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LETTRE A THEODOR HERZL – L’Arche Novembre 2006

In Uncategorized on octobre 18, 2015 at 9:48

Theodor_Herzl

Mon cher Président, cher Theodor,

1906-2006, voici un siècle tout juste que tu es soit-disant mort. Cela fait cent ans que tu as quitté corporellement ce monde, à l’âge de 44 ans, à l’âge où le commun des mortels commence à jouir de sa vraie vigueur et de la sagesse nourrie par l’expérience. Tu t’étais physiquement épuisé à la tache. Depuis, tu es plus vivant que bien des vivants réputés tels puisque ton oeuvre te survit et que ton exemple impressionne toujours. Il est vrai que nous vivons un temps de mondialisation géographique mais de réduction des échelles de la valeur humaine. Chacun fixe la norme à ce qu’il est capable d’en assurer, c’est-à-dire à peu de choses. La fabrication des images, images de soi, image de l’autre, permet de faire l’économie de tous les dépassements réels. L’on dissémine ensuite la médiocrité en affirmant que « nul n’est indispensable », sauf naturellement les adeptes de ce denier apophtegme. J’ai la faiblesse de penser le contraire. Il est des êtres indispensables et nécessaires sans lesquels l’Histoire demeurerait larvaire. Tu fais partie du nombre. Lorsque tu vins au monde, le peuple juif s’y trouvait dispersé depuis prés de dix-huit siècles. Une fausse éternité! De cette dispersion, les théologiens sadiques, amour en berne, déduisaient qu’il était haï de Dieu; les philosophes, intelligence repliée, qu’il était hors de la Nature tandis que les Rois et les Sultans, écoutant trop les uns et les autres, exerçaient régulièrement à son encontre leurs fantaisies bouchères. Déjà, jeune étudiant, la violence ambiante ne t’impressionnait pas. Tu savais faire face à la pointe de l’épée ou de la plume. Mais tu sentais bien que l’issue d’un destin collectif ne se trouverait pas dans la volonté privée ni dans la détermination individuelle, qu’il fallait accéder souverainement à l’échelon du droit public et de l’Etat. Bien des pensées écorchées vives t’ont accablé au long de jours plus sombres que des soirs d’hiver et durant d’interminables nuits insomniaques. Tes « Carnets » en témoignent. Jusqu’à ce matin terrible de janvier 1895 où le capitaine Dreyfus fut cassé de son grade, à Paris, dans la cour de l’Ecole militaire. Tu compris que cette dégradation plus que militaire, perpétrée dans la patrie des droits de l’Homme, juste quelques années après la célébration du premier centenaire de la Révolution, n’était pas un acte de ton propre temps mais une sorte de mystère médiéval et qu’il allait couler beaucoup de sang encore. Des certitudes longtemps méditées naissent les intuitions irrésistibles. Celle d’un Etat des Juifs te saisit, à jamais, si forte, si communicative, qu’alliée à ta stupéfiante patience, elle eût raison de la tiédeur des somnolents, des petits calculs qui peuplent la cervelle des Arrivés, de la peur qui paralyse aussi les plus persécutés des persécutés. C’est dans la mise en oeuvre de cette intuition que tu sondas en sa réelle profondeur la misère du peuple juif avec son espérance inaltérée. Pourtant il ne suffisait pas de laisser l’intuition se déployer puis de se communiquer, d’esprit à esprit, jusqu’à ce que l’ensemble du peuple juif la fît sienne. Il fallait l’étayer. Pas plus que tu n’avais étudié le Talmud, tu n’avais été ministre ou diplomate. Ton intuition te fit prophète, non pas au sens banal mais au sens biblique. Il ne s’agissait plus de prédire l’avenir mais de le dire, et de le construire. Toi qui aimas tant les Lettres françaises tu dois te souvenir de la phrase de Mme de Sévigné : « Il faut bien que l’avenir devienne présent ». C’est en 1897, deux ans à peine après l’infamie commise dans l’enceinte de l’Ecole militaire, que s’ouvrit sous ta présidence, à Bâle, le premier Congrès sioniste mondial. Mesure t-on à quel point la tache fut exorbitante? Moi qui suis de la génération de l’Etat d’Israël reviviscent, projeté vers d’autres avenirs encore, je te sais gré d’avoir mis en œuvre ce jour là une autre intuition non moins décisive que la première : l’intuition non pas d’un parti unique, eût-il été baptisé « d’avant-garde », mais d’un mouvement, fluviatile, dans l’espace et dans le temps, rassemblant toutes les composantes, toutes les sensibilités d’un peuple multiple, d’un peuple à la nuque roide – sans cette roideur eût-il traversé les siècles? – mais aux membres épars de la France à l’Ethiopie, de Lwow à Constantine – puisque deux délégués de cette ville te rejoignirent à ce moment crucial. Je te sais gré d’avoir lancé, ce jour là, inscrit dans les deux calendriers, celui de ce Monde – ci et celui du Monde qui vient, vers la haute histoire comme l’on dit la haute mer, l’embarcation de l’Etat juif en nous épargnant l’on ne sait quelle impudente « République juive démocratique et populaire » qui eût été, à brève échéance, fort peu juive et fort peu démocratique mais fort impopulaire. Bien sûr il a fallu affronter les puissances diplomatiques qui dévalaient la pente vers la première guerre mondiale et leur antisémitisme, patent ou latent. Tu n’ignorais pas qu’il fallait composer avec leurs forces spécifiques, montantes ou déclinantes, et parfois avec la fétidité de leur idéologie parce que l’on ne sort pas un véritable Etat d’un monde tellement erratique comme un lapin de son chapeau. Tu rencontras le Kaiser, le Pape le Sultan et l’Empereur en te comportant avec eux non pas tel un solliciteur mais déjà comme leur alter-ego. Chacun d’eux représentait beaucoup de territoires conquis par l’épée, mais tu incarnais tant d’Histoire irréfragable, inscrite sur une terre à la mémoire plus résistante que le diamant! Il fallait bien qu’un jour où l’autre l’on fît là un peu de place à ce peuple d’Israël qui en deux mille ans n’en avait obtenu aucune autre, sinon révocable d’un moment à l’autre. Et ce jour pointa en novembre 1917, en plein conflit planétaire. La lumière trouvait tout juste son chenal dans ces horizons sanglants.

Durant ces temps de doute et de sortie du tombeau tu as su être souple et inflexible, chaque fois au bon moment, avec le bon interlocuteur. Quelle clarté intérieure faisait reculer le découragement et fondre la pusillanimité autour de toi? Stefan Zweig nous l’a raconté: ni le fanatisme religieux, ni le fanatisme anti-religieux, ni l’ambition personnelle, ni le goût faisandé du pouvoir si féroce chez les esclaves qui veulent oublier qu’ils l’ont été. Cette clarté trouvait sa source dans cela qui se nomme l’amour et qui se vit sans s’étaler sur les murs ou sans se chanter sous les balcons. Tu as aimé d’un amour surgénérateur le peuple juif voué à la détestation des autres peuples qui n’étaient rien que des « païens mal baptisés », selon la formule du Pr. Freud qui t’admirait et te soutenait, qui endurait la haine systématiques des philosophes mécaniciens de l’Esprit absolu, qui souffrait de l’abdication des Juifs renoncés. Tu l’as aimé d’un amour contagieux comme tes intuitions, en lui donnant la force d’inscrire peu à peu le rêve dans la réalité, en dépit des crises et malgré les guerres sans cesse recommencées, vers une paix dont il n’aurait pas démérité. Quiconque veut mesurer les péripéties et l’incidence majeure de ton action non seulement sur le peuple juif mais sur l’Histoire contemporaine peut se reporter à tes biographies. Il en est d’excellentes. Nous vivons encore les répliques du séisme dont tu as été l’hyper-centre depuis 1895. En grec Théodore veut dire don de Dieu. Au bout de ce siècle, que Dieu soit béni pour ce don, pour ce que, par toi, il a nous donné et n’a pas repris.

                                             Raphaël Draï, L’Arche Novembre 2006

Salir nos âmes – Arche Novembre 2000

In Uncategorized on octobre 14, 2015 at 10:48

Depuis le déclenchement des violences d’octobre, dans les territoires palestiniens et jusqu’à l’intérieur d’Israël, chaque Juif est conduit à s’interroger sur les buts de guerre des émeutiers qui ameutent une fois de plus – une fois de trop sans doute – l’opinion publique internationale contre l’État juif. Car les moyens utilisés, en ce sens, ne sont pas dissociables des finalités recherchées : démontrer que les Juifs – puisqu’en l’espèce, si l’on ose dire, Juifs et Israéliens c’est tout un – sont déclarés inhumains, c’est-à-dire expulsés hors de l’humanité commune. Cette assertion est si lourde de conséquences qu’il faut en rappeler les antécédents.
Il n’y a pas si longtemps – à peine un demi-siècle un autre type de démonstration était déjà tenté : que les Juifs, quels que fussent leur âge et leur condition sociale ou intellectuelle, étaient unter-menschen, sous-humains. Cette nomenclature ne s’est pas encore complètement effacée de la mémoire contemporaine. Elle n’était elle-même que la déduction d’un ensemble d’autres jugements, passés en forme de damnation et sédimentés au cours des siècles, de la théologie polémique présentant le peuple juif comme déicide, satanisé et témoin survivant de sa propre déchéance. C’est pourquoi les auteurs de la solution finale, d’une part ne pensaient pas commettre de véritable crime, puisque l’on ne transgresse pas un interdit qui n’existe pas, et d’autre part, et corrélativement, pensaient sincèrement rendre service à l’humanité. Pareille conviction explique, entre autres, le silence de Barbie au procès de Lyon en 1987.

CANNIBALISATION

L’on pensait que les leçons de cette disqualification humaine avaient été enfin tirées et que, à tout le moins, les générations de l’après-guerre n’inhaleraient plus un tel poison. Rien n’est moins sûr.

L’entreprise de disqualification, aux pesanteurs psychiques véritablement gravitationnelles, s’est seulement déplacée des Juifs pris individuellement vers l’État d’Israël.
Ce constat clinique n’est pas d’aujourd’hui. Il s’est inauguré juste après la guerre de 1967, lorsque la fameuse  » opinion publique internationale  » se mit à stigmatiser Israël comme s’il s’agissait…. d’une réincarnation de l’Allemagne nazie. Anna Freud a lumineusement analysé ce massif processus inversif dans son ouvrage sur Le Moi et ses mécanismes de défense. David n’est plus juif et Goliath l’est devenu. On permute une fois de plus et l’on continue.
Les spécialistes du marketing nomment cette technique : la cannibalisation de l’image d’autrui. Le procédé ne vaut pourtant que s’il trouve un public prédisposé et une audience prête à s’y reconnaître. Dans ce cas, l’image-stigmate résorbe en elle la réalité intégrale de l’ennemi déclaré. La décontextualisation de cette image doit renforcer la disqualification humaine qu’elle veut mettre en scène.

MARTYR

Cette fois, l’image-choc aura été celle d’un enfant palestinien, Mohamed, abattu par une balle israélienne, un enfant qui meurt dans les bras de son père sans que personne ne lui porte secours. Cette tragédie s’est produite le 4 octobre. Le 11, elle fait encore l’objet central du journal d’Europe 1 qui interroge à ce propos… des Libanais.

Ceux-ci ont fait désormais du petit Mohamed leur martyr. À ce compte, il y aurait beaucoup de martyrs dans les  » cités  » de France où se produisent, hélas, régulièrement, ces incidents et accidents dénommés  » bavures « . Il n’empêche. L’image de Mohamed, enfant-martyr-prophète, a fait, comme l’on dit, le tour du monde. Elle est reprise dans le dernier numéro de Times, qui vivisectionne la séquence filmée par le cameraman d’Antenne 2…
Oubliés les Accords d’Oslo, la mort de Rabin, les premiers progrès de la négociation. Oubliées les véritables mutations de l’opinion publique juive et israélienne en faveur du processus de paix voire de la création d’un État palestinien. Oubliée l’élection de Barak, héritier spirituel de Rabin, contre Netanyahou. Oubliées, symétriquement, les revendications d’Arafat sur Jérusalem, l’immense photo de la mosquée d’Omar apposée dans son bureau et recadrée de sorte qu’aucune pierre du Mur occidental n’y soit visible. Oubliée, sa volonté obstinée de passer en force.

CARICATURE HAINEUSE

Plantu, quant à lui, dans Le Monde du 5 octobre, sous le caramel des bons sentiments, condense la  » une  » de son journal sur une caricature haineuse présentant un soldat israélien tirant froidement sur un enfant palestinien représentant toute l’enfance du monde. Cette caricature recycle à sa manière les récits évangéliques du massacre des innocents. Mohamed a rejoint l’enfant Jésus et, c’est de peu, nous dit-on, que l’on a échappé à une autre caricature du même Plantu, la veille de Roch Hachana, représentant un enfant palestinien crucifié sur une ménorah. L’excès est si obscène qu’à partir du 10, les caricatures du frère Plantu se veulent plus équilibrées, sinon plus équilibristes. En attendant, l’interlocuteur d’Europe 1, précité, a lâché le mot lapidant : « Nos enfants ont pu voir combien les soldats israéliens étaient inhumains « .
Que les Juifs du monde entier se trouvent alors en pleine période religieuse et spirituelle de Roch Hachana et de Kippour, que leurs pensées se dirigent vers autre chose que cette mort qu’on leur impute à flots, importe peu. Jacques Chirac, lui aussi, pris dans ce mouvement de disqualification globale, traite Ehoud Barak comme il n’oserait pas le faire du moindre petit standardiste de l’Elysée. Lui aussi vise à l’âme.
Pourtant, à trop vouloir en faire, l’inverse se produit. Cette fois, et au contraire de 1982 et 1987, le peuple juif dans son immense majorité, selon toutes ses sensibilités, s’est senti agressé, souillé, sali, en ce lieu de lui-même qu’il préserve depuis qu’il a conscience d’être au monde : son âme dont ceux et celles qui prient quotidiennement remercient Dieu de la leur avoir laissée intacte.
La manifestation des Juifs de la région parisienne, le 10 octobre, les a ressoudés face à cette sale guerre, à cette guerre sale. Compte tenu du nombre considérable des manifestants, de l’incommodité du lieu de leur rassemblement, de l’amateurisme des sonorisateurs, la plupart des discours officiels ont été inaudibles. Le froid vent d’automne en dispersait les périodes, comme au-dessus des têtes il dispersait les nuages chargés de pluie. Cependant, chacun a pu entendre, la nuit tombée, la sonnerie du shofar qui prolongeait du haut de la tribune celle de la veille entendue à la fin de la prière de Kippour. Elle disait : les temps sont lourds, mais nos âmes sont intactes.

Raphaël Draï, L’Arche Nov 2000

L’étranger dans les lois de Noé et le Décalogue (Retransmission Colloque du 11 mars 2002 – Centre Alliance Edmond J Safra)

In Uncategorized on octobre 14, 2015 at 10:29

Retransmission Akadem

Colloque du 11 Mars 2002 – Centre Alliance Edmond J. Safra

Les lois de Noé et la condition de l’étranger:

M. Attali – traducteur – R. Draï – juriste – B. Gross – philosophe – S. Trigano – sociologue – L. Vana – professeur

http://www.akadem.org/sommaire/colloques/les-lois-de-noe-et-la-condition-de-l-etranger/les-lois-de-noe-et-la-condition-de-l-etranger-25-05-2015-70956_4409.php

DEMOCRATIE ET TERRORISME, Chronique Radio J du 7 Janvier 2013

In Uncategorized on octobre 12, 2015 at 10:22

La démocratie, on le sait, est loin d’être un régime politique et social parfait. Mais il en est de pire et la tentation serait d’y régresser en temps d’épreuves. Or toutes les démocraties de par le monde sont actuellement affrontées à deux épreuves capitales: le chômage d’un côté, le terrorisme de l’autre. Si ces deux difficultés se cumulent parfois, il faut éviter d’expliquer les raisons de l’une par les causes de l’autre. Le terrorisme, en tant qu’il vise des populations civiles, est un fléau que rien ne peut justifier.

On en connaît l’argument principal: le recours à la terreur exercée, répétons le, contre des civils: hommes, femmes, enfants, vieillards, handicapés, nationaux ou étrangers, serait justement une arme de dernier recours, lorsqu’une autre population, le plus souvent indigène, est opprimée, lorsque ses droits ne sont pas reconnus, lorsqu’elle souffre une injustice permanente et lorsqu’elle doit faire face à une véritable armée, dotée de tous les moyens de la guerre moderne. Mais ce terrorisme là, le terrorisme de la désespérance, n’est pas le seul de son espèce. Il en existe d’autres, notamment celui qui procède d’une idéologie qui n’a rien a envier à celle du colonialisme et du capitalisme présumés inhumains.

Le terrorisme islamiste, pour le qualifier en tant que tel, procède d’une vision d’inspiration prétendument divine de la religion propagée par Mahomet, selon laquelle l’Islam est le dernier mot de Dieu, le sceau de sa prophétie dont toutes celles qui l’ont précédée ne sont que des préliminaires. Il s’ensuit que la vocation de l’univers entier et de l’humanité est bien de se convertir à la seule religion de vérité, la religion coranique; qu’il n’est aucun centimètre carré de la planète qui ne soit appelée à rejoindre le « Dar el Islam » dès lors qu’un musulman de cette sorte y a posé son pied. Il s’ensuit que les pays conquis par l’Islam ne sauraient durablement être reconquis. S’ils l’ont été ils doivent revenir à leur conquérant légitime, par tous les moyens. Quiconque y résiste, activement ou passivement, doit être traité comme ennemi et éliminé, et cela par tous les moyens: assassinats dans les rues ou sur les places publiques, bombes dans les cafés, dans les écoles, dans les autobus, aéronefs précipités contre des édifices humainement habités, et ainsi de suite. Ce qui aboutit à retourner complètement le schéma de la guerre dite « asymétrique ».

Le « fort » n’est plus le soldat surarmé mais le « martyr » qui n’hésite pas à se faire exploser devant une école, dans une gare ou dans le métro. D’où le danger mortel que ce terrorisme raciste fait courir aux démocraties. Celles-ci ne sauraient poster un membre du GIGN devant chaque citoyen, un vigile devant chaque rayon de supermarché. Tôt ou tard des failles se produiront dans un tel dispositif et la vigilance des gardiens se relâchera. Le reste s’ensuivra. Mais cette menace directe n’est pas la seule. Le terrorisme créé tout un climat délétère, l’on dirait presque une culture pathologique: méfiance collective, fouilles à corps, animosité réactionnelle contre les groupes humains d’où les terroristes sont présumés provenir et finalement mise en danger des droits de l’homme. Alors le terrorisme a gagné puisqu’il a gangrené les esprits. D’où cette ligne directrice de la Cour suprême israélienne notamment dans le tracé de la barrière de sécurité: combattre le terrorisme comme si les droits de l’ homme n’existaient pas, mais préserver les droits de l’homme comme si le terrorisme n’existait pas. Formule qui établit une autre barrière, mentale et spirituelle celle là, entre les adeptes de la terreur et les soutiens de la démocratie. Les premiers suivent leur idée fixe aveuglément; les autres n’oublient jamais que la fin ne justifie pas les moyens qui la déjugent. C’est cette différence là qui fonde l’honneur humain et qui par là même assurera la victoire décisive des démocraties d’aujourd’hui, vitales mais tellement fragiles.

                     Raphaël Draï

                Radio J, le 7 janvier 2013