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HAD GADYA

In Uncategorized on avril 22, 2016 at 4:43

 

H’ad Gadya , h’adGgadya

 

REFRAIN

Delé chrari Baba bé tré zouzin , tré zouzin ,

 

  1. Oudjat el k’ata ( le chat ) , ou klat el ejday ; Délé chrari Baba       bé tré zouzin , tré zouzin,
  2. Oudjat el kelba ( le chien ) ou guedmet el keta , le klat el ejday ( R)
  3. Oudjat el aâssa ( le bâton ) , ou derbet el kelba , leguedmet el keta , leklat el ejday ( R)
  4. Oudjat el nar ( le feu) , ou h’arkat el aâssa , le derbet el kelba , le gedmet el keta , lelat el ejday ( R)
  5. Oudjat el mah ( l’eau) , ou tfat el nar , le h’arkat el aâsa , le derbet el kelba , le gedmet el keta , leklat el ejday ( R)
  6. Oudjat el begra ( la vache) , ou cherbet el mah , le tfat el nar , le h’arkat el aâssa , le derbet el kelba , le gedmet el keta, leklat eljday ( R)
  7. Oudja el débah’( le boucher) , oudbah’ el begra , le cherbat elma , le tfat el nar , leh’arkat el âasa , le derbet el kelba , le gedemt el keta , leklat el ejday ( R)
  8. Ou dja Melekh hamavet ( l’ Ange de la mort) , ou dbah’ el debah’ , ledbah’ el begra , le cherbat el mah , le tfat el nar , le h’arkat el aâssa , le derbet el kelba , le gedmet el keta , le klat el ejday (R)
  9. Oudja Hakadoch Baroukh Hou( Le Saint Béni Soit –Il ) , oudebah’ Melekh hamavet , le dbah’ el débah’, le dbah’ el begra , le cherbat el mah, le tfat el nar , le h’arket el âssa, le derbat el kelba , le gedemt el keta , le klat el ejday

 

Dele chrari Baba betré zouzin , tré zouzin ,

 

LAÂKOUBA EL ÂM AH’OR

HA LAH’MA ÂNIA

In Uncategorized on avril 22, 2016 at 8:47

Ces deux soirs nous lirons la Haggada

Au nom du Créateur qui nous guida

Hors des noires corvées de servitude,

Hors des sentiers sans fin de solitude.

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Il nous faudra chacun nous sentir libre

Comme la Lettre écrite dans le Livre

Pour traverser la Nuit dure et opaque

Dans l’espoir des chantants matins de Pâque.

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Nous n’avions voulu ni les plaies ni la mort,

Nous attendions parole de remords

De la part du surpuissant Pharaon

Face à Moïse et au doux Aharon

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Nous demandions un peu de bonté

Le temps qu’il nous verrait ressusciter

Et recouvrer les fluences du Verbe

Celle de l’eau vive courant dans l’herbe

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Au lieu des amertumes de la glaise

Piétinée tout nus dans la fournaise

Sans en excepter une seule brique

Rémunérée à coups de trique.

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Pourtant avant de partir nous fîmes paix

Avec l’Egypte sans gourdins ni épées

Celle de l’hospitalité du Nil

Non celle des chiens prés des fournils,

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Alors en récitant la Haggada

Au nom de ce Dieu bon qui nous guida

Hors des champs de souffrance et d’hébétude

Pour la délivrance et la complétude

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Nous dirons aux esclaves d’aujourd’hui

Aux dénudés du sort sans aucun huis:

Quiconque ici a faim vienne et mange,

Où s’ouvre grand un cœur, là est un ange:

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Récitons ensemble: H’a lah’ma ânia

Louange au Créateur qui accompagna

Le peuple hébreu constant Témoin du monde

Vers le Mont Sinaï, par la mer profonde.

 

 

           H’ag saméah’

 

Raphaël Draï zal, Septembre 2010

 

 

 

 

 

CINEMA NUNEZ  – Arche Avril 2005

In Uncategorized on avril 21, 2016 at 5:47

 

                                           A la mémoire de mon père,

                                         pour les livres et pour les images.

Presque un an déjà.. Avoir envie, avoir besoin d’appeler au téléphone et se retenir de le faire.. L’être n’est plus, qui répondrait. La mort c’est d’abord cette absence irrémédiable, l’absence physique, le n’être-vraiment-plus-là. L’absence se fait alors invisibilité. Ou plutôt l’être disparu accède à une autre forme de visibilité que celle qui lui était dévolue de son vivant. Mon père, je ne puis plus lui parler, ni le voir depuis ce deuxième soir de Pessah où, selon mon sentiment, il avait décidé de quitter cette vie-ci, lui qui en avait tant le goût et l’amour, en dépit des épreuves qu’il avait endurées, ou plutôt à cause d’elles. Après que nous avions fêté ses quatre vingt ans, il disait chaque matin: « Ce que Dieu m’accorde, c’est du rab.. ». Un surplus de vie qu’il ressentait telle une grâce. Si ce deuxième soir de Pessah il avait refusé ce surplus, c’est sans doute parce qu’il sentait se restreindre autour de lui le cercle de ses amis, partis les uns après les autres et en trop grand nombre. A point que j’hésitais à lui annoncer immédiatement les nouveaux départs, refusant de les dérober complètement à sa connaissance. Lorsque j’eus à lui annoncer le décès de Sylvain Ghrenassia, le père de Enrico, et l’un des ses plus proches amis d’adolescence et d’âge adulte à Constantine, avec Raymond Leyris, j’eus l’impression d’éteindre une lumière supplémentaire dans son appartement cannois, de le confiner dans un cercle lumineux de plus en plus étréci. Son propre départ à fait trembler mes assises.

Bien sûr telle est la condition humaine. Seulement cette condition là chacun doit la vivre à titre personnel et les joies comme les chagrins ne se compensent pas. La perte de l’être cher ouvre d’autres plaies mal refermées. J’aurais tant voulu que le voyage de réconciliation avec l’Algérie, prévu en 2000, aboutisse et l’emmener au cimetière de Constantine dire le Kaddich sur la tombe de ses père et mère qu’il chérissait au-delà de l’exprimable. Enfant, il avait été marqué au fer rouge par leur misère matérielle. Il devait m’en faire la confidence un matin du mois d’août de 1997, alors que je lui avait ramené de la fondation Maëght à saint Paul de Vence une reproduction du tableau de Chagall « La joie de vivre »: « De toutes mes forces j’ai voulu réussir pour effacer de ma mémoire ce chabbat de mes huit ans, lorsque mes parents qui vivaient au jour le jour m’ont demandé d’aller quémander quelques sous chez mon oncle, le bijoutier, de quoi éviter que la table ne reste presque vide, et que cet oncle me rebuta ». Si je me prénomme Raphaël, qui est le nom de son propre père, c’est qu’il me déclara ainsi à l’état civil alors que mon premier prénom eût du être Pierre. Souhaite-il proroger l’existence de son père dans celle de son premier fils? Ce lapsus me poingt chaque fois que je fais réciter la hachkaba, pour l’élévation de son âme. Le rabbin me demande son nom et je dis: « H’ay, fils de Raphaël ». De quelque manière qu’on l’écrive le mot fils est à la fois un singulier et un pluriel. Plusieurs décennies s’étaient écoulées avant qu’il ne se livre à cette confidence et à d’autres encore, emportant avec lui des secrets qu’il n’entendait murmurer qu’à Dieu seul. Depuis son départ je tente de rattraper les signes tangibles de sa vie, de la rendre visible non pas uniquement à mon souvenir individuel qui est douloureusement vivace mais aussi à une histoire collective, celle d’une communauté présente en terre algérienne bien longtemps avant que l’Algérie ne fut conquise par les armées de l’Islam.

Pourquoi évoquer ici le Cinéma Nunez? A Constantine, les cinémas occupaient une place très importante. On venait y chercher l’étonnement, l’oubli, le dépaysement, une aventure que l’existence quotidienne refusait durement. La télévision n’existait pas, déversant comme aujourd’hui à chaque seconde ses tombereaux d’images. Un film était un voyage au long cours, à New York, au Caire, ou à Delhi d’où l’on revenait les yeux écarquillés. Après avoir travaillé en France dans les années 30, et en être revenu à la suite du décès accidentel de sa sœur Georgette, mon père avait trouvé un emploi de placeur dans un cinéma de Constantine, le Cinéma Nunez. Sa passion pour le septième art, son désir aussi de faire échapper ses parents à la misère lui firent accomplir des pas de géant. En quelques années, de placier il devint caissier puis, peu après, directeur du cinéma. Nous y logeâmes. Ses compétences attirèrent l’attention d’une compagnie de cinéma concurrente. Sa direction lui fit des propositions qui le conduisirent cette fois à la direction de plusieurs salles à Constantine, à Bône, à Biskra, avant qu’il ne construise ses propres établissements, le Triomphe et surtout le Versailles de Constantine, une aventure dans laquelle il avait foncé en 1960, croyant dur comme fer au plan de Constantine proclamé par le général de Gaulle en personne. Il demeura en Algérie plus de deux ans après l’Indépendance. Le nouveau Pouvoir ne sut mieux faire que de le spolier. Il revint de son pays natal, blessé au sang, meurtri dans tous ses membres mais avec un désir de vivre presque inentamé. La mort de ma mère qui ne souffrait plus son éloignement l’avait laissé plus désemparé, plus disloqué qu’il ne voulait le laisser paraître aux yeux de ses cinq enfants. Nous lui savions gré de cette enfance d’exception qu’il nous avait donnée, féerique tellement elle était peuplée d’images, de films d’aventures, de magiques dessins animés. Lorsque je fus adolescent, il suffisait que j’exprime le désir de voir ou de revoir un film pour qu’aussitôt il en fasse venir les lourdes bobines, dans leur boîte de métal, des agences prestigieuses de la Paramount ou de la Warner Bros ou de la Métro Goldwin Mayer à Alger. En novembre 1955 il fit projeter un film égyptien intitulé Zouhour el Islam, L’aube de l’Islam, qui relatait les débuts de la prédication du prophète Mahomet. Le film devait rester à l’affiche plus d’un mois. Il draina des foules considérables. Mon père organisa des séances supplémentaires pour les orphelins musulmans de Constantine et récolta des sommes elles aussi considérables à leur intention en vendant au guichet des reproductions de la… Kaaba. Sa réussite à l’échelle de cette ville qui pouvait se montrer féroce ne lui faisait en rien oublier la misère qui y sévissait partout. Je vis tant de fois Zouhour el Islam que ce mois là j’obtint la première place en composition d’Histoire. Le sujet posé par notre professeur venu de France était: « Dites ce que vous savez des débuts de la religion musulmane ».

Maintenant mon père n’est plus pour corroborer ces souvenirs, pour affiner cette mémoire dont il est la source. Je recueille des photos, des livres d’enfance qui compensent la perte des livres qu’il m’avait achetés sans compter dès mon entrée à l’école primaire Montesquieu. La fréquentation des livres m’est devenue une forme de respiration. Un après midi du mois de novembre, ayant achevé mes cours à la faculté de droit d’Aix, je remontais l’une des rues les plus pentue de la ville de Cézanne. Ces dures pentes là me font penser à celles de Jérusalem et à celles de Constantine. S’y est ouverte une librairie où l’on s’en vient chercher des ouvrages autrement difficiles à trouver où à retrouver. C’est là qu’un livre à la couverture bleue me sauta au yeux, un livre de Gabriel Audisio: L’Opéra fabuleux[1]. Audisio qui était né à Marseille a beaucoup marqué la vie intellectuelle algéroise un peu avant Grenier, Camus et Max Pol Fouchet. Je commençait à feuilleter ce livre, le visage de mon père se formant irrésistiblement à mon esprit. Et alors je tombais sur un chapitre intitulé.. Cinéma Nunez. Gabriel Audisio décrivait un meeting qui y avait été organisé sur la question du Socialisme par l’historien Charles-André Julien dans les années 20, lorsque le cinéma était encore muet et que l’accompagnement musical était exécuté dans la salle même. Mon père m’avait souvent parlé de cette époque mythique et de ce lieu pour lui sans pareil où était née sa passion cinématographique.

Lorsqu’une présence humaine se préoccupe de laisser des traces, l’oubli doit déposer sa couronne de poussière. Une trace conduit à une autre trace, une image en appelle à une autre image. Peu à peu, fût-ce un bref instant, l’absence s’absente d’elle-même. Une présence se reconstitue. L’invisible devient visible. Et l’on comprend pourquoi une âme ainsi accompagnée goûte à l’éternité.

                                 Raphaël Draï zal, Avril 2005

[1] Editions Claude Tchou pour la bibliothèque des Introuvables, 2003.

PARACHA METSORA – Le sens des mitsvot

In Uncategorized on avril 14, 2016 at 11:41

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« Voici quelle sera la règle imposée au lépreux lorsqu’il redeviendra pur: il sera présenté au cohen. Sur l’ordre du cohen on apportera pour l’homme à purifier deux oiseaux vivants, purs, du bois de cèdre, de l’écarlate et de l’hysope… »

Lévitique, 2 à 5. Traduction de la Bible du Rabbinat.

Les règles et les liturgies présentées dans cette paracha, comme dans la paracha précédente, peuvent paraître parmi les plus étranges, les plus « ritualistes » et les moins accessibles à l’analyse de toute la Thora. Est-ce tellement sûr, non seulement en prenant en compte les nombreux commentaires qui leur ont été consacrées au cours des siècles mais en raison même de leur signification la plus contemporaine ?

Deux interrogations s’inscrivent en cette direction. La première tient à l’exigence même d’une démarche particulière y compris en cas de plaie non lépreuse. Et l’on pourrait assurément s’interroger sur son bien-fondé et sur son utilité. A quoi pourrait-elle servir puisqu’en l’occurrence la chair est déclaré saine et non affectée par les risques de pathologie dont il a été déjà question ? Le diagnostic certain ne se suffit-il pas ?

En réalité tout dépend de la conception que l’on se forge d’un trouble, quel qu’il soit. En l’espèce le trouble redouté n’est pas confirmé mais il n’empêche qu’il ait eu lieu. Etre rassuré ne veut pas dire que l’on n’ait pas été inquiet et que cette inquiétude ne risque pas de laisser ses séquelles. C’est pourquoi il faut s’assurer de la réelle liquidation du trouble, la confirmer, la valider et ainsi inaugurer une période nouvelle de pleine santé. La crainte liée à la lèpre est tellement forte et insistante qu’il s’agit d’en libérer non seulement le corps mais l’esprit et cela ne saurait se faire à part soi. D’où une fois de plus l’intervention nécessaire du cohen. Car la plaie de la lèpre constitue une mésalliance entre le corps et l’esprit qui assujettit la chair à ce qui la corrompt dans le désordre des valeurs et la dislocation des conduites. Par ces rites, le cohen restaure l’Alliance, la Berith entre ce corps et cet esprit, entre l’individu isolé par un langage de dé-liaison et la communauté qui le restitue à ses propres dimensions relationnelles. D’où le contenu particulier des prescriptions requises en ce sens et leur fonction non seulement symbolique, au sens général, mais véritablement transférentielle.

L’être dont la purification est en attente de confirmation doit se pourvoir de deux oiseaux vivants et purs, autrement dit ayant profondément partie liée avec le vivant, et aussi, entre autres, de bois vifs affectés des mêmes significations. L’un des deux oiseaux sera sacrifié le premier au-dessus d’un réceptacle d’argile mais sur de l’eau également vive afin de clairement signifier d’une part que le trouble à l’origine de cette démarche a bien été identifié, qu’il pas été refoulé, et d’autre part qu’il est désormais procédé, ainsi que l’on vient de l’indiquer, à sa liquidation patente de sorte à inaugurer non pas un temps post-traumatique placé dans l’ombre du précédent mais un temps véritablement nouveau. Et c’est pourquoi la liturgie doit se dérouler sur cette eau vive. De sorte que prévale la symbolique du vivant et du fluent dans laquelle s’insère et se délimite la phase de liquidation complète du trouble antérieur. Car il n’est de bonne thérapeutique que celle qui ne laisse traîner ni résidus ni infections latentes. Une guérison qui mérite ce nom doit être exhaustive ou sinon ne pas être qualifiée en tant que telle pour prévenir les désillusions de la rechute[1].

Mais cette liturgie comporte un autre volet. L’oiseau resté vivant doit être plongé dans le sang de l’oiseau préliminairement égorgé avant d’être relâché et d’être remis en liberté, lancé à nouveau à travers champs. Les deux phases de la liturgie sont alors profondément intégrées. Le déni du trouble et celui plus large encore de la pathologie ne doivent pas entraîner celui de la vie elle-même. Celle-ci doit se poursuivre parce qu’elle est la première des créations et quelle se configure dans la mitsva la plus générique.

De sorte que le choc psychologique initial se résorbe vraiment, laisse place à une mémorisation spécifique qui sera moins celle des vulnérabilités qui ont produit le trouble identifié que celle des forces qui ont permis de le surmonter.

Raphaël Draï, zal, 2 Avril 2014

[1] Cf. l’étude de Freud, Analyse avec fin et analyse sans fin.

Le Sens des Mitsvot: Parachat Tazria

In Uncategorized on avril 7, 2016 at 5:28

27 Tazria14

 Au Rav Dov Elbèze

« Puis le cohen examinera la plaie le septième jour, si la plaie présente le même aspect, si elle n’a pas fait de progrès sur la peau, le cohen la séquestrera (hisguir) une seconde fois(chenit) pour sept jours. Et le cohen au septième jour l’examinera de niveau (chenit): si cette plaie s’est affaiblie et qu’elle n’ait fait aucun progrès sur la peau, le cohen la déclarera pure.

… Mais si cette plaie venait à s’étendre sur la peau après qu’il s’est présenté au cohen et qu’il a été déclaré pur, il se fera visiter de nouveau (chenit) par le cohen.. Si la dartre s’est étendue sur la peau, alors il le déclarera impur: c’est la lèpre ». Lévitique, 5à 7. Traduction de la Bible du Rabbinat.

On peut le constater, cette paracha est une méthodique introduction à une «psychosomatique» biblique, les affections de la peau opérant comme les véritables révélateurs de troubles possiblement plus profonds. Ce qui conduit à deux enseignements majeurs.

En premier lieu, il appartient à chacun de veiller à l’état de son épiderme. La peau n’est pas un simple revêtement cutané mais un organe doué d’une vie propre, donc exposé à une symptomatologie spécifique. La peau est un récepteur de sensations, un capteur de multiples sensibilités, en tant que telle un véritable organe social qui se présente normalement dans une certaine conformation vitale: grain, tonus, éclat, irrigation, ductilité.

Lorsque ces traits s’altèrent, c’est signe d’un trouble qui pourrait être plus profond (âmok) et plus grave. Il ne faut pas tarder à s’en préoccuper. Le verbe hisguir ne veut pas dire exactement séquestration ou quarantaine mais plutôt prise au sérieux, constitution en problématique réelle. Le contraire de la désinvolture. Le symptôme est un avertisseur. Il se rapporte à cette modalité du comportement moral préventif: la zehirout, la capacité de faire attention.

A partir de quoi un examen proprement histologique est engagé par le cohen – personne tierce et désintéressée, mais profondément solidaire – qui consiste en une véritable interprétation du signe devenu apparent pour comprendre s’il se constitue ou non en symptôme durable.

C’est au regard de la nécessité d’une pareille interprétation – comme si l’épiderme constituait un texte – que l’expression chenit, qui indique la reprise, la résonance et la réflexion se fait insistance et récurrente.

Toutefois le diagnostic ne saurait être porté dans la hâte. Chacun sait la signification structurale du chiffre sept. Ce diagnostic doit être attentif, réflexif, élaboratif, et sans doute faire l’objet en cas de besoin d’un examen collégial. A l’opposé de «la langue mauvaise » caractérisée par sa jactance pulsionnelle et par l’absence de toute vraie maîtrise de la pensée délibérative.

Si au terme de cette première phase il se confirme que le signe cutané est superficiel, stable, circonscrit et surtout non expansif, il faudra de toutes façons s’accorder une seconde période d’observation réflexive avant de conclure. Car rien n’apparaît jamais complètement au premier regard ni à la première lecture. Dans ces conditions, au cas où il se confirmerait bien que le signe apparu n’est pas involutif, le recouvrement de la vie normale serait aussitôt indiqué.

Au cas contraire où le signe persisterait, qu’il se graverait dans la peau et dans la chair, ce serait l’indication d’une affection plus grave engageant alors un protocole à la fois personnel et social. On observera à cet effet que le qualificatif «profond»: ÂMoK est formé par les mêmes lettres que le mot KeMâ qui désigne le fait de lier. Dans ces nouvelles conditions, un symptôme de cette profondeur indiquerait la corrélation des niveaux épidermiques, sociaux et spirituels de l’affection avec la nécessité d’une intervention combinée à ces trois niveaux.

Raphaël Draï zal, 26 mars 2014