourquoi elle émane à ce moment de Moïse, certes, mais considéré sous l’aspect de « l’homme de Dieu » (Ich HaElohim). D’autres significations afférentes à cette racine, fort riche, apparaissent lorsque l’on en recombine les lettres.

Elles se retrouvent alors dans les mots suivants dont il n’est pas besoin de souligner les incidences vitales. D’abord dans BiRKaïM: les genoux et de manière générale les articulations du corps. Quel rapport avec l’interprétation précédente? Un corps est bel et bien un organisme non pas fait d’un seul tenant, rigide comme un tronc d’arbre, mais en effet articulé, depuis les vertèbres cervicales et la colonne vertébrale, jusqu’aux poignets, aux genoux, aux chevilles et aux orteils. Ce qui autorise l’accomplissement de gestes et de mouvements aussi ajustés que possibles à un terrain et à une situation donnés. Signe que la vie l’habite. Or précisément, un tel organisme devient à son tour rigide lorsque la vie l’a quitté. C’est pourquoi la BeRaKha que Moïse adresse au peuple d’Israël concerne un peuple constitué non par une unique entité mais par douze rameaux (CHeVaTim) dont nombre de parachiot précédentes, notamment au début du Livre des Nombres, décrivent l’organisation, les spécificités mais encore les connexions et les interactions.

On sera attentif enfin à la combinaison des lettres de cette racine en RKhB, racine que l’on retrouve dans le mot ReKhEB, le char, qui est lui même un véhicule « composé » et articulé avec un attelage d’un ou plusieurs chevaux et d’un équipage, mais surtout dans le mot MerKaBa qui désigne, comme au début de la prophétie d’Ezéchiel, les organisations célestes, celles qui confèrent leur cohérence et leur vitalité à la Création tout entière.

Demeure une question: pourquoi la Thora se conclut-elle précisément par une BeRakha? Là encore: par souci de cohérence puisqu’elle avait commencé par la Berakha divine: « Et le Créateur créa l’Homme à son image, à l’Image du Créateur il le créa, mâle et femelle il les créa. Le Créateur les bénit (VayBaReKh otam Elohim) » Gn, 1, 27, 28). Cette bénédiction générique, l’Humain l’avait altérée par sa transgression au Jardin d’Eden. Une transgression dont le Créateur indique sans tarder les voies de sa réparation, et une réparation non pas instantanée mais qui exige le relais des générations.

Par sa propre bénédiction, Moïse, présenté comme « homme de Dieu », ce qui reprend les termes des versets de la toute première paracha de la Thora, donne à comprendre que par sa propre existence, par les épreuves qu’il a traversées, par les intimes transformations de sa conscience, le peuple d’Israël, a su reconstituer les termes de la Bénédiction initiale, celle qui constitue le viatique de l’Humain créé à l’image ou si l’on préfère corrélativement au Créateur. Arrivé au terme de la Traversée du désert, le peuple d’Israël a restitué à l’humanité entière le viatique primordial dont elle n’a pas toujours compris quelle valeur de vie il recélait.

L’Histoire humaine va dès lors se poursuivre mais placée désormais et à nouveau sous le signe ineffaçable de cette bénédiction créatrice.

 Raphaël Draï zal, 5 octobre 2014

ANNEE 5775: FAIRE LE POINT – Actu J 29 Septembre 2014

In Uncategorized on octobre 1, 2014 at 8:12

Les dates importantes de l’année ne sont pas destinées à des commémorations de façade. En tous cas pour la communauté juive de France elles incitent à faire un point précis sur sa situation sociale, politique, psychologique et spirituelle actuelle. En ce sens, l’affaire Dieudonné risque déjà de s’effacer de la plupart des mémoires périphériques mais elle a profondément marqué et elle marque encore la conscience des Juifs français puisqu’ils ont cru un moment que même l’une des plus hautes juridictions du pays allait permettre que passent impunément la haine et l’abjection camouflées sous le titre abusif de «liberté d’expression». Au delà des affaires Dieudonné, Mérah, Nemmouche, s’est installé le sentiment délétère selon lequel la sécurité des membres de cette communauté, quels que soient leur condition, leur âge, leur affiliation politique, lorsqu’ils en ont une, est devenu aléatoire. Il faut le dire et le répéter: la sécurité n’est pas seulement une exigence spécifique de la vie républicaine et démocratique. Elle est simultanément une preuve que dans des régimes de cette sorte l’exigence de dignité est respectée elle aussi. C’est ce dont le premier Ministre, Manuel Valls, a voulu convaincre la communauté juive de France lors des vœux de Roch Hachana qu’il lui a adressés dans une allocution mémorable à la synagogue de la Victoire. A quoi se sont ajoutées les appréhensions, les craintes et les angoisses qui ont accompagné cet été pendant plus d’un mois la confrontation armée entre le Hamas et l’armée d’Israël à Gaza, avec à Paris l’agression contre la synagogue de la rue de la Roquette et ces surréalistes manifestations de rue dans lesquelles l’extrême gauche faisait chorus avec les salafistes et les djihadistes de cœur sinon de corps. Le devoir de chacun se dicte alors de lui même. En premier lieu n’en rien rabattre du statut de citoyen, ne pas le laisser s’effriter en intériorisant menaces et craintes. La sécurité des Juifs de France n’est pas négociable, pas plus que ne l’est la nature démocratique de la Vème république, ou alors guette la fascination des gouffres. De même que ne peut s’éroder ou se rompre le moins du monde leur lien avec l’Etat d’Israël quel que soit le gouvernement qui le dirige au gré des choix électoraux. Qu’on veuille bien le comprendre: l’Etat d’Israël ne se réduit pas à une entité politique, décidée en 1948 par un vote de l’ONU. En soi cette création qui relève du droit international contemporain est une résurrection. Elle atteste qu’en dépit de presque deux millénaires de dispersion, de persécution, de haine à visage nu ou à visage d’amour, les forces de vie du peuple juif sont restées intactes, qu’elles lui ont permis de démentir les «lois» les mieux établies d’une Histoire conçue comme une modalité du Jugement dernier. La résurrection de l’Etat d’Israël atteste que dans cette Histoire là, telle qu’elle est, assombrie par ses délires et ses inconséquences mais illuminée aussi par ses réussites et ses espérances, le peuple juif est redevenu un acteur actif avec lequel il faut désormais compter. A quoi il faut ajouter une considération déterminante: le peuple juif réside physiquement à Tel Aviv et à Jérusalem, à NewYork, à Londres à Paris, à Montréal et ailleurs, certes, mais il n’a qu’un seul domicile d’âme: le Mont Sinaï. C’est sur cette humble éminence qu’il a reçu et accepté ce qui fonde sa raison d’être originelle, celle qu’il faut savoir rappeler sans emphase mais sans en rien rabattre non plus: se vouloir non une engeance conquérante, glaive au point et au galop, mais littéralement « un peuple saint et une nation sacerdotale ». En un temps où tant de valeurs sont bafouées, où les comportement effectifs déjugent les normes et les lois, le rappeler ce n’est pas reconstituer un mythe ou exalter l’on ne sait quelle surnature prétendument surhumaine. C’est tout simplement ne pas déroger du degré où ce peuple à un moment incomparable de son itinéraire dans le monde a su s’élever ; un peuple à peine sorti de l’esclavage et qui fit sienne une vocation véritablement universelle. Car qu’est ce que le Décalogue sinon la loi de survie non pas du seul peuple juif mais de l’ensemble du genre humain? Par où l’on voit néanmoins se profiler une tentation plus dangereuse que les haines et que les ressentiments dont l’on vient de faire état: croire qu’il s’agit d’un récit légendaire, de mots antiques, passés et dépassés. Pourtant cette loi de vie, déclinée en 10 Paroles, est pour chaque homme et pour chaque femme se réclamant d’Israël tout à la fois mémoire, projet et décision. Et pour l’illustrer point besoin de discours: il suffit de prêcher d’exemple.

Chana tova 5775.