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LE SENS DES MITSVOT: PARACHA VAYEH’I

In Uncategorized on décembre 31, 2014 at 4:53

12 Vay'hiDéc14

« Jacob assembla ses fils et dit: « Rassemblez vous (héassphou) et je vous dirai ce qui vous arrivera dans l’en- suite (béah’arith) des jours. Regroupez vous (hikabetsou) et écoutez ô fils de Jacob et écoutez Israël votre père » ( Gn, 49, 1).

« Tous ceux-là forment les tribus d’Israël, douze, et c’est là ce que leur père leur dit et il les bénit, chacun selon sa bénédiction il les bénit » (Gn, 49, 28).

Le livre de la Genèse se conclut spirituellement avec la bénédiction de Jacob-Israël à l’adresse de l’ensemble des fils qui lui furent donnés par quatre épouses, et tandis que tous se trouvent encore en Egypte, une Egypte hospitalière mais qui se veut au dessus de toute autre appartenance. Cette bénédiction présente trois traits particuliers.

Bien sûr elle est propre au fils d’Isaac et ne se contente pas de répéter les bénédictions qui l’ont précédée. Abraham eut deux fils, Isaac également, mais Jacob, lui, est père de douze fils et d’une fille, Dinah; douze fils qui constituent désormais douze tribus appelées chacune pour sa part mais collectivement aussi à une mission qui les projette, pour chacune d’elles et pour l’ensemble qu’elle constitue à présent liée aux autres, dans un à-venir, ce que le récit biblique précise par la locution ah’arit yamim qui ne veut pas dire « la fin des temps », leur terminus, mais bien l’en-suite des jours, leur continuité, leur incessante révélation.

Il faut alors rappeler la généalogie de cette bénédiction, telle que Jacob-Israël l’actualise au moment de quitter cette vie. Elle remonte à la création de l’Humain, Haadam, et à sa projection, là encore, dans ce que l’on appellera par commodité de langage une Histoire: «Dieu les bénit (vaybarekh otham) et dit: « Croissez et multipliez.. » (Gn, 1, 28). Très tôt l’Humain n’assuma guère cette bénédiction primordiale. D’où le Déluge lequel n’empêcha pas non plus la catastrophe babélique au point de donner à penser que la création de l’Humain avait été une erreur, sanctionnée par un échec sans rémission. Jusqu’au moment où apparurent Abram et Saraï qui entreprirent selon l’invite divine de rétablir l’humanité en ses assises et de la restituer à cette bénédiction générique.

C’est bien ce fil que Jacob, béni dans les conditions conflictuelles que l’on sait par son propre père, ne lâche pas. Seulement à la différence des patriarches qui l’ont précédé il doit le tisser entre une progéniture nombreuse et tumultueuse qui s’est parfois dangereusement approchée du fratricide. L’ombre de cette tentative ne la quitte toujours pas. Une fois Jacob décédé, les frères de Joseph auront besoin que celui-ci les rassure sur ses intentions pacifiques et réellement réconciliées à leur égard.

Le livre de la Genèse qui avait commencé au plan humain par cette bénédiction première s’achève donc par celle que Jacob-Israël délivre à chaque fils, nommément désigné, mais aussi à l’ensemble qu’il forme avec ses autres frères, un ensemble qualifié par deux verbes dont les racines sont respectivement ASsaPH et KBTs. Ces deux verbes ne sont pas redondants. Le premier se rapporte à un ensemble constitué par une addition; le suivant à un ensemble formé à une échelle plus intériorisée, au sentiment d’une intime appartenance. Jacob- Israël les emploie tour à tour parce que, s’agissant du premier, il est bien placé pour savoir ce que l’on éprouve lorsque, une fois devenu père de douze fils, un seul vient à manquer; et pour le suivant parce qu’il n’ignore pas non plus qu’un peuple en formation – car c’est de cela qu’il s’agit – ne peut se constituer durablement si cette addition initiale reste strictement quantitative, si elle ne se prolonge pas dans la commune conscience que l’un n’est rien sans les autres.

C’est pourquoi la mention de ces deux verbes précède dans le verset précité chacune des bénédictions qui seront délivrées personnellement à tous les fils. Ils en conditionnent l’union et ils la pérennisent afin que l’aîné effectif, Ruben, puisse vivre et agir par exemple avec Judah et Joseph lesquels peuvent faire prévaloir bien des titres à la prééminence spirituelle.

On observera enfin que cette bénédiction qui met en évidence les points forts mais également les vulnérabilités de chaque fils est une bénédiction d’étape. L’histoire du peuple hébreu commence tout juste. Les quatre livres suivants de la Thora en relateront les péripéties. Eux mêmes se concluront par une autre bénédiction simultanément individuelle et collective délivrée cette fois par Moïse au peuple éprouvé quarante années durant, sur le point de franchir le Jourdain.

             R.D.

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA VAYIGACH

In Uncategorized on décembre 25, 2014 at 7:34

« Et la nouvelle fut entendue au palais de Pharaon, disant: « Les frères de Joseph sont venus ». Et cela plu aux yeux de Pharaon et de ses serviteurs. Pharaon dit à Joseph: « Dis à tes frères: « Faites ceci: « Chargez vos bêtes et allez directement au pays de Canaan. Et prenez votre père et vos maisonnées et venez chez moi (elay). Je vous donnerai le bon du pays d’Egypte (eth tov erets mitsraïm) et vous mangerez le meilleur de la terre (eth h’elev haarets)(Gn, 45, 16, 18) ».

11 Vayigach23Déc14

Les versets précités doivent bien sûr être mis en regard de ceux qui relateront au livre de L’Exode les commencements de la persécution des descendants de Jacob en ce même pays d’Egypte mais par un Pharaon « qui ne connaissait pas Joseph », qui n’en voulait rien savoir. Dans un pays aussi vaste que cette Egypte là, sur des durées aussi longues, il va de soi que les pharaons se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Celui dont il est question dans la présente paracha se caractérise par sa grande intelligence, par son élévation spirituelle, ses intuitions concernant l’avenir, son sens de l’hospitalité. Ce qui n’en fait pas pour autant le 13eme fils de Jacob! A aucun moment il n’oublie ni qui il est, ni le pays dont il doit assurer le sort. Les descendants de Jacob ne doivent pas l’oublier non plus, pas plus qu’ils ne doivent perdre de vue qu’ils ne sont en ce pays que de passage, qu’ils ne sont pas destinés à s’y implanter, à devenir des égyptiens hébraïques.

En somme, en ce moment de grande effusion affective et presque de sidération mentale, il convient que chacun garde présent à l’esprit sa propre vocation. Répétons le: celle du Pharaon l’incite à rechercher chaque fois le plus grand bien de l’Egypte, d’où cette invite en direction des frères de Joseph, laquelle procède d’un raisonnement en bonne et due forme. Si un seul des fils de Jacob s’est trouvé en mesure de si bien travailler à la prospérité puis à la survie de Mitsraïm, tous les espoirs seront permis lorsque toute la fratrie se sera installée là, pour apporter au pays de Pharaon l’excellence de son savoir collectif, avec le suc de la bénédiction divine. D’ailleurs, ce n’est pas aux marges du pays, dans l’on ne sait quelle province reculée et obscure que les fils de Jacob s’installeront en compagnie de leur père mais comme précise le récit biblique: dans le « bon » (tov) de l’Egypte, de sorte que l’on puisse y consommer le « meilleur » (h’elev) de la terre, et il faut être attentif à cette gradation ascendante.

Seulement, à bon entendeur… C’est bien vers Pharaon, et vers lui seul (elay), que les Hébreux devront se diriger, physiquement et si l’on peut dire culturellement. La clause migratoire qui les favorise ne saurait leur faire perdre de vue que c’est pour l’Egypte qu’ils devront œuvrer, quels que soient les avantages, réels ou présumés, qu’ils en retireront et c’est pourquoi il ne faut pas dissocier ces versets de ceux du début de L’Exode.

Quant aux fils de Jacob, et à Jacob-Israël lui même à présent, sans doute l’invite de Pharaon est elle inespérée au regard de la famine qui afflige le reste du monde habité. Joseph est déjà sur place, dans une position de pouvoir qui permet à chacun d’envisager l’avenir avec un fort sentiment de sécurité. Mais une sécurité de quelle nature? Si les paroles de Pharaon sont accueillantes, certes, elles impliquent nécessairement et à tout le moins une désorientation spirituelle puisque la vocation de Jacob et des siens, en tant que descendants d’Abraham et porteurs de sa promesse, doit les porter au contraire à s’implanter dans le pays de Canaan, initialement dévolu, à Chem, afin de le transformer, de le transvaluer en pays d’Israël. Pour l’ensemble de cette collectivité affectée à ce projet historique et spirituel, le risque est aussi grand que la tentation. Quoi que l’on ait à l’esprit pour l’avenir, sur le moment il ne fait aucun doute que vivre dans le meilleur d’un pays, sachant qu’il faudra un jour où l’autre, et sans doute sans préavis, le quitter pour une autre contrée plus austère, moins immédiatement gratifiante, incite à prolonger sa carte de séjour dans le pays de passage, avec, assurément, le risque de s’y dissoudre complètement.

Débat permanent, pour l’exprimer en termes plus contemporains encore, entre l’intégration et l’assimilation. Risque d’autant plus réel que cette fois Jacob en personne descend en Egypte qui devient par là même son environnement le plus manifeste. Jacob-Israël, de ce point de vue, n’est plus en position d’extériorité vis à vis de Mitsraïm non plus que de sa propre famille. Le moment venu, sortir d’Egypte, pour toutes ces raisons, s’avèrera infiniment plus difficile que d’y entrer.

R. D.

APRES JOUE–LES-TOURS… LE PERE NOEL? – Radio J – 22 Dec 14

In Uncategorized on décembre 23, 2014 at 2:57

L’agression commise par un islamiste fanatisé contre le commissariat de Joué-lès-Tours a été soldée par la mort de l’agresseur, une mort couverte par le principe de légitime défense. Et pourtant l’on aurait pu penser que les fonctionnaires de police s’en tirent uniquement en visant l’agresseur aux jambes. Mais aussitôt rendu sur les lieux le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a salué la détermination et le professionnalisme de ses fonctionnaires et donc justifié par avance leur action. Il ne s’agit pas ici de mettre en question la réaction des policiers menacés d’un coutelas au cri de « Allah Ou Akbar », ni la réaction du ministre de tutelle. Il s’agit de se demander pourquoi lorsque des faits analogues commis dans la banlieue de Jérusalem ou à la gare routière de Tel Aviv, provoquant une réaction elle aussi analogue des agents de sécurité en faction, ces fais entraînent des jugements complètement opposés qui vont jusqu’à mettre en question la politique globale du gouvernement israélien en matière sécuritaire, la personnalité de ses dirigeants, si ce n’est la légitimité de l’Etat d’Israël. En réalité il se pourrait que cette différence de traitement nourrisse d’elle même non seulement le terrorisme qui sévit contre la population israélienne mais encore celui qui vise partout en Europe et plus particulièrement en France les représentants de l’Etat. Et ce n’est pas faute pour la France d’avoir donné massivement des gages au bénéfice d’un Etat palestinien qui ait empêché quoi que ce soit contre le commissariat de Joué-lès-Tours. Même s’il s’en est fallu de peu que le Sénat français repousse la motion portée par la Gauche en ce sens, pour l’opinion publique palestinienne et plus largement arabe la France fera pression sur l’Etat d’Israël afin de le conformer à ses vues. Comme quoi l’on a tort de lier ces deux éléments: la reconnaissance d’un Etat palestinien, et l’instauration d’une paix réelle et durable au Moyen Orient. N’en déplaise à Laurent Fabius, la création d’un Etat palestinien ne saurait se décider par un ultimatum de la France ni de tout autre pays mais par l’instauration préalable d’un Etat qui en soit un, qui assume ses responsabilités et qui ne préfigure un Etat islamique ainsi fanatisé. C’est d’ailleurs ce que les Etats-Unis viennent de signifier à l’Autorité palestinienne en menaçant d’opposer leur veto à toute nouvelle tentative de sa part devant le Conseil de sécurité qui ne satisferait pas à l’obligation incontournable de négociations préalables entre les deux parties directement concernées. Les musulmans ont parfaitement le droit de proférer leur credo: « Allah ou Akbar » partout dans le monde, à condition que ce soit dans les mosquées et autres lieux de culte mais nullement en montant à l’assaut contre des commissariats de police, ni contre des églises ou des synagogues, ni en se précipitant sur les passants dans l’intention de leur couper la gorge. Autrement et dans peu de temps même le père Noël devra solliciter les services d’une protection policière rapprochée.

                     Raphaël Draï zal, Radio J, 22 décembre 2014

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA MIKETS

In Uncategorized on décembre 17, 2014 at 11:14

10 MiketsDéc14

« Pharaon envoya quérir Joseph et on le pressa hors du cachot (…) et Pharaon dit à Joseph: « J’ai fait un rêve mais nul ne peut l’interpréter; j’ai ouï dire de toi que tu comprends un rêve pour l’interpréter ».

Joseph répondit à Pharaon: « C’est au dessus de moi: c’est Dieu qui répondra du bien être de Pharaon » »

(Gn, 41, 14 à 16).

Les deux rêves de Pharaon concluent et parachèvent tous ceux que relate le livre de la Genèse. On n’en retrouvera d’aussi intenses et chargés de sens – mais toujours à interpréter – que dans le Livre de Daniel. La réponse de Joseph atteste en tous cas de sa maturité. Tandis qu’auparavant, et vis à vis de ses frères, il s’autorisait à raconter ses rêves de prééminence et à les interpréter de son cru, cette fois il sait se mettre en retrait et attribuer l’élucidation éventuelle des rêves de Pharaon au seul Créateur qu’il situe clairement au dessus de lui. Hormis cette humilité nouvellement acquise – et après combien d’épreuves! – il faut aussi se demander pourquoi et en quoi la réponse de Joseph était adéquate à la demande de Pharaon. Bien sûr, il ne s’agit pas d’affirmer que l’inconscient pharaonique est, par nature au dessus de l’inconscient de n’importe quel autre individu. Il n’empêche que les rêves d’un être doté d’un tel pouvoir matériel, régnant à ce moment sur l’un des pays les plus puissants du monde habité, n’a pas les mêmes causes ni les mêmes conséquences que ceux d’un simple passant. Joseph est conscient de cette typologie. Devant l’impuissance affichée du maître de l’Egypte et de ses chiromanciens, il prend garde à ne pas se situer comme le détenteur d’une puissance interprétative qui lui ferai retrouver, fût ce à son corps défendant, la position périlleuse qu’il s’était attribuée initialement à l’encontre de ses frères et même à l’encontre de ses parents. Pourtant Joseph ne cède à aucune courtisanerie puisque c’est Dieu (Elohim) qu’il situe au dessus de lui même et par suite, sans forcer le trait, au dessus de Pharaon, lequel dispose d’assez de ressources spirituelles pour ne pas s’en offusquer.

C’est une fois ces précautions prises que Joseph, qui en avait déjà entendu une version externe, se fait raconter par Pharaon en personne les rêves fameux des vaches grasses et des vaches maigres, des épis replets et des épis secs. On n’insistera pas ici sur la « technique » de Joseph pour mettre de la lumière dans ces rêves énigmatiques. Sans rien enlever aux apports de Freud dans la « Traumdeutung », dans « L’interprétation des rêves », il est clair que cette technique comportait des éléments parlants pour comprendre les rêves de son temps. A coup sûr il est possible de voir dans la séquence binaire des rêves de Pharaon, comme pour tout un chacun, des références à ses images parentales. Faut –il rappeler que la symbolique des épis apparaît déjà dans les rêves du jeune Joseph et que ceux-ci sont immédiatement suivis par un rêve faisant manifestement allusion à Jacob et à Rachel? Pourtant, Joseph, lorsqu’il se livre à sa propre et décisive interprétation ne s’arrête pas au degré primaire de cette symbolique. Ce dont il a l’intuition, c’est que la séquence binaire que l’on a relevée trace en réalité une perspective dans le temps. Nul ne sait quels sont les matériaux de la veille ou de l’avant – veille qui auront induit le rêve en partie – double du maître de l’Egypte. Ce qui importe est la position que Pharaon finit par occuper: sur les rives de l’artère nourricière de son pays, ce qui atteste que c’est elle qui sera affectée par ce qui s’ensuit. Le contraste apparaît alors maximal entre les deux- sous parties de chaque partie du rêve. Surtout Pharaon s’avère dans l’incapacité d’empêcher l’émergence des vaches maigres et des épis secs. D’où la nature de cauchemars de ces rêves-là qui l’empêchent de retrouver un sommeil réparateur et la sérénité de l’esprit. Pour Joseph, il est clair à présent que ces deux sous-parties correspondront à deux périodes complètement contrastées des temps à venir. Toutefois, loin de rester passif devant la calamité qui s’annonce Joseph incite Pharaon à prendre les devants sans attendre. Leurs intuitions respectives sont corroborées. On ne choisit pas le chenal d’une information, d’où qu’elle vienne, mais une fois quelle est advenue au lieu d’en faire l’énigme du pire, il faut l’ouvrir sur l’avenir. Et Pharaon, ce Pharaon là, écoutera Joseph.

R.D.

BLOC-NOTES: Semaine du 8 Décembre 14

In Uncategorized on décembre 17, 2014 at 10:33

10 décembre.

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Le projet de loi porté par Emmanuel Macron est peut être doté des meilleures intentions du monde, il présente cependant l’inconvénient qui n’est pas mineur de se mettre à dos la quasi-intégralité des professions concernées. Ce qui pose deux problèmes majeurs. Le premier touche à la conception que l’on peut se faire du parlementarisme. Une majorité parlementaire, quelle qu’elle soit, surtout lorsqu’elle est malmenée par de récentes consultations (municipales, européennes) peut elle ainsi légiférer en force, comme si ses assises étaient réellement assurées dans le pays? On dira que la loi Macron est la digne fille du rapport Attali mais, il faut le répéter, un projet de loi peut-il s’imposer en législation définitive lorsqu’il suscite l’hostilité déclarée des principaux intéressés? L’autre jour, la presque totalité des professions judiciaires – prés de 30,000 personnes, se retrouvait à Paris dans la rue pour clamer que de cette loi elle ne voulait pas. Et il n’en ira pas autrement des professions de santé. On est frappé au demeurant par la solidarité qui se manifeste dans ces professions entre employeurs et employés. Sans doute, répétons le, la Commission Attali s’est engagée dans un schéma satisfaisant pour l’esprit et elle a siégé sous la présidence de Nicolas Sarkozy. En réalité, l’ancien président de la République, tout en affirmant le contraire, s’est bien gardé de mettre en oeuvre ses préconisations. Modernisation soit, chamboulement certes non! L’autre problème de fond touche à la définition de l’Etat et de la démocratie. L’un et l’autre ne sont pas dissociables du concept de contrat social, autrement dit d’une relation politique élaborée paritairement, sans que l’Etat n’opère comme un rouleau compresseur, imposant sa volonté contre la volonté contraire, unanime ou peu s’en faut, des citoyens affligés par cette façon de faire et qui ne sont pas en général, compte tenu de leur formation, de grands débiles intellectuels. Un notaire vaut bien un énarque. On dira également que la France n’a pas le choix, qu’elle doit satisfaire aux objurgations de Bruxelles, qu’elle doit donner des signes de bonne volonté et de bonne composition s’agissant du respect de règles qu’elle s’est imposées à elle même. Mais cette même France doit également veiller à sa paix civile et à ne pas augmenter le degré de ressentiment qui s’y étend de jour en jour. En démocratie, il convient de distinguer politique volontariste et fuite en avant. Sans parler du soupçon d’affairisme qui risque d’altérer cette loi, si elle était adoptée telle quelle, puisque ouvrir le capital initialement investi dans les études de notaires, dans les cabinets d’avocats etc. permettra aux officines spécialisées, en ces temps de sacrifice et de restrictions, d’opérer en miraculeux pays de cocagne.

12 décembre.

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A quelques voix près, la résolution présentée au Sénat par le PS, les écologistes et l’extrême-gauche pour la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien ne passait pas. Ce qui devrait faire réfléchir les députés qui ont cru devoir la voter. Dans cette affaire on aura noté la position en pointe de Laurent Fabius qu’on pensait plus fermement attaché aux fondamentaux de la démocratie. Que ne cesse t-il de proférer? Cette reconnaissance par la France est inéluctable. Le propos tourne à l’ultimatum: il faut qu’elle ait lieu dans les deux ans autrement la France prendra ses « responsabilités ». Voilà le mot, devenu passe-partout du langage politique, lâché. Mais de quelle responsabilité effective parle t-on? Est –il concevable que la diplomatie d’une république comme la France s’engage dans cette politique de pression multiple, la diplomatie à la Fabius comptant sur les Etats membres de l’Union Européenne pour démultiplier ses propres initiatives et s’efforcer de les rendre irrésistibles? Car Laurent Fabius agit de conserve à ce niveau avec Federica Moghérini auprès de laquelle même Leïla Shahid semble pratiquer un pro-palestinisme modéré. Il faudrait d’ailleurs s’interroger sur les causalités internes d’une diplomatie aussi borgne. Ne dirait –on pas que le ministre des Affaires étrangères veuille figurer dans le camp des « frondeurs » et qu’il entende déjuger le pro-israélisme présumé du président de la République et du premier Ministre? Quoi qu’il en soit, il devient de plus en plus difficile en France de se dire pro-israélien, ce qui incite ceux qui le sont à la protestation inaudible, à l’émigration intérieure, ou à l’émigration effective. Il est bien sûr d’autres composantes, plus glauques, dans cette attitude acharnée, méthodique et parfaitement unilatérale. On y reviendra.

14 décembre.

220px-Pierre-Paul_Royer-Collard

« Correspondance d’Alexis de Tocqueville et de P.P. Royer-Collard ». Si l’on souhaite respirer pour quelques heures l’air des sommets, il faut s’y engager. Le premier avait été rendu célèbre par son livre sur la démocratie en Amérique. P. P. Royer-Collard, fut l’une des grandes voix de la Restauration, celle qui avait tenté de concilier ce régime avec l’exigence de la Liberté. Outre que cette correspondance est un échantillon exemplaire de la prose politique du temps: claire, sobre, mesurée, sans emphase mais allant au noyau des questions, elle montre également à quel point les relations affectives ont compté pour les deux correspondants, surtout pour Tocqueville qui situe sans cesse l’image de P.P. Collard comme figure paternelle particulièrement affectionnée. Loin de la politique glaciale et glaçante des « réalistes ». Deux lettres méritent de retenir encore plus l’attention: celle où ces deux grands esprits discutent l’oeuvre de Machiavel. La condamnation est sans appel: on aura beau « contextualiser » et « recontextualiser » cette oeuvre, elle conduit à une tragique impasse. La morale est et doit rester une donnée immédiate du comportement politique et il ne faut y voir aucune faiblesse d’âme mais au contraire la preuve que celle-ci existe.

R.D.

NE PAS DEJUGER LES VALEURS D’ISRAEL

In Uncategorized on décembre 15, 2014 at 6:33

La campagne électorale en Israël prend un tour problématique qui met en question quelques unes des valeurs les plus fondamentales du judaïsme. Il s’agit de ne pas tomber dans cette routine bagarreuse mais de comprendre les enjeux d’une consultation qui se déroule sous une extrême pression internationale, comme on vient de le voir encore avec le vote du parlement irlandais. Quelle est la stratégie qui se dessine sous nos yeux? Elle se résume dans une formule: « Tout sauf Netanyahou, tous contre Netanyahou ». Au terme de cette stratégie violemment ad hominem, les appartenances idéologiques de surface sont balayées comme tapis de feuilles mortes. On le constate avec Tsipi Livni, jusqu’il y a peu Ministre de la justice d’un cabinet de centre droit et qui à présent, sans aucune vergogne, se rallie au parti Travailliste de Itsh’ak Herzog et déjà concocte avec lui, en cas de victoire électorale, une nouvelle mouture de la rotation (rotatsia) au poste de premier Ministre de l’Etat d’Israël, ce qui ne manquera pas de provoquer les risées de la communauté internationale. Quant à Yair Lapid, s’il ne concourt pas ouvertement pour le poste suprême il déclare à qui veut l’entendre que son vœu le plus cher est bien de retrouver le poste de Ministre des Finances lequel est le seul qui permette, selon ses dires, de remodeler en profondeur la société israélienne selon ses vues personnelles. On pleurerait d’attendrissement face à une telle élévation de pensée et un si grand désintéressement. Le tableau en cours est loin d’être achevé puisque d’une part les leaders du Shass n’excluent aucun scénario de coalition et qu’Avigdor Libermann n’a pas de mots assez durs pour mettre en cause à présent le leadership de Benjamin Netanyahou lors de la dernière guerre avec le Hamas. Quant à Naphtali Bennett il consulte toujours son GPS pour savoir comment retirer les marrons du feu. Il est vrai que du moins en apparence le Likoud fait bloc derrière son leader mais l’on aurait tort de minimiser les rancoeurs et les rancunes qui se sont accumulées contre le Premier ministre actuel, notamment dans la guerre à Gaza, lorsqu’il laissait de côté nombre de ministres de sa propre formation pour consulter en priorité dans le Cabinet restreint de sécurité principalement et précisément Tsipi Livni et Méir Lapid. Il n’est certes pas question ici de donner des leçons de morale à tous ces compétiteurs plus acharnés les uns que les autres. Il s’agit juste de relever l’écart entre ces comportements et les affirmations les plus essentielles de l’éthique juive comme par exemple: « Tous les membres du peuple d’Israël sont réciproquement garants les uns des autres ». Un peuple doté d’un système tellement explicite et contraignant de valeurs ne saurait se déjuger. La politique n’a jamais été un exercice de tendresse mais entre le moralisme et le brut rapport de forces il y a bien de la marge. L’on doit alors faire confiance à la maturité du corps électoral d’Israël pour le rappeler à tous les candidats et candidates qui sollicitent ses précieux suffrages. 

Raphaël Draï, Radio J, 15 décembre 2014

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA VAYECHEV

In Uncategorized on décembre 11, 2014 at 1:51

9 Vayéchev

« Voici l’histoire des générations de Jacob: Joseph.. » « Or Israël aimait Joseph plus que tous ses fils… » « Ses frères virent que c’était lui que leur père aimait plus que tous ses frères. Ils le prirent en haine et ils ne purent lui parler en paix » « Joseph fit un rêve qu’il raconta à ses frères… « Et voici que vos gerbes se sont prosternées devant ma gerbe… » (Gn, 37, 2 à 6)

La Thora ne se réduit pas à un récit édifiant, mettant en scène des héros surhumains, dénués de passions et sans aucune faiblesse. Au contraire, chaque fois, elle souligne leur vulnérabilité, leurs passions immaîtrisées, leurs contradictions intimes. Ainsi en va t-il de Jacob-Israël. Sa contradiction la plus intime est indiquée par le verset précité qui s’engage sur le récit des générations (Toldot) – au pluriel – de Jacob et qui ne mentionne en réalité que le seul Joseph. Ses autres frères seraient-ils exclus de la généalogie des Patriarches et en tous cas de la filiation spirituelle avec leur propre père?

Le même récit livre l’explication de cette exclusivité: l’amour que Jacob porte à Joseph et qui le distingue parmi tous les autres membres de la fratrie, un amour lui même causé par ce que Joseph représente pour leur père commun: il est « fils de son grand âge », autrement dit il le rassure. Cette vieillesse là n’est pas sénescente mais créatrice. Qu’en résulte t-il? Une fois de plus le récit biblique ne procède nullement par effets de sourdine et par périphrases: les frères de Joseph en éprouvent rien de moins que de la haine (sin’a) à son encontre, une haine tellement virulente qu’elle les empêche désormais non pas de lui parler mais de lui parler en paix. Leurs échanges ne sont plus que diatribes. Ils ne savent plus s’adresser à lui que sur le mode périlleux de la dispute et de la querelle. Tout ce récit est une invite à une lecture psychanalytique. Quel rapport en effet entre cette dilection paternelle et la haine collective des frères lesquels s’approchent dangereusement de l’abîme du fratricide?

L’amour, surtout dans sa modalité passionnelle, n’est pas un affect comme les autres. Cet affect là est un signe suprême de reconnaissance. L’être qui en est privé se sent rejeté au néant, devient l’équivalent d’un mort vivant. Comme l’amour doit répondre à l’amour, lorsque cette réciprocité n’est plus opérante l’amour récusé se convertit en son contraire et mute en affect haineux. Et c’est bien ce qui advient entre Joseph et ses frères lesquels se sentent non-aimés de celui qui demeure leur géniteur et dont ils ne comprennent pas la passion exclusive pour ce frère tard venu.On observera d’ailleurs à quel point la relation ici décrite est complexuelle car à aucun moment le récit biblique n’évoque un affect de haine des fils non-aimés ou moins aimés pour leur père qui pourtant apparaît comme le principal responsable d’une pareille situation. Toute la haine suscitée dans un tel contexte est reportée par eux sur le seul Joseph. Commet celui-ci y réagira t-il?

Etonnamment par un rêve sans ambiguïté, un rêve de prééminence, de domination dont, là encore, la symbolique, parle d’elle même. Comme toutes les productions oniriques, cette dernière est susceptible de nombreux commentaires et l’on ne peut que relever l’homologie de la technique talmudique d’interprétation des rêves et celle de la « Traumdeutung » freudienne. Certes, le rêve de Joseph est avant tout l’expression de son propre désir, celui que son inconscient doit mettre en scène puisqu’il ne peut s’exprimer dans la vie diurne pour la raison qui a été indiquée: par le blocage de toute parole pacifiante entre les protagonistes de ce véritable rapport de forces. Mais une fois de plus qu’en résulte t-il? Un redoublement, un surcroît de la haine fraternaire. Comment l’expliquer elle aussi? Une hypothèse se forme: tout se passe comme si pour les frères de Joseph le rêve qu’il vient de leur divulguer et qu’ils ressentent comme une provocation cynique exprimait non pas son désir personnel mais celui de Jacob-Israël. Selon une interprétation strictement psychanalytique ce «second tour» de haine réactionnelle peut être compris comme visant indirectement mais cette fois personnellement le père dont la dilection discriminatoire va conduire au drame que la suite du récit biblique relatera.

On l’a souvent dit, lorsque le récit biblique met en évidence des lacunes, des carences, des syncopes de l’intelligence, il décrit aussi comment on y supplée. Et c’est sans doute pourquoi, comme on le verra, une fois que le drame potentiellement fratricide se sera dénoué, Jacob-Israël délivrera à l’attention de ses fils une bénédiction à la fois commune et individuelle, attestant de son indéfectible amour pour chacun d’eux.

 R.D.

Bloc-Notes: semaine du 1er Decembre 2014

In Uncategorized on décembre 10, 2014 at 10:38

1er décembre.

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Nicolas Sarkozy élu président de l’UMP avec 65% des voix. Ce n’est pas un score stalinien mais il est suffisant pour apparaître incontestable. Son principal concurrent Bruno Lemaire peut s’estimer lui aussi satisfait avec ses presque 30% – mais pourquoi ce poing brandi devant les caméras… L’UMP semble donc se sortir de la guerre Copé-Fillon, Copé qu’on n’entend ni ne voie plus, Fillon qui joue toujours au général de Gaulle. L’Opposition se reconstitue lentement mais sûrement ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle pour la démocratie puisque le retour de l’ancien président de la République a la vertu de ressouder une majorité bien mal en point qui ne retrouve un semblant d’unité qu’en votant pour la création d’un Etat palestinien, vérifiant l’adage: « Qui s’assemble se ressemble ». Pourtant la route est encore longue pour Nicolas Sarkozy qui doit se méfier du facteur irrationnel pour ne pas dire « psy » pour la prochaine étape de la compétition: les primaires. La plupart de ses compétiteurs ont été ses ministres, à commencer par Fillon, Juppé ou Lemaire. Qu’on le veuille ou non il y a du parricide symbolique dans cette course à la première place. Un autre obstacle plus visible tient à la composition de l’équipe dirigeante. Nicolas Sarkozy n’a cessé de répéter qu’il voulait un changement complet dans ce domaine. Soit: avec quels hommes neufs et quelles femmes nouvelles? Les « anciens » se pressent pour occuper les postes principaux, drainant avec eux leurs ambitions et jusqu’à leurs tics de posture et de langage. Il n’est que de suivre les louvoiements de Jean- Pierre Raffarin, inconsolable d’avoir été battu une nouvelle fois par Gérard Larcher pour la présidence du Sénat. D’abord soutien de Nicolas Sarkozy il fait à présent les yeux doux à Alain Juppé, sans doute pour doper des enchères dont on ne discerne pas très bien les lots. Surtout, le nouveau président de l’UMP est attendu sur ses propositions pour faire sortir le pays de l’état calamiteux qui le ravage. Depuis plus de trois décennies les propositions de ce type n’engagent que ceux qui y croient mais l’exercice reste un exercice obligé et procure tout de même des points de repère. François Hollande est bien payé pour le savoir, sans cesse renvoyé par ses adversaires à son discours de campagne au Bourget où il ne faisait que mimer François Mitterrand jusque dans sa manière de se tenir devant son pupitre. Quoi qu’il en soit le calendrier de Nicolas Sarkozy reste déterminé par l’échéance de 2017 et il ne semble pas anticiper un départ prématuré de l’actuel hôte de l’Elysée qui se maintient à flot malgré la nouvelle affaire Faouzi Lamdaoui et les ragots rémanents sur sa vie privée. Puisse le nouveau Président d’une UMP sortie du tombeau ne plus confondre « Paris Match » et le J.O. de la République…

6 décembre.

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Aller et retour de François Hollande à Moscou pour y rencontrer de toute urgence Vladimir Poutine, lequel est passé maître es rapports de force. Pour punir la Russie de ses interventions en Ukraine la diplomatie française a décidé de ne pas livrer à Poutine les Mistral que celui-ci a payés rubis sur l’ongle. Qu’à cela ne tienne répond l’intéressé: «Remboursez moi». La transaction a fait l’objet d’un contrat pharaonique qui engage les deux parties. Du coup François Hollande qui ne sait plus comment gagner du temps face aux pressions de Bruxelles se trouve plongé dans un véritable cauchemar. S’il lui fallait rembourser ces sommes énormes, contractuellement convenues, le déficit de la France passerait du rouge au cramoisi. D’où cet aller et retour dans la journée auprès du nouveau tsar pour lui expliquer les véritables intentions de la France, pour jurer que l’amitié entre les deux pays est inébranlable, que la guerre froide ne saurait repartir comme un incendie mal éteint. Poutine s’est-il laissé convaincre? Le soir venu à l’aéroport de Moscou les poignées de main du président français se voulait chaleureuses, expressives, effusives. Edifiante leçon à retenir pour les chercheurs en Relations internationales: l’éthique est belle, gantée de fer. Encore un domaine dans lequel François Hollande a été contraint d’en rabattre. Nous ne sommes plus en 1807 au camp de Tilsitt lorsque Napoléon imposait son traité- diktat à Alexandre II, ne se doutant pas de ce qui l’attendait quelques années plus tard dans les eaux glaciales de la Bérézina …

7 décembre.

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Vraiment attachant « Le retour au pays de Jossel Wassermann ». Ce n’est pas un livre de plus sur l’extermination des Juifs d’Europe et particulièrement ceux de Pologne. Ce qu’Edgar Hilsenrath veut faire comprendre, c’est le fait même de l’extermination, autrement dit l’annihilation méthodique et insensée à la fois de vies vivantes, multiples, plus diverses que les couleurs de l’arc en ciel. Ses personnages ne sont pas des êtres de papier pour littérature romanesque mais des créatures incarnées, avec des corps et des âmes, des pulsions et des aspirations à l’Infini. On pense irrésistiblement aux « Valeureux » d’Albert Cohen sauf qu’à Pohodna nous perdons rapidement l’envie d’en rire. La phrase qui conclut le livre pourrait servir d’exergue à un traité de théologie consacrée à la présence ou à l’absence du Créateur lors des grandes catastrophes humaines: « Je te parie que je trouverai quelque part l’esprit de Dieu ». A chacun et à chacune sa quête et son enquête.

BLOC-NOTES: Semaine du 24 Novembre 14

In Uncategorized on décembre 8, 2014 at 11:47

25 novembre.

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L’affaire Lepaon continue d’agiter les sommets de la CGT et conduit à s’interroger sur l’état du syndicalisme en France. Par leur histoire spécifique les syndicats ouvriers français sont associés aux idées de dévouement au bien commun, de désintéressement, même si leurs modes d’action ont été parfois marqués par une extrême dureté, mais rarement par des affaires d’argent, de concussion, par la recherche d’avantages personnels. Vue naïve des choses? En tous cas, cette image là sort plus qu’altérée par les « révélations » concernant l’aménagement de l’appartement du leader actuel – et probablement précaire – de ce syndicat, si fortement lié quoiqu’il s’en défende au PCF – ou à ce qu’il en reste. A quoi s’ajoutent d’autres éléments de polémique et de disqualification morale concernant les conditions et circonstance de son détachement à Paris. S’il faut en croire les gazettes, la réaction de l’intéressé se condense dans la formule suivante, fortement caractéristique de l’époque: «Les gens s’en foutent». La formule n’est pas inexacte. Dans les temps troublés que nous traversons, sans en percevoir l’issue, l’accumulation des affaires produit l’équivalent de la mithridisation pour l’ingestion des poisons: à la longue l’accoutumance provoque l’insensibilité puis l’immunité du sujet lequel autrement eût été foudroyé. La tonalité de l’époque est bel et bien celle ci: l’absence de pensée, la carambouille des idéologies, la boulimie du pouvoir devenu fin en soi. On a beau dire, répéter, clamer sur tous les tons: «casse cou !» les oreilles sont bouchées. Naturellement, toutes les généralisations sont abusives mais la sur-médiatisation de la réalité n’en fait percevoir que les données scandaleuses, les seules qui fassent l’événement, sachant aussi que l’information en continu confine à l’information d’abattage et qu’il faut tous les quarts d’heure sur des chaînes concurrentielles tétaniser le téléspectateur de base. Une société, un régime politique et – sans aucune emphase – une civilisation peuvent – ils survivre sans vision claire du bien commun ni constante préoccupation de sa réalisation? Les postes ministériels ou autres ne sont-ils destinés qu’à l’augmentation du « capital » de relations déjà accumulées par leurs titulaires lesquels, autrement et sauf rare exception, ne les eussent pas occupés? On le constate aussi dans la campagne pour la présidence de l’UMP. Les marchandages y vont bon train, parfois à la limite du chantage: soutien contre maintien – ou mieux: promotion aux créneaux de pouvoir. Mais le pouvoir pourquoi faire? Depuis deux ans et demi à présent, la Gauche promet, annonce, prédit. Cependant rien ne se passe que la gestion au jour le jour des affaires d’un Etat qui aurait besoin d’une véritable unité de soins intensifs. Bruxelles menace, Berlin fronce le sourcil. Paris promet, refait ses comptes et ses contes.

27 novembre.

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Dans le si beau livre de Bertrand de Jouvenel: «De la politique pure» retient le tout dernier chapitre: «Le mythe de la solution». En un style remarquablement poli, dans les deux sens du mot, l’auteur explique à quel point ce mythe se conforte dans nos souvenirs scolaires, lorsque l’institutrice ou le professeur nous confrontait à des problèmes qui sollicitaient notre sagacité mais dont la solution était connue d’avance. Il en va tout autrement pour ce qu’il est convenu d’appeler les problèmes politiques lesquels se posent, à l’inverse, parce que la solution en est inconnue et qu’il faut non pas la trouver, comme l’on découvre un objet intentionnellement caché, mais la forger. A la triple condition que chacun y trouve son intérêt, que le cœur y soit et surtout que la situation problématique s’y prête selon ses principales composantes, physiques notamment. C’est pourquoi, dans l’état actuel des choses, Il est parfaitement vain de chercher une « solution », pour ne pas parler de « la » solution » du conflit israélo- palestinien. Il vaut plutôt suivre la suggestion de Bertrand de Jouvenel et se contenter d’en rechercher un « règlement » lequel exige bien sûr la réunion des trois conditions précitées mais à un moindre degré. Et une idée en amenant une autre, une quatrième condition semble se dicter d’elle même: récuser le principe même d’une « solution finale », recherchée par confrontation directe ou par le biais d’une diplomatie retorse.

30 novembre.

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Bonne pioche. Trouvé chez un bouquiniste les deux volumes des « Lundis » et des portraits littéraires de Sainte- Beuve, épuisés chez l’éditeur initial. On le répètera jamais assez: dans les périodes où la pensée s’assombrit et semble se raréfier il importe de rester relié aux grandes œuvres, là où elles sont nées et où elles se sont configurées. L’esprit, l’âme, comme le corps ont besoin de cet oxygène sans mélange. Sans tarder j’ai ouvert le premier volume aux pages où Sainte- Beuve analyse l’ouvrage majeur de Tocqueville: « La démocratie en Amérique ». A faire lire et relire dans les facultés de droit et dans les instituts de science politique pour la clarté de l’analyse et l’honnêteté intellectuelle. Continué par le portrait si attachant et juste du savant Ampère dont on mesure les recherches qu’il a nécessitées mais qui ne se voient guère, comme dans les tableaux particulièrement réussis. Il ne faut pas oublier non plus que Sainte-Beuve est l’auteur d’un autre chef-d’oeuvre, son histoire de Port-Royal, constamment rééditée et disponible. Sainte-Beuve a plus que côtoyé Victor Hugo et risqué l’électrocution. Il a suivi sa propre voie, sobre et sans éclats particuliers mais où les arbres fruitiers donnent encore des récoltes riches de sève.

R.D.

ISRAËL: ELECTIONS A HAUTS RISQUES – Chronique Radio J du 8 Décembre 14

In Uncategorized on décembre 8, 2014 at 11:14

Pendant que la communauté juive de France absorbait le choc de la résolution votée par la Gauche à l’Assemblée nationale pour la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien, Benjamin Nétanyahou décidait de provoquer en Israël des élections générales. Pourquoi lier les deux faits? Parce que, face à la détérioration de leur condition civique, de nombreux juifs français s’interrogent sur une décision éventuelle ou probable de âlya. Cependant à entendre les uns et les autres, une inquiétude se fait jour que l’on ne saurait taire. Monter en Israël dans les conditions actuelles n’est-ce pas échanger une situation d’insécurité pour une autre? Comprenons nous bien: il ne s’agit pas ici d’insécurité physique mais bel et bien d’insécurité morale et politique. Car à quel spectacle assistons nous depuis que Benjamin Netanyhaou a cru devoir prendre cette décision qui ne fait même pas l’unanimité parmi les ministres du Likoud? A un déferlement d’insultes et d’invectives dans lequel on chercherait en vain le début du commencement d’une vision d’avenir. Pour Meir Lapid et Tsipi Livni, virés du gouvernement sans préavis, Benjamin Netanyhaou serait un dangereux paranoïaque qu’il faudrait remplacer à tout prix et peu importe par qui – il est vrai de préférence par ces mêmes Meir Lapid et Tsipi Livni. Pour le camp d’en face, Meir Lapid aurait lamentablement échoué dans la responsabilité de ministre des finances et Tsipi Livni ne saurait plus comment s’y prendre pour sortir de son insignifiance électorale. Le reste à l’avenant tandis que les partis dits religieux, qui veulent la peau de Meir Lapid, se proposent au plus offrant. Bien sûr face une pareille foire d’empoigne, l’on dira qu’il ne faut pas s’alarmer, que tout cela démontre la vitalité de la démocratie israélienne. En confortant cette vue des choses ne risque t-on pas plutôt par complaisance de les faire empirer? Car il est deux sortes d’anti-sionismes: l’antisionisme de l’extérieur mais également celui de l’intérieur: l’antisionisme des comportements et des conduites qui caricaturent ou qui déjugent les valeurs du sionisme et du judaïsme puisque l’Etat d’Israël se veut indissociablement juif et démocratique. Car qu’est ce qui paraît dominer dans ces véritables lapidations verbales: la recherche effrénée et pathétique du pouvoir pour le pouvoir. La véritable défense d’Israël commence par savoir balayer devant sa porte. Est-il besoin d’insister sur l’horizon de menaces militaires et diplomatique qui s’assombrit autour de cet Etat? Ce qui nous ramène au vote de l’Assemblée nationale française et au fait que de nombreux juifs de France et d’Europe ne savent plus en réalité à quels saints se vouer pour préserver leur avenir et celui de leurs enfants et petits enfants. Il est temps que Benjamin, Meir, Tsipi, Arié et autres se reprennent et mettent fin à cette affligeante bataille de rue, laquelle se déroule sous le regard des Ahmed Tibi et autres Hannane Zoabi qui s’en pourlèchent les babines. Sans parler de Barack Obama qui tire maintes ficelles en coulisse. Pour un peuple, des élections générales marquent un moment d’une grande gravité. La date du scrutin a été fixée au 17 mars. D’ici là, il importe d’urgence que tous les protagonistes retrouvent leur sang froid, le sens de la mesure, celui du respect mutuel, et sans forcer les mots celui de la périlleuse histoire du peuple juif.

               Raphaël Draï, Radio J, 8 décembre 2014.

LE SENS DES MITSVOT: PARACHA VAYCHLAH’

In Uncategorized on décembre 4, 2014 at 11:12

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« Il donna aussi un ordre au deuxième, ainsi qu’au troisième, ainsi qu’à tous ceux qui suivaient les troupeaux, en disant: « C’est de cette façon que vous parlerez à Esaü quand vous le rencontrerez. Et vous direz: «Voici ton serviteur (âvdékha) Jacob est aussi derrière nous ». Car Il disait: « Je veux l’apaiser (akapéra panaiv) par le présent (béminh’a) qui me précède et ensuite je me présenterai à lui, peut être me pardonnera t-il (oulay yssa panay) » (Gn, 32, 20, 21).

« Jacob resta seul et un homme lutta avec lui jusqu’au lever du jour » ( Gn, 32, 25).

Dans la Tradition juive et dans la symbolique d’Israël, le troisième des Patriarches est associé à deux valeurs suprêmes: la vérité et la paix. C’est surtout à la paix (émeth) et au chalom que s’attachent les versets précités car toute valeur a son envers, si ce n’est sa caricature.

A l’évidence, sachant que son frère aux intentions fratricides s’approche de lui et de son camp, Jacob choisit une stratégie: celle de l’apaisement. Il s’agit de savoir si celle-ci ne confine pas au désistement, à la négation de soi. Cette attitude là résulte d’une analyse psychologique et de l’évaluation d’un rapport de forces. Pour Jacob, il est compréhensible qu’Esaü nourrisse à son encontre ressentiment et haine puisque ce frère unique se sent dépossédé du droit d’aînesse et qu’il se montre inconsolable.

Certes, la rétrogradation qui s’en est suivie dans l’ordre de la bénédiction abrahamique n’a pas empêché Esaü de prospérer matériellement et de devenir une sorte de superpuissance. Jacob ne peut pas ne pas en tenir compte. Lui, est resté homme d’études, pasteur de troupeaux et ne dispose d’aucune force armée, à moins de considérer que ses fils pourraient en tenir lieu. D’où, après avoir opté pour la stratégie de l’apaisement, la tactique à laquelle il se résout: séduire, si ce n’est circonvenir son frère en adoptant une attitude de soumission et en le subornant par une série de présents successifs censés le faire revenir à de meilleurs sentiments. Jacob entend préserver sa vie et surtout celle des siens. Mais ne tombe t-il pas d’un excès dans l’autre au point d’aboutir à l’inverse de l’objectif qu’il se proposait d’atteindre?

D’abord comment peut-il imaginer qu’Esaü, chef de guerre, se fasse dupe de ce stratagème, qu’il ne se tienne pas sur ses gardes, sachant comment Jacob, de son point de vue, a déjà abusé de son état de faiblesse? Cependant, et avant même que de rencontrer son frère, Jacob va devoir faire face à une nouvelle épreuve. Une fois son dispositif de survie mis en place, et alors qu’en pleine nuit il s’apprêtait à franchir le gué du Yabbok, une créature innommée se saisit de lui, le contraint au combat, et cela jusqu’à l’aube. Le dénouement de cet affrontement énigmatique consistera dans le changement de nom du patriarche qui désormais sera nommé Israël. D’où cette interrogation: pourquoi ces deux événement sont –ils juxtaposés comme si le second avait été causé par le premier?

Une des réponses possibles tient dans le mot âvdekha: « ton serviteur » initialement employé par Jacob pour s’adresser à son frère et tenter de se le concilier. Ce mot a été jugé excessif tant sur le plan relationnel que sur le plan spirituel. Sur le plan relationnel, il semble déjuger la position de Jacob en tant que frère aîné de droit depuis que Esaü s’est désisté de cette aînesse et des obligations qui lui sont attachées dans les conditions que l’on sait. Une chose est l’humilité, la ânava, autre chose la négation de soi, l’abaissement, l’auto-humiliation, à la limite du masochisme lequel ne peut que provoquer le sadisme du protagoniste. Tout se passe donc à cet instant comme si Jacob doutait rétrospectivement de sa légitimité et reconnaissait Esaü de facto comme l’aîné véritable. De ce fait même, déroger à ce niveau conduit à déroger au niveau spirituel. Jacob qui se déclare serviteur d’Esaü est-il encore le serviteur de l’Eternel, dispensateur de la bénédiction générique dévolue à l’Humain (Haadam) et qu’Abraham doit relever?

C’est sans doute pourquoi, en cette phase de doute, le combat qui s’ensuit et qui contraint Jacob à se dépasser constitue t-il la preuve que la peur n’est pas le mobile de son attitude; qu’il ne redoute aucun affrontement. Quiconque l’y engage – être humain ou créature autre – n’est pas maître d’en déterminer l’issue. C’est en ce sens que Jacob est nommé Israël. Au terme de ce combat, ce n’est plus Jacob mais bel et bien Israël, l’aîné confirmé en son aînesse, que rencontrera Esaü, qui désormais doit se le tenir pour dit.

                         R.D.

FINIR LE SALE TRAVAIL ?

In Uncategorized on décembre 2, 2014 at 2:39

Tandis que la communauté juive de France s’apprête à subir avec le vote de la résolution PS en faveur de la création unilatérale d’un Etat palestinien une onde de choc analogue à celle du revirement gaullien du début de juin 67, l’offensive diplomatique contre l’Etat d’Israël va se poursuivre au début de décembre au Parlement européen. Cette fois c’est l’assemblée des 28 Etats membres de l’Union Européenne qui est incitée à faire pression sur Israël dans le même sens. On s’est déjà interrogé sur la portée institutionnelle et politique d’une pareille pression dirigée contre un Etat qui ne fait pas partie de cette Union. Sans doute faut-il approfondir l’analyse puisque l’italienne Federica Moghérini actuellement en charge de la politique étrangère européenne se fait fort d’aboutit d’ici deux ans à la création du dit Etat palestinien, création considérée par elle comme le point central de cette politique. On a bien dit le point central comme s’il y allait pour l’Union européenne de sa raison d’être. Une telle outrance conduit fatalement à s’interroger sur les déterminants non plus diplomatiques mais culturels et psychiques de cette attitude. Car l’on aurait pensé que la raison d’être de l’Union européenne était avant tout la paix entre ses membres, leur stabilité interne, la croissance de leur économie, pour beaucoup au bord de l’effondrement. On aurait également pu penser que la priorité pour elle était de définir et de mener une politique véritablement commune en Afrique gravement menacée par l’expansion islamiste, ou en Ukraine, face aux menées séparatistes. Il n’en est rien: l’objectif de Federica Moghérini reste la création coûte que coûte d’un Etat palestinien « sur les frontières de 1967 », comme si de telles frontières existaient le moins du monde. Les seules frontières qui valent d’être ainsi qualifiées au regard du droit international sont celles dont sont convenues par un traité de paix en bonne et due forme et préalablement négocié l’Etat d’Israël d’une part, l’Egypte puis la Jordanie d’autre part. Sous la houlette de Federica Moghérini et de ses émules l’on feint de croire que l’Autorité palestinienne en est vraiment une, que le Hamas ne l’a pas investie d’ores et déjà comme il tente d’investir à l’instar de Gaza tout le territoire de la Cisjordanie. Au regard d’un si grave déni du réel il est indispensable de s’interroger sur cet impératif: « Il faut créer un Etat palestinien ». Cet impératif n’est pas dissociable de la rhétorique insultante dirigée méthodiquement contre Benjamin Netanyahou et son gouvernement. Que cherche donc réellement cette Europe dont tous les scrutins nationaux qui la concernent révèlent le peu d’attrait qu’elle exerce sur les citoyens de ses Etats membres et qui prétend par ailleurs se libérer de son histoire maléfique? Consciemment ou inconsciemment cherche t-elle à voir finir par Palestiniens interposés le sale travail qui n’a pu être complètement mené sur son sol de 1933 à 1945? On le constate: les générations politiques peuvent changer: leurs obsessions, elles, restent immuables.

Heureusement que pour sa part l’Allemagne d’Angela Merkel ne s’y laisse plus prendre.

                               Raphaël Draï, Radio J, 1er décembre 2014

Bloc-Notes: Semaine du 17 Novembre 2014

In Uncategorized on décembre 1, 2014 at 10:59

18 novembre.

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La campagne pour la présidence de l’UMP se poursuit et l’on discerne déjà les stratégies en présence. A l’évidence, Nicolas Sarkozy veut reprendre la tête du parti avant de se présenter aux primaires dont il a accepté le principe. Ses deux principaux challengers: Alain Juppé et François Fillon se trouvent dans des positions différentes depuis l’affaire Jouyet. A tort ou à raison, Alain Juppé se profile comme le sage de la Droite qu’il étend au jusqu’au centre de l’insubmersible Bayrou. François Fillon, lui, surtout depuis la dite affaire semble se faire plus discret. Quoi qu’il en montre, cette affaire pour le moins inattendue écorne son « image », comme l’on dit à présent, puisque dans le monde politique et malheureusement sous toutes les latitudes « l’image », fallacieusement élaborée, s’est substituée à la vérité du visage. Quant à Bruno Lemaire, qui mène une campagne intelligente et sobre, sa visée le dirige non pas vers l’horizon de 2017 mais vers celui de 2022. Comme le petit Poucet, malgré sa grande taille, il sème ses cailloux blancs en direction d’un Palais de l’Elysée encore virtuel mais qui pourrait vite prendre consistance tant la période politique actuelle apparaît incertaine et parfois erratique au regard des présidences passées de la République. Comme d’habitude l’Exécutif suit les événements de prés. Il réalise peu à peu que ses chances de voir la Droite s’étriper s’amenuisent et que dans la prévision et bientôt dans la préparation de 2017 il faudra bien produire des résultats, principalement en matière économique et d’emploi. C’est pourquoi le projet de vœu activé par la gauche du PS pour la création unilatérale d’un Etat palestinien, s’il a ses motivations idéologiques spécifiques, ressemble fort également à une diversion dont on ne peut supputer les lendemains tant elle s’annonce « clivante ». L’UMP s’interroge pour savoir si même elle participera à ce vote que Christian Jacob considère comme inconstitutionnel. « Le Canard Enchaîné » à vendu la mèche en rapportant les « confidences » de Benoît Hamon selon qui ce vote aurait surtout pour but de se concilier l’électorat arabo-musulman des banlieues. Autrement dit la gauche de la Gauche, entraînant la Gauche présumée modérée, s’adonne à un jeu politicien d’un cynisme consommé qui confine à la « diplomatie intérieure ». Ce jeu là s’inscrit à l’inverse des valeurs de la République lorsqu’elle prône l’intégration. Il risque plutôt de désintégrer le régime républicain, fondé en 1958, et dont les fondateurs n’avaient pu imaginer que 60 ans après le début de la guerre d’Algérie une grande partie du problème d’alors serait purement et simplement transférée en France. On pensait que la plaie de l’amnésie n’affligeait que la génération des années 40. Elle s’est largement diffusée à celle des décennies suivantes.

20 novembre.

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On ne le dira jamais assez, pendant que les 28 membres de l’Union Européenne font pression massive sur l’Etat d’Israël, seul de son espèce sur la scène diplomatique, l’Ukraine s’engage vers une dislocation que personne, naturellement, ne dit ouvertement souhaiter. Vladimir Poutine a été accueilli plutôt fraîchement au dernier sommet du G20 à Brisbane mais ne s’est pas laissé désunir. Il a plutôt donné le sentiment que c’est lui qui dédaignait cette instance peu légitime à ses yeux. Ses – si peu – collègues lui imputant des ambitions tsaristes et le projet insensé de reconstituer la zone d’influence qui fut celle de Moscou lors des plus beaux jours de l’URSS, lorsque celle ci pouvait encore donner la change sur sa puissance effective, il laisse dire, annexe la Crimée, soutient le régime d’Assad et mine géopolitiquement et militairement l’Ukraine, sans se faire prendre jamais la main dans le sac. A l’accusation de cynisme et de militarisme, il réplique par celle de « messianisme ». Pour lui la société démocratique internationale subit surtout l’hégémonie des Etats Unis dont les dirigeants ne s’interrogent à aucun moment sur sa véritable légitimité. Pour reprendre une formule de Raymond Aron les Etats Unis sont et demeurent une « République impériale » à laquelle il ne faut surtout pas se soumettre. En somme ce que Chirac disait par Villepin interposé, Vladimir le fait. Et puis, Obama n’est là que pour deux petites années encore tandis que Poutine pourrait dit on rester au pouvoir jusqu’en …2025.

23 novembre.

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Si l’on n’y prend garde nombre de livres, et parfois des chefs d’oeuvre, sont habités par une extrême violence de gestes ou de sentiments à tel point qu’on croirait y entendre les pulsations de l’instinct de mort. Qu’y faire puisque telle est la réalité? La réalité ou une réalité? D’où le grand plaisir avec lequel se découvrent les « Cinq méditations sur la beauté » de François Cheng. On passera sur la grande qualité de l’écriture, ce qui semble aller de soi pour un « Immortel ». Ce qui retient est le sujet proprement dit de ces méditations qui croisent la beauté selon l’Occident et la beauté selon la Chine où François Cheng est né. Sa lecture éloigne deux ou trois heures durant de la violence et de la toxicose du monde actuel. Pourtant si le juste et le bon peuvent se définir la beauté le peut-elle? Les méditations de François Cheng y tendent mais sans qu’une définition, au sens propre du mot, en apparaisse possible. Ce n’est pas que « le beau » soit relatif, de même que la laideur. Tout serait question de regard. Certes mais l’on regarde selon son état d’esprit, selon l’état de son esprit. Au fond, a t-on besoin d’une définition exhaustive? D’une « beauté objective »? La beauté doit rester pudique et s’avouer intimement. Chacun la sienne selon ce que son âme lui en murmure. Cinq méditations à méditer.

R.D.