danieldrai

Archive for novembre 2014|Monthly archive page

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA VAYETSE

In Uncategorized on novembre 27, 2014 at 8:52

7 VayétséTexteNov14

 

« Il fit un rêve (h’alom) et voici qu’une échelle (soulam) était dressée (moutsav) vers la terre et son sommet conduisant vers les cieux (hachamaïma) ; et voici que des Envoyés de Dieu (malakhim) y montaient et en descendaient (bo). Et voici que l’Eternel (Tétragramme) se tenait au dessus de lui (nitsav) et lui dit: «Je suis l’Eternel, Dieu d’Abraham ton père, et Dieu d’Isaac; la terre sur laquelle tu es couché c’est à toi que je la donnerai ainsi qu’à ta postérité» (Gn, 28, 12, 13).

Le livre de la Genèse relate un rêve de Jacob, une manifestation de son imaginaire, une production de son inconscient, mais fortement structurée et orientée dans le sens de la vie alors qu’il est poursuivi à mort par la vindicte d’Esaü. Sur quoi s’ouvre cette vision car il s’agit bien d’une ouverture et l’on relèvera à ce propos la proximité phonétique et alphabétique des mots: h’alom, rêve et h’alon, fenêtre?

Tandis que Jacob tente de fuir la colère possiblement fratricide d’Esaü, ce rêve lui commande de faire halte et de considérer les événements en cours du point de vue le plus haut qui soit, sans pour autant que l’hallucination l’emporte. D’où la symbolique centrale de l’échelle, du soulam, qui est aussi symbolique de l’activité intellectuelle et spirituelle conduisant jusqu’à la Présence divine.

Comme nombre de commentateurs l’ont souligné, notamment le Ben Ich H’ay, une échelle sert à s’élever mais à le faire graduellement avec des échelons séparés de manière égale pour éviter les chutes. On retrouvera l’exigence de cette gradualité à propos du Sanctuaire auquel on accédera par une rampe en pente douce. Par ailleurs l’échelle symbolise la constance. Elle ne se déforme pas lors de son utilisation et, lorsqu’elle est renversée, elle conserve la même forme et, en général, peut s’utiliser comme auparavant. Ajoutons qu’une échelle, au sens du soulam biblique peut être considérée comme un vecteur puisque, ainsi que le texte le précise, elle conduit vers les hauteurs célestes, ce qui est à la fois une direction physique mais aussi, on l’a dit, intellectuelle et spirituelle. En somme, à ce moment du parcours des Patriarches – dont il ne faut jamais oublier que le but est de rétablir la bénédiction divine pour toutes les familles de la Terre, la vision du soulam est exactement opposée à celle de la tour de Babel dont les constructeurs se proposaient de monter à l’assaut du ciel et d’en déloger, si l’on ose ainsi parler, le Créateur, avec les suites catastrophiques relatées au chapitre 11 de Beréchit.

Ainsi la Présence divine n’est pas hors de portée de l’esprit humain mais elle s’approche de manière asymptotique à condition de relier le monde d’en Haut et le monde d’En bas, comme il est précisé à propos des Envoyés divins dont il est précisé qu’ils y montaient et qu’ils en descendaient. Aucune de ces deux dimensions ne doit être oubliée. Un rêve véritablement prophétique n’incite pas à fuir la réalité. Au contraire c’est lorsqu’il est tenté par cette évasion qu’un rêve de cette sorte l’y reconduit.

A partir de quoi, il faut savoir ne pas se prendre à l’imagerie du rêve. Ce qui se déduit de la terminologie employée à ce sujet lorsqu’il est précisé cette fois que la dite échelle « était dressée (moutsav) vers la terre ». Que laisse entendre le récit biblique? Non pas que l’échelle était fixée au sol – disposition physique, qui tombe sous le sens et qui serait donc superflue. MouTsaV est construit sur la racine TsV qui désigne le commandement légal et l’obligation morale. Si le soulam symbolise la structure de l’esprit orienté vers la Présence divine, celle ci ne s’approche que par l’accomplissement des MiTsVot dont on comprend au passage qu’elles ne se réduisent pas à des rituels sans signification interne et sans finalité. Par cette voie l’on serait conduit à voir dans l’image du soulam une représentation de l’Alliance, de la Berith puisque sans désemparer mais par une logique qui est certes celle du lien d’Alliance il est indiqué à présent et par suite que l’Eternel se tenait (NitSaV) au dessus du soulam, autrement dit que sa position était elle même déterminée par l’univers des MiTsVot dont on mesure alors l’importance.

Un autre élément doit être encore souligné: lorsque l’Eternel se révèle par cette voie, il respecte la généalogie du rêveur-prophète et cela non pas à titre formel mais afin de récapituler tout le chemin parcouru par ces devanciers pour que soit rétablie la bénédiction générique dont il a déjà été fait état.

                                         R.D.

UN DESASTRE DEMOCRATIQUE – Radio J, 24 Novembre 14

In Uncategorized on novembre 24, 2014 at 4:00

L’Assemblée nationale s’apprête donc à voter une résolution incitant le gouvernement français à la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien avec une moitié de Jérusalem pour capitale. On a déjà relevé l’impact profondément négatif d’une telle résolution sur l’immense majorité des citoyens juifs de France. Mais il faut également prévoir ce que sera ce désastre démocratique pour la France tout entière, pour la lettre et pour l’esprit de ses institutions. Et d’abord au plan international et l’on se limitera à l’Union européenne, principal champ de manoeuvre des partisans d’une reconnaissance sans négociations bilatérales, car à ce sujet on ne peut douter des sentiments et des positions du Congrès des Etats Unis dominé désormais par le parti Républicain.

En Europe le branle a été donné par la Chambre des Communes britannique pour des raisons qui remontent sans doute aux souvenirs mal liquidés de la guerre d’indépendance de 1948. Ensuite le parlement de Suède lui a emboîté le pas, ce qui a entraîné le rappel de l’ambassadeur d’Israël. Cette attitude particulièrement ferme a fait réfléchir le gouvernement de gauche suédois qui s’efforce désormais de se rabibocher avec l’Etat juif et de relativiser la portée du vote de ce pays. A suivi le vote de l’Espagne sur une résolution mi-figue mi-raisin qui reprend le refrain que l’on sait mais cette fois sans abandonner le principe de négociations préalables. On ne peut prévoir encore comment votera le Parlement italien. Le plus important et que l’Etat qui sans doute a le poids spécifique le plus conséquent dans l’Union Européenne: l’Allemagne ait récusé le principe même d’un vote de cette nature sur un pareil sujet et qu’elle ait posé le principe de négociations bilatérales comme un principe incontournable.

Et en France à présent? Un tel vote, entraîné par une minorité de parlementaires militants pour la création unilatérale d’un Etat palestinien, s’annonce comme une cause supplémentaire de division. L’UMP s’interroge par la voix de son président Christian Jacob pour savoir si elle participera à un vote qui malmène le principe fondamental de la séparation des pouvoirs. L’UDI se trouve dans les mêmes dispositions d’esprit et même le FN se clive. On peut supputer également les états d’âme d’un grand nombre de députés PS qui se sont laissés entraîner dans cette aventure. S’ils s’imaginent voter dans le sens de l’Histoire ils doivent se rappeler que l’Histoire a plus d’un sens, comme le démontre celle d’Israël. On attend donc le résultat effectif de ce scrutin désastreux dans l’état actuel de la France en attendant – il ne faut pas oublier – celui du Sénat de la République qui vient juste de changer de majorité.

Il n’est pas impossible qu’après le vote de l’Assemblée nationale, un vote aux relents ethniques cyniques s’il faut en croire « Le Canard enchaîné », l’on assiste dans une partie de l’hémicycle à des manifestations de joie et à de bruyantes congratulations. On aurait tort. En général une fois que les pyromanes ont mis le feu à la pinède ils s’éclipsent discrètement.

                                                          Raphaël Draï, Radio J, le 24 novembre 2014.

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA TOLEDOT

In Uncategorized on novembre 20, 2014 at 2:51

6Tolédoth2014

« Les jeunes gens grandirent et Esaü devint un homme sachant chasser, un homme des champs et Jacob était un homme intègre, demeurant dans les tentes (ohalim). » (Gn, 25, 27) …

« Jacob fit cuire un mets et Esaü revint des champs et il était fatigué (âyeph). Esaü dit à Jacob: « Fais moi donc avaler de ce rouge car je suis fatigué. C’est pourquoi on l’appela Edom. Jacob dit: « Vends moi de ce jour ton droit d’aînesse (bekhoratekha) ».

Esaü dit: « Voici, je vais mourir et de quel avantage (lamah zé li) m’est un droit d’aînesse »

« Et Esaü dédaigna le droit d’aînesse « (Gn, 26, 27 à 34) »

Après une phase de préoccupante stérilité, et après que son époux Isaac a intensément prié pour elle, Rebecca conçoit et enfante deux jumeaux dont la venue au monde se fera dans cet ordre –l a notion d’ordre est ici essentielle -: le premier, tout roux, sera nommé Esaü; le second sans autre signe particulier que de tenir le talon de celui-là, sera nommé, de ce fait, Jacob (de êkev: le talon). Autant dire qu’il talonne son frère aîné dans l’ordre de la primogéniture biologique. Les deux enfants grandissent, chacun selon sa voie, et le Midrach éclaire ces deux cheminements parallèles. Esaü se fait chasseur, vivant dans les champs et retrouve ainsi les traces de Nemrod et aussi de Caïn. Jacob devient homme d’étude et de prière.

Il advint qu’un jour, tandis que le cadet faisait cuire son plat – la Tradition évoque un plat de couleur rouge – Esaü s’en retourne de sa chasse qui devait avoir été maigre puisqu’exténué il se précipite vers son frère. Sans même savoir quelle est la consistance du plat que celui-ci fait cuire, il lui demande littéralement, au seul vu de cette couleur, de son apparence, de l’en gaver car dit-il, « il est fatigué ». Jacob, en contrepartie, lui demande aussitôt de lui vendre son droit d’aînesse. D’où ces deux questions emboîtées: Jacob a t-il abusé d’une situation de détresse pour usurper un rang qui ne pouvait être le sien – par où se reconstitue si l’on n’y prend garde le conflit ayant opposé Caïn et Abel? Et sur quoi portait ce droit d’aînesse que Jacob, le cadet selon la « nature », ait voulu sur le champ l’acquérir et en disposer?

Dans l’ordre des versets qui relatent cet épisode aux conséquences considérables, à la proposition de son frère Jacob Esaü répond déjà par un calcul, par une supputation: il est tellement exténué qu’il ne perçoit plus non pas même l’avantage de l’aînesse mais en quoi cette chose () le concerne encore, personnellement(li). Autrement dit, Esaü devant son frère érigé en témoin, déclare que son existence immédiate est hautement et sans tergiversation préférable à sa vocation spirituelle. Quelle raison déterminante en donne t-il pour se justifier? Il se dit « fatigué (âyeph) ». Mais, de nouveau, à quel facteur imputer cette fatigue? Est-elle simplement physique, Esaü ayant présumé de ses forces et par trop prolongé sa chasse? Cette cause là semble secondaire puisque le récit biblique a cru devoir préciser au préalable qu’Esaü était « homme des champs », que cette situation non seulement correspondait à son être profond mais qu’il trouvait dans l’activité d’homme de proie d’incessantes forces reconstitutrices.

La raison déterminante est donc autre: ce dont Esaü se dit « fatigué », c’est du droit d’aînesse proprement dit, de la bekhora spirituelle qui le contraint à contrarier sans cesse son activité préférentielle. Sans doute était-il particulièrement exténué à ce moment parce que, si l’on ose dire, aîné d’Isaac et de Rébecca, petit-fils d’Abraham, il se trouvait dans la nécessité de courir deux lièvres à la fois, tandis que Jacob, lui, se trouvait en pleine possession de ses moyens et parfaitement disponible. Malgré tout, devant le plat dont Esaü ne perçoit que l’aspect externe, Jacob n’exerce sur son frère aucune emprise puisqu’il lui propose de lui acheter cette aînesse. Transaction qu’Esaü accepte pour le mobile qu’on a précisé. Après avoir fait son propre calcul « coût – avantage » il préfère l’instant présent à la construction de l’avenir promis à Abraham puis à Isaac. Car il faut maintenant s’interroger sur ce qu’est le propre de l’aînesse, au sens biblique en général et abrahamique en particulier.

On l’a vu, l’aînesse se dit en hébreu BeKhoRa, terme construit sur la racine BRKh dont les recombinaisons aboutissent, entre autres, à ces deux nouveaux radicaux, capitaux: BRKH, et RKhB. BeReKh se retrouve dans BeRaKha, la bénédiction, dont on sait, d’une part, que c’est le viatique initial donné par le Créateur à l’Humain une fois celui –ci créé, de sorte qu’il puisse assumer sa vocation native (Gn, 1, 28) et, d’autre part, après la faillite des générations du Déluge et de Babel, qu’il reviendra personnellement à Abraham de la rétablir au bénéfice des familles de la Terre (Gn, 12, 2). Cette bénédiction originelle dont Esaü vient à son tour de se désister, Jacob ne la laissera pas un seul instant en déshérence, quelles que puissent en être les conséquences, telles que les relatera la suite du livre de la Genèse.

Quant au radical ReKhEb, on le discerne dans le concept en effet capital de MeRKaBa, centrale dans la vision du prophète Ezéchiel, qui désigne la structure, le soutènement, ce qui assure la stabilité d’une construction et sa pérennité, et c’est de cela dont Esaü se sera également désisté, lui qui en donnait à ce moment précis par sa « fatigue » mortelle l’image exactement inverse. Les deux frères cependant n’en resteront pas là …

R. D.

Bloc-Notes: Semaine du 10 Novembre 14

In Uncategorized on novembre 20, 2014 at 2:36

12 novembre. 

  images

« L’affaire » – encore une ! – Fillon-Jouyet a éclaté. Et chacun d’accuser l’autre de mentir. Comment s’en dépêtrer? Si les deux journalistes du « Monde » disposent bien de l’enregistrement au cours duquel le secrétaire général de l’Elysée aurait raconté que Fillon l’avait sollicité pour « casser les pattes » de Sarkozy, il n’y a, semble t-il, aucun enregistrement de la conversation directe qui aurait eu lieu entre eux à ce sujet et pour cet objectif. Fillon attaque donc Jouyet en diffamation. Rien n’assure que la Justice y verra plus clair dans ce labyrinthe car les deux protagonistes sont, dit-on, fort liés entre eux par ailleurs, Jouyet ayant participé au gouvernement Fillon avant de rejoindre la Gauche puisque pour les membres de la Caste les scènes du théâtre politique contemporain ont toujours deux sorties possibles. Fillon en l’occurrence est-il « touché – coulé »? Dans le camp de Nicolas Sarkozy ce serait bien peu de dire que l’on s’en lamente. Au contraire, la route se dégage devant l’ancien président de la République, lequel se doutait que la voie du retour serait ardue mais pas à un tel point. Dans les multiples débats que cette nouvelle affaire engendre, un autre personnage est mis en cause: François Hollande en personne. A t-il été le donneur d’ordres, oblique et subreptice, de son subordonné? La Droite le voudrait afin de placer le Président devant le constat de sa forfaiture si elle était avérée. Comme il fallait s’y attendre ses porte-paroles et autres collaborateurs s’ingénient à minimiser le tout et entendent passer à l’ordre du jour. Circulez il n’y a rien à voir! Voire. Pour paraphraser Balzac l’on dirait que notre histoire présente n’a plus qu’un envers. En est-on conscient aux sommets de l’Etat? Ces affaires successives et cumulatives déposent leur lie dans les têtes et dans les cœurs qui ne sont plus à l’ouvrage. Les « vrais » problèmes sont délaissés et le pays semble s’en aller à vau l’eau même si les principaux acteurs de cet invraisemblable théâtre du ressentiment et de la haine s’effraient mutuellement en agitant l’épouvantail du Front National qui serait aux portes du Pouvoir. Et l’on s’interroge une fois encore sur la nature exacte de ce dernier objet: le Pouvoir, tant l’on se montre prêts à tuer père et mère, à renier sa parole, à réduire la France à un ring de catch pour sa conquête et sa conservation Est-ce la culture de toute une génération qui ne se sent jamais liée par rien et par personne, qui vit d’un instant à l’autre, sans vision ni prévision? L’autre jour la Ministre de la Culture avouait qu’elle n’avait lu aucun livre depuis au moins deux ans et qu’elle ne connaissait pas l’oeuvre de Modiano, le dernier Prix Nobel dont les romans ne sont pourtant pas des romans fleuves. Ne serait-ce pas une des clefs de la calamiteuse situation actuelle? Une génération politique inculte, nourrie exclusivement de notes d’« experts » et d’extraits de presse. Puisqu’ils sont souvent cités, quoi qu’on en pense et pour nous y limiter, Clemenceau, Herriot, Blum, De Gaulle, Mitterrand savaient lire et ont laissé des livres écrits de leur main. Le passé fascine lorsque le présent s’absente.

14 novembre

290px-Philae_over_a_comet_(crop)

Qui s’en doutait, mis à part les savants et ingénieurs spationautes concernés? Depuis plus de dix ans la sonde spatiale Rosetta se dirigeait vers le cœur de la comète Tchourioumov-Guérasimenko avec son atterrisseur: Philae pour tenter de découvrir d’autres secrets de l’univers. Distance parcourue 510 millions de kilomètres … Transcendés les Etats circonscrits dans leurs frontières géométriques! Il faut désormais adopter d’autres points de vue pour juger de l’évolution du genre humain. Où cette expédition mènera t-elle vraiment, nul ne saurait le dire. On cherche puisque c’est la fonction des chercheurs, astrophysiciens en l’occurrence. De joie l’Europe spatiale saute au plafond, plus bas il est vrai que la voûte céleste. Les Etats Unis ne pipent mot, ce qui pourrait passer pour un manque de fair play mais qui en dit long aussi sur leur propre jugement s’agissant de cette entreprise. Pour l’instant les spationautes de tous crins sont aux anges et se promettent de nous faire rêver de plus loin encore et plus longtemps même si le débarquement sur Mars n’est pas pour demain.

16 novembre.

200px-Gaius_Julius_Caesar_(100-44_BC).JPG

Instructif le livre de Michel de Jaeghere sur « Les derniers jours » de l’Empire romain. La question est essentielle: comment un Empire qui s’est assuré de la maîtrise du monde habité se ruine t–il du fait même de son expansion? Bien des auteurs y sont allé de leur explication et celles de Montesquieu ou de Gibbon n’ont pas pris une ride. Un enseignement domine après lecture du livre. Rome s’est ruinée parce qu’elle ne produisait rien d’elle même, que son économie était alimentée par le butin des conquêtes tant que celles-ci ont été possibles et rentables. Dés lors que cette économie prédatrice s’est tarie, la vision de Rome capitale de l’univers s’est altérée et le chacun-pour soi est devenue la règle. A quoi doivent s’ajouter, l’Empire s’étant scindé entre Rome et Constantinople, les invasions qualifiées de « barbares », aimantées par les richesses de l’Empire tandis que les Césars successifs puis les Césarions, légitimes ou usurpateurs, n’ont plus su que transiger avec les hordes nordiques ou celles d’Attila. Jusqu’à l’instant du dernier souffle. Ce livre n’est pas seulement un livre d’histoire antique. Comme l’auteur l’indique dans sa conclusion il voudrait être également une méditation sur notre monde actuel.

R.D.

A LA BIFURCATION DES ROUTES – Radio J 17 Novembre 14

In Uncategorized on novembre 17, 2014 at 5:10

Chacun se souvient que cet été, après les violentes manifestations de rues anti- israéliennes à Paris et en province et après des attaques insensées de synagogues, l’attention des pouvoirs publics s’est portée sur ces familles juives de France ayant pris la décision de la quitter. Et aussitôt de se récrier en assurant que la citoyenneté des Juifs français restait pleine et entière, que leur sécurité serait renforcée, que ce serait un échec du régime républicain en soi si ces départs surtout en direction d’Israël devenaient encore plus nombreux.

Quatre mois après ces émouvantes déclarations, renforcées par quelques belles âmes du judaïsme de France, où en sommes nous? Le Parlement français s’apprête à voter une résolution qui tend pour l’essentiel à la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien et à la division de Jérusalem. On a déjà souligné en quoi un pareil projet de résolution soulignait le dévoiement des institutions de la Vème République et une ingérence inadmissible dans les décisions vitales de la démocratie israélienne. Il n’empêche que ce vote semble inexorable quels que soient les sourdines dont on l’assortira et les fausses fenêtres dont on l’ornera. Il restera à mesurer son impact sur l’immense majorité de la communauté juive France dont ni le Président de la République ni le Premier ministre ni nombre de parlementaires ne peuvent ignorer les sentiments à cet égard et leur profonde désapprobation face au principe même d’une telle résolution dont le contenu, tel qu’il se pressent, s’annonce d’une hypocrisie consommée.

Dans ces conditions, il s’agit d’être conséquent. L’on ne peut d’une part sur-assurer les Juifs de France qu’ils sont des citoyens à part entière et d’autre part intervenir au Parlement comme si leur présence était devenue insignifiante. Face à une pression tellement irréversible quelle issue leur reste t-il en effet pour manifester cette désapprobation, sinon de songer au départ et parfois même de déjà s’en aller, le sentiment d’insécurité physique s’ajoutant à celui d’une marginalisation politique patente de plus en plus périlleuse? A n’en pas douter cette communauté s’interroge les yeux grands ouverts et en toute lucidité sur les voies de son avenir et personne de bonne foi ne saurait lui en faire grief.

On dira qu’il y a là bien du désistement et que la défense de la République commande d’autres attitudes. On en discutera, sauf que cette fois ce n’est pas la furie de la rue qui est cause mais le Parlement proprement dit dont le vote s’il se confirme dans les termes que l’on redoute équivaudrait à un véritable passage à l’acte contre l’Etat d’Israël sous couvert d’amitié et de souci pour sa sécurité. C’est en ce sens que pour la communauté juive France les votes qui doivent avoir lieu bientôt successivement à l’Assemblée nationale puis au Sénat n’auront pas seulement un impact psychologique et politique majeur. Ils marqueront également pour beaucoup la bifurcation historique des chemins de leur futur le plus proche.

Raphaël Draï, Radio J, le 17 novembre 2014

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA H’AYE SARAH

In Uncategorized on novembre 13, 2014 at 8:26

 Haye Sara

« Sarah mourut à Kiriat Arabâ qui est Hébron dans le pays de Canaan ; et Abraham vint faire l’éloge funèbre (lispod) de Sarah et la pleurer (velibcotah) » ( Gn, 23, 2)

Pour la première fois dans le livre de Beréchit nous est fait un récit de funérailles et celles ci concernent Sarah, l’épouse d’Abraham, sans laquelle il ne serait sans doute pas devenu « l’inventeur de l’Histoire » comme on a pu parfois le caractériser,

Sarah sera donc inhumée en un lieu qui comporte deux dimensions, La première est à la fois géographique et topographique, Sa sépulture sera située dans un lieu dit la « Ville des quatre » qui est simultanément nommé H’ébron, Ce dernier terme retient l’attention puisqu’il est construit sur la racine H’BR qui désigne le lien et le compagnonnage, La sépulture de Sarah sera donc symbolique de son existence qui aura consisté à relier – seconde dimension – l’en-bas avec l’en-haut, ce monde-ci et le monde qui vient, non sans difficultés et non sans avoir elle aussi traversé de nombreuses épreuves dont la dernière, la Akedat Itsh’ak, aura eu raison d’elle.

Cependant une vie ne s’anéantit pas avec le départ de ce monde et c’est sans doute pourquoi le récit biblique relate, sans en rien omettre, comment Abraham veuf reconduit son épouse, la compagne et la partenaire de sa propre existence, jusqu’à sa dernière demeure, pour reprendre l’expression consacrée, sans oublier que cette demeure là n’est dernière que dans le monde d’en- bas mais qu’elle est le lieu de passage vers le monde d’en- haut, Et c’est pourquoi Abraham défère à deux obligations elle aussi corrélées.

D’une part il s’acquitte de l’éloge funèbre, du hesped, de Sarah. Quelle en est la signification? Celle-ci donne l’exemple même de l’amour du prochain car à quel moment cette qualité risque t-elle d’être perdue de vue et même d’être abrogée sans rémission, sinon après le décès de la personne concernée, après qu’elle a été réduite, au moins en apparence, à un corps inerte, privé de parole, une « dépouille » que l’on serait tenté de considérer comme un déchet sans plus aucune valeur? Au contraire c’est à ce moment là que le défunt ou que la défunte voit consacrer son statut si l’on peut dire de prochain, un statut qui s’atteste par cet éloge, ce hesped, qui relatera et qui mettra en valeur tout ce qui a valu que cette vie, à présent absente, a valu d’être vécue.

Il ne s’agit pas ici d’un rituel d’apparence, de ce que l’on appelle parfois « l’expression obligatoire des sentiments », mais bel et bien de maîtriser une propension: celle qui assimile la mort à une dévaluation de la vie puisque tous les signes de celle-ci ont disparu. C’est à ce moment précis qu’à l’inverse d’une autre formule consacrée « le vif saisit le mort » et le projette dans le temps de la survie. Car qu’est ce qui mérite de survivre d’une existence sinon ce qui la hausse au dessus d’elle-même par tout ce que le défunt ou la défunte de son vivant a su accomplir et dont désormais il lui est fait inoubliable mérite…

Ce qui n’empêche pas la douleur de s’exprimer aussi. Abraham pleure son épouse ce qui témoigne à quel point ils furent attachés l’un à l’autre. Sans attachement il n’est pas d’arrachement. Les pleurs ici ne sont pas non plus de convenance. Ils marquent la réaction du corps face à ce qui désormais l’ampute d’une partie de lui- même. Une vie dite « commune » n’est pas constituée par la juxtaposition de deux vies parcellaires mais par leur symbiose au point de ne plus former qu’un seul être.

Et pourtant, au delà de cet arrachement pleinement exprimé et qui ne se limite pas à la durée « légale » du deuil, la vie doit à nouveau l’emporter, sachant qu’elle sera désormais, et plus que jamais, constituée par un avant et un après. La mémoire la plus inaltérable ne doit pas se confondre avec le deuil pathologique ni un décès avec une incurable blessure narcissique. Cette différence vitale est indiquée par une particularité de la transcription du récit de Beréchit puisque dans le mot « velibcotah » la lettre caph apparaît de moindre dimension que les autres. Ce n’est pas l’indication d’une consolation prématurée mais d’ores et déjà l’injonction discrète d’avoir à continuer de vivre afin de poursuivre l’oeuvre voulue par le Créateur, le Consolateur par excellence lorsque le temps est venu de comprendre vraiment que le règne de la mort est circonscrit et temporaire, qu’une âme ne meurt jamais pour peu que les vivants acceptent d’en préserver la lumière.

R.D.

Bloc-Notes: Semaine du 3 Novembre 14

In Uncategorized on novembre 12, 2014 at 11:38

5 novembre. 

images

Comment les futurs historiens caractériseront-ils cette phase de la Vème République? Une « basse République », comme l’on parlait d’un bas Empire? L’épithète « bas » ne se rapporterait pas tant aux difficultés économiques et sociales présentes ni aux dilemmes financiers de l’Etat mais aux comportement de cette « caste », comme eût dit Sieyès, qui prétend le diriger et qui le dévoie. De ce point de vue il faut en venir à cette littérature qui aujourd’hui prétend révéler, dénoncer, scandaliser. On ne mettra pas en cause les motivations réelles de ceux et celles qui s’y adonnent. Précisément en République la parole est libre et la censure contre performante. Il s’agit juste de s’interroger à part soi. Il y a quelques années le grand juriste et théologien que fut Jacques Ellul a donné un livre digne de ce nom intitulé « La parole humiliée ». Il y montrait comment ce qui est le propre de l’humain pouvait être dégradé par l’homme lui même à cause de ses mésusages, des malintentions pouvant l’animer, de l’irresponsabilité qui l’incite à dénaturer le verbe en verbiage. N’en va t-il pas de même pour l’écriture? Cette « basse République » n’est elle pas aussi caractérisée par l’humiliation de l’écrit lorsqu’il est voué aux basses besognes que l’on vient d’évoquer? Depuis quelques jours la « caste » ne bruisse que de la parution d’un ouvrage dans lequel deux journalistes, transmués en écrivains, jettent dans le domaine public une conversation enregistrée par eux selon laquelle François Fillon aurait sollicité le secrétaire général de l’Elysée pour ferrer illico Nicolas Sarkozy dans la machine judiciaire. Scandale assuré non seulement au regard du procédé mais de sa circonstance aggravante puisque François Fillon a été cinq années durant le Premier ministre de l’ancien président de la République qui s’efforce d’en être le prochain. En pleine campagne électorale pour la présidence de l’UMP on se croirait transporté à Byzance ou à Florence lorsque l’assassinat était une donnée élémentaire de la lutte pour la conquête du pouvoir. Mais Fillon dément tandis que les deux journalistes n’en démordent pas et que Nicolas Sarkozy garde encore un silence plus tranchant qu’une lame de sabre affûtée du matin.. Qui dit vrai? Qui ment? Et, le sachant, qui le dira? De son côté François Hollande, tout à son « plan médias », peaufine sa prochaine intervention télévisée n’ayant pas grand chose à dire de neuf et essayant surtout de se décoller du papier tue-mouches dans lequel son ex-compagne l’a pris dés la rentée de septembre. Et l’on attend d’autres « livres » de la même encre, couleur bile et couleur sang. Ils seront lus puisqu’il faut bien se donner de la distraction par les temps maussades que traverse la République? Et ensuite? Se sentira t-on meilleur citoyen? Plus clairvoyant? Moins cynique, l’exemple venant de si « haut » au risque d’oublier que dans la topographie politique actuelle le « haut » et le bas ne se différencient plus?

6 novembre.

langfr-150px-Seal_of_the_United_States_Senate.svg

Aux élections à mi-mandat présidentiel Barack Obama vient de se voir administrer une raclée mémorable, encore plus cuisante qu’il y a quatre ans. Désormais le Sénat est à son tour sous contrôle du parti Républicain qui se renforce également à la Chambre des Représentants. Et pourtant les résultats économiques de l’actuel Président des Etats Unis peuvent paraître méritoires. La croissance n’est pas flambante mais elle apparaît incontestable et le chômage a reculé. Et pourtant, la défaite électorale est consommée – ce qui d’ailleurs ne préjuge pas des résultats de le prochaine élection présidentielle en 2016 qui dépendra aussi des candidats qui des deux côtés entreront en lice. C’est surtout en matière de politique étrangère que Barack Obama a été si fortement déjugé. Que ce soit dans la crise ukrainienne ou au Proche Orient, il donne constamment le sentiment délétère pour une nation de l’importance des Etats Unis de l’irrésolution, des demi- décisions, tardives de surcroît, laissant à ses ennemis jamais clairement désignés en tant que tels le temps et presque des occasions de s’organiser en conséquence. Le voici plus « canard boiteux » que jamais. Nul doute que Poutine ou que les chefs de l’Etat islamique sauront en profiter. Il reste pourtant encore deux années de mandat à cuver dans cette position d’infériorité. N’importe ! Barack Obama aura toujours la possibilité de démontrer qu’il est bien le chef de la nation la plus puissante du monde et qu’il dispose à cet égard d’un pouvoir inentamé : il lui suffira de s’opposer à la construction d’une nouvelle tranche de logements dans les quartiers contestés de Jérusalem …

9 novembre.

images

Puisqu’il est question de livres autant en prendre un vrai, par exemple le tome III et dernier du « Vicomte de Bragelonne », même s’il est le produit d’une collaboration entre Alexandre Dumas et Auguste Maquet. Que vaut-il mieux: se mettre à deux pour écrire un livre inoubliable, ou pour lancer dans la sphère publique un nouvel objet polluant? Cette dernière partie est célèbre par la description finale de la mort d’Athos, de Porthos et de d’Artagnan, Aramis demeurant le seul survivant du légendaire quatuor. Parmi ces 800 et quelques pages on aurait de la peine à choisir. On retiendra celles où Athos, le père de l’infortuné Vicomte de Bragelonne, dont Louis XIV a dévoyé la fiancée, donne une leçon de rectitude et de royale morale au Roi Soleil tout imbu de sa neuve puissance au point de croire que tout lui fût permis. De la même veine sont les pages où cette fois d’Artagnan dispense au Roi qui se veut absolu une autre leçon, sur le service de l’Etat qui transcende cet absolutisme même. Pages désormais inscrites dans le meilleur de la littérature universelle et qu’il est bon de lire ou de relire dans le temps présent.

RD

L’UNION EUROPEENE OU LE CORTEGE DES AVEUGLES – Radio J 10 Novembre

In Uncategorized on novembre 10, 2014 at 9:26

Au fur et à mesure des semaines c’est une véritable offensive que l’on voit se mettre en place contre l’Etat d’Israël afin de lui imposer une solution impliquant la création d’un Etat palestinien et la division de Jérusalem. Cette offensive comporte deux volets principaux: faire régner l’insécurité dans toute la cité, ce que l’on appelle à présent « la bataille de Jérusalem », d’une part, et d’autre part, inciter nombre de parlements étrangers, principalement ceux de l’Union Européenne, parmi lesquels et désormais le Parlement français, à voter des résolutions allant dans ce sens. Et ces derniers jours, Frederica Mogherini, en visite en Moyen Orient affirmait que toute l’Union Européenne appuyait cette initiative. Il s’agit alors de savoir, si face à une telle menace, unique dans l’histoire contemporaine – 28 états ligués contre un seul – la communauté juive de France, se contentera du rôle de spectatrice impuissante et sidérée.

Car cette initiative unanimiste qui se prévaut du droit international le plus contraignant en constitue la violation la plus manifeste. Depuis quand, dans un conflit entre deux entités politiques, une pareille ingérence se justifie t-elle? Est-ce la vocation des parlements nationaux de s’en faire les instruments, chacun ayant ses raisons, ses prétextes ou ses alibis? En France, l’initiative a été activée au Sénat et à l’Assemblée nationale, répétons le, par des parlementaires dits « frondeurs », écologistes ou du Front de gauche. Une coalition anti-Hollande et anti-Valls où l’écologie se dévoie auprès de ce qu’il reste du communisme à la française, nostalgique d’un stalinisme qui ne connaissait que la force, le mensonge et la terreur, tandis que des socialistes impuissants à régler les problèmes de toutes sortes qui se posent à leur pays se lancent impunément dans cette diplomatie de la canonnière d’un nouveau genre.

Il faut désormais poser la question au sommet de l’Etat, au président de la République: est-ce la fonction du Parlement de la Vème république, est-ce la vocation de la France dont la communauté juive est partie intégrante de s’adonner à cette politique de pression multiple qui viole toutes les normes et tous les usages des démocraties parlementaires? Le Parlement français s’y autoriserait-il si la communauté internationale comportait autant d’Etats juifs que d’Etats arabes et musulmans? Il faut prendre toute la mesure du danger à suivre ce cortège de panurges: pendant le périple de Mogherini dans cette partie du monde propice aux fixations psychiques, le Hamas par une série de messages violents et d’explosions interdisait notamment l’accès de Gaza au premier Ministre palestinien Rami Hamdallah en personne. Après quoi l’on viendra soutenir que la création d’un Etat palestinien ne saurait être différée parce que toutes les conditions gouvernementales, de population et de continuité territoriale sont réunies. La vivisection de Jérusalem n’aurait, ce qu’au Ciel ne plaise, pour seul résultat prévisible que la propagation des troubles actuels à ce qui serait redevenu Jérusalem-Ouest en attendant sa nouvelle et complète ré- islamisation. Aucun des problèmes qui se posent au Moyen Orient de Mossoul à Kobané n’en sera résolu pour autant, au contraire. L’islamisme mondial et européen battra des ailes plus fort encore. Est-ce un tel désastre que l’on ose appeler un « avenir de paix »? L’Europe ne guérira t-elle jamais de son passé?

                                 Raphaël Draï, Radio J, 10 novembre 2014

3 nouvelles publications – Sorties en Librairies le 14 Novembre 2014

In Uncategorized on novembre 10, 2014 at 12:11

C.PI.N.R.I – Le procès de Jésus

C.PJésus, lecture de l'Évangile selon Luc – Tome I 16.17.59C.PJésus, lecture de l'Évangile selon Luc – Tome II 16.17.59

LE SENS DES MITSVOT: VAYERA

In Uncategorized on novembre 6, 2014 at 11:39

« Il dit « Ne porte pas ( al tichlah’) ta main sur le jeune homme (hanaâr) et ne lui fais rien (méoumah) car maintenant Je sais que tu es craignant- Dieu et tu ne m’a pas refusé ton fils, ton unique » (Gn, 22, 12).

 4VayéraEtTexte15

L’entreprise abrahamique est dirigée vers la reconstitution d’une humanité créatrice, bénie en tant que telle. Puisque l’homme est mortel, la création dont il doit être l’auteur ne peut s’inscrire que dans le fil des générations, des toldot, comparables aux générations, aux toldot, du Ciel et de la Terre. Encore faut-il qu’il accepte consciemment – et inconsciemment cette perspective et qu’il n’estime pas que si Histoire il doit y avoir elle se limitera à son existence personnelle. D’où l’importance décisive de la 10eme épreuve d’Abraham, de la Âkédat Itsh’ak, de la ligature d’Isaac qui a donné lieu à de multiples commentaires qu’il faut également savoir découvrir.

Jusqu’à présent, le récit biblique s’est attaché à la construction individuelle d’Abram, homme resté longtemps sans progéniture et sans descendance. On le sait, Abram est devenu Abraham par intégration de la lettre héi, celle de l’interlocution, dans la reconnaissance d’autrui par soi même et de soi même par autrui. Puis Abram, Abraham devenu, est appelé à devenir enfin père. Pourtant l’interrogation demeure: cet enfant, le père est- il porté à l’inscrire précisément dans la suite des générations, en l’érigeant en auteur d’une histoire vivante, ou bien n’est-il entre ses mains que chose parmi les choses, dont il peut disposer à sa seule convenance? On sait également que dans cette période de l’aventure humaine qualifiée à tort d’Antiquité, tant elle demeure prégnante psychiquement, les géniteurs avaient droit de vie et de mort sur leur progéniture. C’est ce butoir là dont le récit biblique décrit le dépassement.

Tout commence par une injonction « classique » du point de vue que l’on vient de rappeler. Une divinité anonyme (expression de l’instinct plus que voix de la conscience) enjoint à un individu de sacrifier son fils, de le vouer à un holocauste. L’individu en question s’exécute, cédant sans objection audible à la poussée de ses instincts infanticides. Et le processus sacrificiel se déroule sans que rien ne nous en soit épargné. Jusqu’au moment fatidique où Abraham en personne se saisit du coutelas pour procéder à la phase ultime du sacrifice rituel et infanticide. C’est à ce moment même qu’une toute autre voix se fait entendre de lui pour lui enjoindre au contraire de ne pas porter la main sur cet être issu de son être et qui s’est complètement rendu à sa merci, de ne pas lui causer de dommage physique, et aussi de ne lui causer aucun autre préjudice, d’aucune sorte; et c’est de la sorte qu’Abraham se révélera « craignant Dieu », le Dieu non des pulsions instinctuelles et sacrificielles qui interdisent le déploiement intergénérationnel de l’Histoire mais le Dieu des générations liées entre elles, dirigées vers un avenir aussi ouvert et fécond qu’elles seront nombreuses et vivaces.

Car c’est sans doute ainsi que peut se comprendre la conclusion de l’injonction divine: Abraham n’a pas considéré qu’il disposait d’un pouvoir absolu sur son fils, au point de ne plus entendre la Parole divine et la Loi qu’elle proclame et promulgue à cet instant. Car le verset générique ici commenté doit être entendu et compris comme la proclamation et la promulgation des droits de l’enfant, et du premier d’entre ces droits: celui d’être considéré et reconnu dans sa généalogie, certes, mais aussi comme source spécifique de l’Histoire, comme génération (dor) créatrice. Autrement on ne comprendrait pas une autre loi, celle qui sera proclamée et promulguée cette fois au Sinaï: « Honore ton père et ta mère ». Comment la 5ème parole pourrait elle être acceptée par des enfants non reconnus personnellement, placés sous la menace de mort d’un père et parfois d’une mère nominaux, sans aucun lien affectif et qui ne désirent aucun prolongement de leur être… D’un point de vue pédagogique, d’une pédagogie du vivant, le verser 12 du chapitre22 de la Genèse et le verset 12 du chapitre 20 de l’Exode sont intiment corrélés et forment le chenal par lequel les toldot de l’Humain et celles de l’Univers se corrèlent à leur tour.

 R.D.

Colloque – « Le Meutre Fondateur » – 22 & 23 Novembre 2014

In Uncategorized on novembre 6, 2014 at 2:35
Colloque-SPP Affiche 6 07 14 01
Colloque-SPP Affiche 6 07 14 02
Colloque-SPP Affiche 6 07 14 03
Argument

LE MEURTRE FONDATEUR
Aux origines des conceptions du monde

Samedi 22 et dimanche 23 novembre 2014


La notion de meurtre traverse toute l’œuvre de Freud ; de Œdipe à Moïse, en passant par le meurtre du Père de la horde primitive. Eclipsé par sa trop étroite liaison au « père », l’acte du meurtre mérite une attention élective en tant qu’opération psychique engagée dans l’avènement du désir, de la pensée, des actions humaines. Au décours des troubles de la mentalisation, cet acte psychique peut être agi en tant que crime, ou inversement être à l’origine des inhibitions, indéterminations et défections.

Le meurtre est impliqué dans le complexe d’Œdipe au sein duquel il ouvre les voies de la transgression et de la psychopathologie. Par la culpabilité après coup, il peut se mettre au service de la morale civilisatrice et de la culture. Dans L’homme Moïse, s’entremêlent les deux lignées du meurtre destructeur et du meurtre générateur, selon une série de retours posthumes et d’après-coups féconds. Il participe alors à l’acte créateur, à l’inscription et la construction de l’histoire, à toutes les transmissions, héritages, cultes des ancêtres et arts funéraires, à la promulgation des interdits, des commandements et des lois, à la gestion des groupes et de la démocratie, à l’esprit du politique qui implique de pouvoir penser un art de la guerre.

Tous ces espaces dans lesquels il se transpose et se réalise, permettent de déduire son implication aux fondements même de la vie psychique. Il est certes efficient dans toutes

les transformations pulsionnelles, dans la constitution du narcissisme par désexualisation, dans la promotion de l’objectalité au travers du deuil des objets oedipiens. Mais il est aussi actif dans toutes les modalités de travail psychique et tout particulièrement dans celle qui préside, toutes les nuits, à la régénération libidinale du psychisme, à la genèse d’une précieuse prime de désir au réveil. Il est l’opération princeps qui s’oppose à la qualité première de toute pulsion, sa contrainte à sa propre extinction. Ainsi fonde-t-il la vie pulsionnelle elle-même. Il en inscrit la source et les déploiements les plus divers jusqu’à son expression spécifique, celle du désir érotique exalté dans la sensualité d’une intimité des corps partagée. Là encore, le meurtre prouve sa présence en tant que clôture de l’aspiration à l’infini propre au fantasme. Cette implication envers le traumatique, via la différence des sexes, s’expose dans les mythes, cosmogonies et cosmologies, les conceptions du monde, antiques et contemporaines, qui lui réservent tous une place originelle, fondatrice.

Ainsi est-il possible d’affirmer qu’au commencement était l’acte de meurtre, avec ses deux destins, générateur et destructeur, qui ensemble l’instituent en tant qu’acte fondateur par excellence ; acte réactualisé par la méthode analytique, au cœur du divan, acte du conflit entre le bras armé infanticide, et le bras suspendu de l’émergence d’un devenir, entre le bris du fracas et la fermeté de la retenue.

Programme

LE MEURTRE FONDATEUR
Aux origines des conceptions du monde

Samedi 22 et dimanche 23 novembre 2014

SPP Bulletin Souscription Programme 24juillet2014-ok
Bulletin d’inscription

LE MEURTRE FONDATEUR
Aux origines des conceptions du monde

Samedi 22 et dimanche 23 novembre 2014

Nom :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Code postal :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    Ville :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   
Téléphone :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .     Email :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   
Secteur d’activité :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
      o Droits d’inscription : 150 €
      o Formation permanente : 340 €
      o Analystes en formation des instituts de psychanalyse de la SPP, APF, SPRF : 90 €
      o Étudiants : 40 € (joindre la copie de la carte)
      En cas d’annulation après le 12 novembre, 50% seront retenus pour frais de dossier
    Règlements par chèque à libeller à l’ordre de la SPP
    Par virement (Code IBAN : FR76 30003 03081 0003726600032 Code SWIFT : SOGEFRPP)


    Le bulletin d’inscription et le versement des droits sont à adresser à

    Colloque de la SPP
    Société Psychanalytique de Paris

    187 rue Saint-Jacques – 75005 Paris

    Dès réception de votre versement, il vous sera envoyé une confirmation d’inscription. 
    Elle sera nécessaire à l’entrée des séances.
    BON DE SOUSCRIPTION

    Pour l’ouvrage à paraître

    LE MEURTRE FONDATEUR
    Aux origines des conceptions du monde

    L’ouvrage sera publié aux PUF dans la collection Monographie et Débats de Psychanalyse et rassemblera l’ensemble des interventions du colloque dans leurs formes définitives. Il paraîtra en Octobre 2015
    Nom :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
    Prénom :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
    Adresse :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
    Code postal :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    Ville :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   
    Téléphone :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .     Email :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   
    Secteur d’activité :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
    Commande :  . . . . . . .  de exemplaire(s) de l’ouvrage « Le meurtre fondateur » à 26€ au lieu de 32€ Prix public.
    L’ouvrage pourra être retiré à la SPP 187 rue Saint Jacques – 75005 Paris à partir du 15/9/15, ou expédié (moyennant participation aux frais d’expédition*)
    Le montant global (ouvrage + éventuels frais d’expédition) doit être acquitté
    o Par chèque bancaire joint    o Par virement   
    Règlements par chèque à libeller à l’ordre de la SPP
    Par virement (Code IBAN : FR76 30003 03081 0003726600032 Code SWIFT : SOGEFRPP)

    Le bon de souscription et le règlement sont à adresser à :
    Société Psychanalytique de Paris
    Colloque de la SPP

    Souscription « Le meurtre fondateur »
    187 rue Saint-Jacques – 75005 Paris

    * Participation aux frais d’envoi :
    o France 4 € pour 1 livre o 5 € pour 2 livres et plus
    o Europe & DOM 9,60 € par livre o TOM 11,40 € par livre
    o Reste du monde 23€ € par livre
    Société Psychanalytique de Paris
    187 rue Saint-Jacques – 75005 Paris
    Tél. : 01 43 29 66 70 • Fax : 01 44 07 07 44
    E-mail : spp@spp.asso.fr – Site Internet : www.spp.asso.fr

    Pour toute information complémentaire, merci de contacter la SPP – Colloque
    187, rue Saint-Jacques – 75005 Paris
    Site Internet : http://www.spp.asso.fr • Mail : scientifique@spp.asso.fr • Tél: 01 43 29 66 70
     

    BLOC-NOTES: Semaine du 27 Octobre 14

    In Uncategorized on novembre 5, 2014 at 11:14

    28 octobre.

    images

    Question insistante, question lancinante, question persécutrice: comment inverser la courbe du chômage, lequel a encore augmenté ces dernières semaines? Quiconque trouvera la réponse et surtout qui sera en mesure de l’appliquer et de lui faire produire des résultats aurait droit à un super prix Nobel d’économie. L’autre jour débat télévisé à ce propos sur le projet de « contrat unique de travail » entre une économiste, un chef d’entreprise, une syndicaliste CFDT et un professeur de droit du travail. Aux confins du dialogue de sourds. Deux logiques étanches se confrontaient: celle du chef d’entreprise pour qui le sésame de l’avenir se nomme «flexibilité» et la syndicaliste pour laquelle il n’était question que de « sécurisation des parcours professionnels ». A partir de quoi la notion de « contrat unique » qui paraissait relever initialement du droit social et du droit du travail devenait une sorte d’objet en pâte à modeler, chacun lui donnant la forme convenant à ses seuls yeux. Gesticulation de sourds inévitablement tant que pour les uns, l’entreprise s’inscrit d‘abord et avant tout dans le droit de la propriété: celle du chef d’entreprise et de ses actionnaires, et tant que pour les autres, l’entreprise doit être considérée comme le bien commun du chef d’entreprise, certes, mais également des « travailleurs et des travailleuses » comme disait Arlette Laguiller au bon vieux temps d’une extrême-gauche qui pouvait encore compter ses troupes. Pour que chefs d’entreprises et syndicalistes dépassent leur point de vue exclusif et restrictif il faudrait que l’Etat arbitre lui même par une vision claire du bien commun et qu’il dispose des moyens tant matériels que moraux pour lui donner consistance, relayé par des syndicats tant patronaux que de salariés, au sens ordinaire, qui oeuvrent également à la réalisation du bien commun. Autant rêver. En dépit d’efforts récents pour se rapprocher, le patronat se trouve en rupture identitaire avec le pouvoir actuel depuis le matraquage fiscal de 2013 tandis que la toute chaude et pitoyable affaire Lepaon donne du syndicalisme l’image d’une réplique de Bygmalion, même si les sommes engagées pour la remise à neuf du logement loué pour le patron de la CGT sont moins pharaoniques. Pour sa part on annonce quotidiennement que le PS est «au bord» de l’implosion mais il est des «bords» très larges. Pour l’instant les «frondeurs» avec les joueuses de sarbacane se contentent d’escarmouches qui demeurent, en apparence du moins, sans impact. Sauf que Manuel Valls qui connaît son petit monde en est déjà à esquisser les traits de ce qui serait une «grande coalition» dans laquelle les futurs rescapés de la législature actuelle pourraient tenir leur congrès dans une cabine téléphonique – s’il en reste encore une debout.

    29 octobre.

    110px-Coat_of_arms_of_Burkina_Faso.svg

    On savait le Mali en danger de mort, la République Centre Africaine fortement menacée, la Côte d’Ivoire toujours convalescente, La République démocratique du Congo peinant à éteindre les feux d’une guerre interne larvée, voici qu’au Burkina Faso le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, est sur le point d’être chassé par un coup d’Etat qui pourrait devenir sanglant et « déstabiliser » un peu plus avec ce pays supplémentaire cette partie stratégique de l’Afrique. Comme Blaise Compaoré n’est plus en mesure de commander aux forces armées nationales et que la foule a envahi les bâtiments parlementaires, l’Elysée et le Quai d’Orsay s’emploient à convaincre le président du «Pays des hommes intègres», autrement menacé de finir en tronçons dépareillés, de quitter le pouvoir volontairement quitte à lui procurer une juteuse sinécure dans l’on ne sait quelle institution internationale. Après quoi l’on jurera ses grands dieux que le temps de la « Françafrique » est clos! Il reste de s’interroger sur le sort de ces pays parvenus à l’indépendance formelle au début des années 60 (le Burkina Faso s’appelait la Haute Volta) et qui ne réussissent pas à sortir de la décolonisation, tant leurs élites, ou supposées telles, se sont coulées avec célérité dans les habits de l’ex-puissance dominatrice. Car pour succéder à Blaise Compaoré pas moins de trois militaires sont déjà candidats au trône présidentiel, en jurant eux aussi leurs grands dieux que c’est à seule fin d’assurer sur place une réelle «transition démocratique». On en mettrait notre main au feu..

    2 novembre.

    images-1

    Le film de Don Taylor: « Nimitz, retour vers l’enfer » (The Final Countdown) avec Kirk Douglas et Martin Sheen, date de 1980 et pourrait passer pour un bon exemple du cinéma de science fiction prévalant durant cette décennie de guerre froide. Rappelons sa thématique. Un porte-avions américain croisant dans le Pacifique est pris dans un orage cosmique qui le fait rétro-gresser avec tout son équipage dans les années 40, avant l’attaque de Pearl Harbour. Peu à peu, par une série d’indices troublants puis d’incidents sanglants, son commandant réalise l’imminence de l’agression japonaise et se rompt la cervelle d’abord pour tenter de comprendre ce qui arrive ensuite pour savoir s’il doit détruire avec ses jets hyper-modernes les monomoteurs à l’emblème du Soleil levant, l’équivalent d’un tir au pigeon. Et c’est alors que le film de science fiction côtoie le pire des films de politique fiction car si le commandant donnait effectivement l’ordre de tir et effaçait de la sorte le désastre de Pearl Harbour en le transformant en victoire américaine ce scénario ne serait rien de moins qu’une réécriture cinématographique de l’Histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée. Heureusement le commandant se verra judicieusement conseillé avant qu’un nouvel orage cosmique – fort dialecticien en l’occurrence – replace le porte-avions dans le sens de la vraie temporalité historique, le 7 décembre 1941 venant de soi se situer avant l’an 1980.

    R.D.

    « SANS CULOTTES » OU SANS SCRUPULES? – Radio J – 3 Novembre 14

    In Uncategorized on novembre 3, 2014 at 11:59

    La Suède est une ancienne nation militariste, aujourd’hui douillette et ludique, située au nord de l’Europe, à des milliers de kilomètres, géographiques et politiques du Moyen Orient. Cela n’a pas empêché son nouveau gouvernement d’annoncer qu’il reconnaîtra unilatéralement un Etat palestinien dont à ses yeux tous les critères requis par le droit international sont réunis. Il est vrai: lorsque l’on tient à se convaincre soi même et à justifier une initiative motivée par des considérations tant de diplomatie externe que de diplomatie interne, la raison se fait serve de l’idéologie et de la supputation des intérêts réels ou supposés.

    La Suède continuera ainsi de donner des leçons de convivialité à un Etat dont il faut être aveugle pour ne pas prendre en compte les menaces qui le visent: un Hamas qui n’a pas désarmé au sud, au nord un Hezbollah dont il faut se méfier 24 heures sur 24, et à l’est un terrorisme endémique destiné à démontrer qu’Israël n’est pas chez lui à Jérusalem. Après quoi l’on claironnera le slogan de « Jérusalem capitale de deux Etats » vivant côte à côte en sécurité.

    Il n’en va pas autrement en France où dans cette même lancée des parlementaires, aiguillonnée par Hervé Hamon et Esther Benbassa, tentent de faire adopter une résolution allant dans le sens suédois. Cependant, en France, mis à part le fanatisme idéologique, il faut faire la part de la politique politicienne interne. Car il ne faut pas s’y tromper: par Israël et Etat Palestinien interposés la gauche de la gauche du Parti socialiste et la fraction la plus extrémiste des Verts visent François Hollande et Manuel Valls dont ils vomissent la politique économique, fiscale et sociale, sans proposer pour autant d’autres «solutions» que celles menant à un effondrement encore plus désastreux que celui actuel de la France.

    Pour ces pétroleurs d’un nouvel âge, cet été, durant la guerre entre Israël et le Hamas, l’exécutif se serait montré par trop «pro-israélien», autant dire blasphématoire au regard d’une «vraie» politique de gauche puisqu’aujourd’hui, dans notre belle République, se proclamer en faveur d’Israël est devenu un crime et un péché. Pour les meneurs de cette partie de la gauche la plus sectaire de l’histoire contemporaine du socialisme, ce péché le président de la République et le premier Ministre doivent l’expier, comme ils doivent expier leur revirement vers les entreprises ou l’abandon d’une politique fiscale qui pourtant s’est révélée calamiteuse. A les entendre, le PS en est resté à 1956, à Guy Mollet et à l’expédition de Suez, et il faut l’en guérir. On penserait alors qu’ils veuillent mener la France vers 2050, vers le futur? En réalité leur horizon serait celui de 1793, lorsque les têtes tombaient comme feuilles mortes, place de la Concorde ou place de la Nation.

    Mais on l’a dit, l’Etat d’Israël, entouré de flammes, n’est pas tout proche et ce n’est pas de sitôt qu’il s’exposera aux lubies de ces révolutionnaires de poche, bien à l’abri dans les lambris et les dorures des palais nationaux où ils peaufinent leurs «résolutions» irresponsables.

                                       Raphaël Draï, Radio J, le 3 novembre 2014.