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Article ActuJ – 27 Juin 2013 – LA JEUNESSE JUIVE, TERRE PROMISE

In ARTICLES, SUJETS D'ACTUALITE on juin 27, 2013 at 6:25

Qu’en est –il de la crise, réelle ou supposée, de la  jeunesse juive en France ? En ce domaine, il faut se garder des constats noircis comme des envolées démagogiques. La jeunesse, au sens chronologique, est un état passager. Encore faut-il l’avoir vécu pour  ce qu’il doit être: un temps de construction, profilé vers un avenir qui en soit un, qui justifie espérance et projets. Lorsqu’une société donnée ne répond pas à ces critères, il est vain de se lamenter sur la raréfaction, le déclin et l’atonie de ces organisations singulières que l’on appelle «mouvements de jeunesse». Sans jouer sur les mots, l’existence et les performances de ces derniers sont inconcevables si n’y est pas suscitée  une jeunesse en mouvement. On a relaté dans ces colonnes ce que les EIF ont apporté à la jeunesse juive d’Algérie durant les années que dura la guerre militaire mais aussi terroriste qui l’ensanglanta. De même, à la fin des années 60 et au début des années 70, la communauté juive de France connut une floraison de ces mouvements vivaces, du Bné Akiva à l’Hachomer Hatsaïr, du Dror aux EI, sans parler de l’UEJF et du CLESS, des Centres communautaires et de tant d’autres formations. Leurs responsables  ou leurs «chlih’im» étaient en mesure de promouvoir leurs propres valeurs mais aussi de réfléchir à la société environnante et de réunir leurs ouailles en congrès pluralistes. Durant un chabbat plein ou  un week-end entier, l’on mettait de côté les identifications partisanes et l’on réfléchissait aux dimensions communes de la jeunesse juive, à ses références  spirituelles, à ses attaches avec l’Etat d’Israël. L’antisémitisme était déjà en pleine désinhibition sous couvert d’antisionisme. A partir de 1973, un changement d’époque se produisit. Il mériterait une analyse à la dimension requise par le désarroi actuel. L’automne de cette année fut bouleversé par la terrible guerre de Kippour qui parut la contre-façon de la Guerre des six jours. Dans le monde juif l’exaltation fit place à l’inquiétude, à un douloureux désenchantement relatif au sionisme héroïsé. L’Etat d’Israël pouvait lui aussi avoir ses irresponsables et ses affairistes! Dans les mouvements de jeunesse, un début de dés-idéalisation, si l’on pouvait ainsi le qualifier, commença aussi, aggravé par le déchaînement de la propagande anti-sioniste. Il faut se rappeler qu’en 1975 l’Assemblée générale de l’ONU vota un texte – abrogé depuis – assimilant le sionisme à une idéologie raciste! On s’explique alors que de nombreux jeunes juifs n’aient pas toujours été en mesure d’assumer cette stigmatisation dans les universités et sur leurs  lieux de travail. La guerre de Kippour marqua simultanément le début de la fin des «Trente glorieuses». A la société de consommation, à l’« affluent society », vilipendée par une sociologie et une philosophie déjantées, succéda la société du chômage et de la précarité. L’Etat-purgatoire saisit l’Etat-providence comme le mort saisit le vif. Quarante ans plus tard, nous y sommes toujours, au point que la notion de jeunesse et celle d’avenir se soient découplées. En France tous les gouvernements qui se sont succédés ont rapidement vu leurs promesses froissées comme  des vieux tracts. Il en résulte ce que d’autres sociologues et philosophes nomment «la société  du vide» où errent des «sujets incertains». A quoi s’ajoutent depuis 2000 les purulences d’un antisémitisme  à visage confessionnel qui déroute les intelligences et qui promeut l’irrationnel  assassin. On en a subit les forfaits notamment à Toulouse et à Montauban. Que faire? Ajuster plus étroitement son casque phonique et ne plus même jeter un coup d’oeil à ses voisins? Si le repli sur soi est une forme de défense contre la société du vide, il faut prendre garde que l’autarcie ne dégénère pas en autisme. Il reste une question. On se contentera de la mentionner en se référant aux deux «Repères» précédents. L’une des missions des mouvements de jeunesse est de créer une pépinière de cadres pour la communauté de demain. L’état présent des institutions juives ne dissuade t-elle pas de pareilles vocations? La «communauté – Providence» n’a t-elle pas mimétiquement laissé place à la  «communauté-Purgatoire»? Aux intéressés de s’interroger sur leur  exemplarité. L’Histoire n’est pas seulement un  concept. Elle exige le désir de vivre et donc le relais des générations. Le plus beau des défis à relever   dans le monde tel qu’il est.

Raphaël Draï.

BLOC NOTES – Semaine du 17 au 24 juin

In BLOC NOTES on juin 26, 2013 at 10:11

24 juin.

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Finalement, le candidat UMP a été élu, avec une marge réelle, lors de l’élection partielle dans le Lot et Garonne afin de pourvoir au remplacement de Jérôme Cahuzac. Le jeune candidat du FN a donc été légalement battu. Juridiquement parlant il n’y a plus à y revenir. Cependant un scrutin est aussi un indicateur de tendances plus lourdes et plus larges. Et sur ce plan les commentateurs ont, à peu d’exception prés, su faire preuve de lucidité. Le FN de Marine Le Pen apparaît en nette progression chez les ouvriers – ou ce qu’il en reste, chez les paysans – ou ce qu’il en reste mais de plus en plus dans les couches – puisque les «classes» n’existent plus -, dans les couches moyennes. Il semble que voter FN ne soit plus considéré comme un passage à l’acte ni comme une transgression. Tandis que se poursuit l‘affaire Tapie, avec le double fond politique que même un aveugle saurait discerner, et que la droite de son côté tente de déconsidérer, politiquement parlant, l’actuel président de la République, et alors que la notion de Front Républicain agonise, le FN se présente comme la seule alternative praticable. On ne reviendra  pas sur son «programme». Qui lit les programmes politiques? Pas mêmes ceux qui les écrivent. Tout cela annonce t-il un changement d’époque? Le pire aussi peut s’élever au carré, comme un nombre mathématique. Après une courte remontée, la côte de popularité de François Hollande rechute. Ce n’est pas qu’il ne se bouge et ne se remue, courtisant les Qataris, recevant à déjeuner la fleur du patronat chinois, le seul qui ait nappé Marx à la sauce capitaliste. Il faut trouver de l’argent, encore de l’argent, toujours de l’argent et la majorité élue en 20912 aura quelque chance de se survivre. Mais pendant que Bernard Tapie endure sa garde à vue dans une salle médicalisée de l’Hôtel Dieu, Nicolas Sarkozy, avec sa barbe à la Gainsbourg, ne pipe mot. Craint-il de sortir la tête hors de la tranchée? Attend-il le moment opportun pour donner l’assaut? En attendant la fin de sa réflexion, il est à craindre que ses troupes ne se débandent et que la pluie ne mouille sa poudre… La casse de la Vème république se poursuit.

22 juin.

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Nelson Mandela entre la vie et la mort. On pourra dire que l’ancien Président de la République d’Afrique du Sud a  bénéficié d’un réel sursis de la part des Anges de la vie,  après sa longue période de captivité sous le régime de l’apartheid. Les temps exceptionnels révèlent toujours ces personnalités d’exception. La question est classique: lequel d’entre nous saurait dire par avance comment il réagirait sous la torture ou s’il était menacé d’une claustration indéfinie? Il arrive que l’instinct de conservation s’abouche à l’une des propensions les plus archaïques de l’humain: la lâcheté qui exacerbe la volonté de se survivre mais sans les valeurs qui font la qualité même de la vie. Comme «nul ne connaît sa base», ainsi que l’affirme le Zohar, il faut agir afin que la politique ne produise pas les cauchemars de la raison où l’espérance humaine se disloque. Dans ce but, il faut savoir faire abstraction de soi et poursuivre l’apprentissage patient du désintéressement. Ce qui exigerait une autre définition de la politique que celle l’assimilant à la volonté obsessionnelle de puissance. Changer de sexe est encore plus facile.

19 juin.

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Avec l’allongement des jours, le plaisir ne se boude pas de rouvrir des livres déjà lus et que l’on voudrait revisiter. Ainsi en va t-il ce jour du fameux «Bloc Notes» – qui a fait école – de François Mauriac. Lorsque j’étais étudiant Mauriac était avec Camus l’un des deux écrivains français que j’aurais voulu rencontrer. Camus avait disparu dans un tragique accident d’automobile mais Mauriac trônait au summum de la gloire. Sa plume instillait chaque semaine le suc des pins landais ou… le curare. Dans un des bloc notes  de 1963 je retrouve ce qu’il disait de la guerre d’Algérie et ses dithyrambes gaulliens. A ses yeux, quoi qu’il eût fait, le Général avait bien fait. «Il fallait liquider, il a liquidé» écrit-il. Hélas nous avons été plus d’un million d’individus, de tous âges, de toutes conditions, de toutes religions, à avoir été ainsi «liquidés». Sauf qu’en mai 1958 nous avions appelé de Gaulle, de toute la force de nos poumons chantant La Marseillaise, pour ne pas l’être, et qu’il l’avait promis. Bien sûr l’on peut jouer sur les mots, décréter que nous l’avions nous mêmes «mal compris» et être considérés comme «les auteurs de notre propre destin» pour reprendre cette formule à la Ponce Pilate de l’auteur des «Mémoires intérieurs». La politique algérienne du Général n’en pose pas moins un incandescent problème moral qu’aucun dithyrambe ne pourra effacer. L’exode de 1940 et celui de 1962 ne s’annulent pas réciproquement. Ils se cumulent. Depuis la biographie de Jean-Luc Barré et la publication de sa correspondance intime de Mauriac, l’on n’ignore  plus quelles passions troubles agitaient la conscience de cet «écrivain catholique». On eût aimé que son sens de la compassion et que son imitation du Christ l’incite à se rendre en Algérie même, auprès de tous ses frères algériens, sans exception, pour mieux comprendre la tragédie dans laquelle ils avaient été plongés. Passe encore qu’il s’en soit abstenu mais un parti pris si flagrant le situe moins parmi les Justes que la France a su chaque fois susciter que du côté des moralistes hémiplégiques. Et du coup j’ai refermé ce livre où les tics de pensée et d’écriture de la diva du Figaro, «couverte d’or» par Pierre Brisson, m’apparaissaient plus saillants.

Chronique Radio J – 24 Juin

In CHRONIQUES RADIO on juin 24, 2013 at 11:49

LA FAUTE DES « GRANDS »  EST UNE  GRANDE FAUTE 

Est-il écrit que décidément nous n’en sortirons pas? Après le séisme qui a ébranlé le grand rabbinat de France il y a peu, cette fois c’est le grand rabbinat d’Israël  qui se trouve affligé par un nouveau scandale. Dès vendredi dernier, la nouvelle était reprise par les journaux et sur Internet: le grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, était assigné à résidence, soupçonné de vol,  de corruption  et de blanchement d’argent illégal! Aujourd’hui il a démissionné, comme il se doit, de toutes ses fonctions mais tout en conservant son titre officiel. Ce qui fait songer à Gribouille, lequel s’étant retrouvé tout nu avait néanmoins gardé son chapeau.

Bien sûr Yona Metzger, comme tout citoyen dans un état démocratique, bénéficie de la présomption d’innocence. Mais dans le monde tel qu’il est, les désastres médiatiques, une fois qu’ils se sont produits, sont rarement compensés par le rendu tardif des jugements. Qu’en penser au delà d’un légitime accablement?

Une michna l’affirme: lorsque, au cours d’un office religieux, le ministre – officiant commet plusieurs erreurs de lecture, c’est toute l’assemblée synagogale qui doit s’interroger sur elle même. Par suite, lorsque des délits de caractère réellement pénal sont imputés à ce niveau, c’est bien sûr toute la communauté d’Israël qui doit s’interroger à cette échelle. Par exemple a t-elle fait preuve d’un discernement suffisant lors de la nomination de telles personnalités? Au cours de leur mandat les a t-elle encadrées rigoureusement? Qui a validé la constitution de leurs «premier cercle» d’amis ou d’affidés?

Sans assimiler les deux situations, de telles interrogations ne sauraient être éludées dans la perspective de la prochaine élection au grand Rabbinat de France. Des fonctions de cette nature ne sont pas des sinécures et ne procurent pas des rentes viagères. Elles exposent à de lourdes responsabilités. Elles exigent, faut-il le rappeler aussi, un complet désintéressement. Quiconque est en quête de pouvoir ou de reconnaissance sociale doit s’en écarter. Sans tomber dans le moralisme il faut prendre la morale au sérieux. Autrement l’opinion publique, la police et les juges s’en chargeront. Il ne faut plus arriver à ces dangereuses extrémités.

 Raphaël Draï. Radio J, le 24 juin 2013

LIBRAIRIE

In LIBRAIRIE on juin 21, 2013 at 4:39

LIBRAIRIE

Les 5 volumes des Topiques Sinaïtiques aux Editions Hermann viennent de paraitre

 

Article Actu J – 20 Juin 2013 – L’OUBLI DE L’ETRE – JUIF

In ARTICLES on juin 20, 2013 at 3:08

L’OUBLI DE L’ETRE – JUIF

C’est peu de dire que la communauté juive de France traverse l’une des périodes les plus difficiles de l’après-guerre. L’on dirait même qu’elle est engagée sur une pente fatale et que son avenir s’abrège. Le plus préoccupant est que ses difficultés entrent en résonance avec celles de la société française. Il y a dix jours un sondage indiquait qu’aux élections européennes de 2014 le Front National de Marine le Pen passerait devant le PS, avec un seul petit point le séparant de l’UMP. L’élection législative partielle qui s’est déroulée dans le Lot confirme ce sondage: le PS se voit éliminé dès le premier tour. Au train où vont les choses, si se poursuivait le jeu de massacre au cours duquel le pouvoir socialiste tente par l’affaire Tapie de neutraliser une probable candidature de Nicolas Sarkozy pour 2017, tandis que l’UMP, de son côté, s’efforce de délégitimer François Hollande au poste qu’il occupe depuis l’an dernier, et tout cela pendant que le chômage augmente et que les ponctions fiscales se succèdent; si en même temps l’islamisme radical accentuait son emprise sur la société française, comme l’atteste la plainte déposée contre Yvan Rioufol pour «islamophobie» alors qu’il n’a fait qu’exprimer son opinion de journaliste libre à ce propos; et enfin si l’extrême gauche, aidée par le Parti communiste, rejouait «1968» en forme de farce, nul doute que les indications de ce sondage et que les résultats de ce vote s’amplifieront. Marine le Pen se retrouvera fatalement en  position de force devant un « Front Républicain » improvisé, débilité et démonétisé.

Or, face à un tel horizon, et au lieu de faire preuve d’unité, les principales organisations juives sont toujours engrenées dans le jeu habituel où les politesses de façade ne suffisent plus à masquer des dissentiments incurables qui n’ont rien à envier à ceux des partis précités. Qu’on en juge. Le président du Consistoire central qui cumule ce mandat avec celui de président de l’ACIP organise un congrès où il croit devoir inviter le président de la République, lequel jusqu’à présent s’était limité, comme il se doit, aux dîners  du CRIF. Aussitôt ses opposants crient à la manœuvre démagogique, au viol de la laïcité et surtout interviennent directement auprès du président de la République pour qu’il annule sa visite. Finalement François Hollande l’a maintenue mais l’a fait payer par quelques formules acides, plus ou moins spirituelles pour ne pas dire déplacées s’il n’y avait pas été incité par ces déchirements. De la même manière, l’élection de Roger Cukierman à la tête du CRIF à peine proclamée, le «Canard enchaîné» se voyait fourni en «indiscrétions» provenant  de notre belle et chère communauté, destinées à déconsidérer le nouveau président de cette institution à vocation spécifiquement politique. Et que penser des « dénonciations » vengeresses et ravageuses qui circulent sur le Net, comme si nos ordinateurs étaient des collecteurs d’eaux grasses…  A quoi s’ajoute la crise ouverte à la tête du rabbinat de France qui laisse ce corps de métier plus désemparé qu’il ne le montre, tâtonnant dans un obscur entre- deux règnes. Pour chacun le souci de son sort personnel risque de l’emporter de plus en plus sur les exigences morales de la profession. Tout se passe comme si, à ce niveau,  la communauté juive de France s’adonnait frénétiquement à la dissolution  de son être propre, à l’oubli de l’être-Juif, et des valeurs qui la qualifient en tant que telle,  adoptant le pire des langages, des conduites, des dévoiements de la société environnante.

Il en résulte depuis quelques mois un discrédit moral sans précédent dans son histoire car, comme l’on s’en doute, ce qui se répand intentionnellement dans la sphère publique ne peut plus être imputé à la malveillance des médias ou à l’antisémitisme pathologique de scribouillards qui d’ailleurs ne le lui font  pas dire. Rétablir l’autorité morale de la communauté juive est une tâche d’extrême urgence qui préservera son avenir politique. Le désintéressement, le sens des limites, l’oubli de soi et non pas de l’Être-juif, le respect scrupuleux de la  vocation spécifique de chaque institution, sont autant d’impératifs catégoriques.

Nul ne doit se méprendre sur ce qu’en diront les historiens futurs ni à quoi ils associeront sans états d’âme le nom de tel ou tel dirigeant  dans l’histoire de la présente décennie: responsable véritable ou..notable inconscient? Il n’est plus temps de tergiverser.

 

Raphaël Draï

Bloc-Notes du 10 au 14 Juin

In BLOC NOTES on juin 19, 2013 at 8:29

Bloc-Notes du 10 au 14 Juin.

Bloc-Notes du 10 au 14 Juin

In BLOC NOTES on juin 19, 2013 at 8:07

Le 10 juin.

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Un sondage de l’IFOP place le Front National de marine Le Pen à égalité avec l’UMP et le PS pour les élections  européennes de 2014. Puisque les intentions de vote relatives au FN sont toujours sous évaluées, il n’est pas impossible que ce parti se retrouve en tête au terme de cette consultation. Ce qui ne signifie pas que la fille de Jean-Marie le Pen sera élue présidente de la République en 2017 mais sa progression vers la magistrature suprême se confirme, pratiquement sans coup férir. Si la fille procède du père, elle a su prendre ses distances médiatiques et rhétoriques avec lui. Elle s’inscrit  de manière délibérée et ostensible dans le cadre de la République et édente tous les discours lui imputant des intentions «fâchisantes».Elle s’est soigneusement abstenue de faire acte de présence lors des manifestations contre le mariage entre personnes du même sexe. Dans une élection au suffrage universel  les voix sont asexuées. Marine Le Pen se contente de compter les points dans les combats politicides entre la gauche et la droite et au sein  de chaque camp. Le discrédit qui affecte de plus en plus fortement cette classe glauque, formée de socialistes professionnels, de gauchistes à cheveux blancs et de gaullistes à reculons, nostalgiques de la 4ème république, ce discrédit  parfois méprisant la fait apparaître comme un recours, en tous cas comme un exutoire. Elle brouille les repères habituels de la sociologie politique et religieuse. Comme le mécontentement actuel déborde les frontières idéologiques et les traditions électorales les mieux établies, elle apparaît neuve, politiquement virginale, et par son âge relativement jeune, incarnant un avenir qui ne fût pas d’ores et déjà flétri. Elle a su éviter adroitement les retombées de la bagarre qui a coûté la vie au jeune Clément Méric et dont on a voulu la charger. Il ne sert à rien de ressasser que son programme politique est écrit sur du papier tue-mouches. L’on verra bientôt ce qu’il en résulte pour l’élection partielle  dans le Lot et Garonne, dans l’ex- fief de Jérôme Cahuzac.

 

12 juin.

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Visite de la Cité du Cinéma et des studios de Luc Besson à Aubervilliers. Jacques Darcy y organise la post-production, comme l’on dit en langage technique, du film qu’il réalise et qui a pour titre «  Ma guerre ».  Ancien producteur de Carné et de Delannoy, il relate l’histoire d’un orchestre et d’une troupe de théâtre qu’il avait montés avec l’aide de la Générale Massu pendant la guerre d’Algérie. L’occasion de faire comprendre ce qu’était la vie quotidienne durant ces années là,  ses attentats meurtriers, ses dures représailles, mais aussi  ses fêtes et ses joies, le tout constituant une histoire écorchée vive dont nous ne sommes toujours pas sortis. Des responsables d’importantes associations d’anciens combattants sont également présents. Au cours des conversations qui se délient, chacun raconte ce qu’il a vécu de la passion algérienne et qui l’a marqué à jamais. J’aurais aimé que mon père, Henri Draï, fût présent à nos côtés. Il avait également la passion de sa terre natale et celle du cinéma. En 1959 il avait inauguré à Constantine l’un des plus belles salles d’Algérie: le Versailles  et rénové l’une des ses plus vénérables: le Vox. Ces deux salles ont été nationalisées en 1963, en violation des accords d’Evian. Débaptisées puis privatisées, elles sont passées ensuite de mains en mains pour n’être plus aujourd’hui en état de fonctionner. Si le Créateur m’en donne l’occasion et m’en laisse le temps, j’espère un jour réaliser à mon tour le film qui racontera son histoire et à quel point mon enfance, avec celle de mes frères et sœurs, a été marquée par ce paradis en noir et blanc, puis en technicolor, où nous vivions, dans le compagnonnage de John Wayne, de Johnny Weissmuler, de Gregory Peck, d’Yvonne de Carlo, de Rhonda Fleming, de Bud Abbot et Lou Castello. Constantine fusionnait alors avec Hollywood et les studios de la Victorine …

 

14 juin,

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Colloque Albert Camus à Marseille, organisé par les collègues Jean-François Mattéi et Hervé Pasqua. Auparavant, il a fallu s’insérer dans le TGV pris d’assaut par les voyageurs qui tentaient d’échapper aux syncopes horaires de la grève des cheminots. Retrouvé Marseille dans une chaleur dessicatoire mais en spectaculaires transformations imputables à sa qualification comme capitale culturelle pour 2013. Le vieux Port est érigé en zone piétonnière. L’avenue de la République blanchit, en plein ravalement à l’incitation d’un fonds de pension texan, dit-on. Aussi les prix flambent. Jean-François Mattéi décrit avec enthousiasme le nouveau Musée de la Ville, le MUCEM, consacré aux arts de la Méditerranée, le plus beau après le Louvre qui reste incomparable. François Hollande a inauguré le musée massilien avec l’arrière-pensée de faire virer la municipalité à gauche avant de repeindre l’hôtel de ville en rose. Du coup le maire actuel qu’on disait sur le retrait se laisse tirer par la manche pour un nième mandat.. Quoi qu’il en soit, la Méditerranée restera toujours bleue.

Chronique de Radio J. Le 11 juin 2013

In CHRONIQUES RADIO on juin 10, 2013 at 9:00

RESPONSABLES OU INCONSCIENTS ?

Hasard malheureux ou coïncidence troublante, la mort du jeune Clément Méric à la suite d’une bagarre extrêmement violente et haineuse, cette mort particulièrement déplorable est survenue le lendemain même d’un sondage de l’IFOP qui doit retenir l’attention. Ce sondage publié notamment sur le site du Figaro concerne les élections européennes de 2014. Pour l’occasion il met à égalité stricte l’UMP, le PS mais aussi le Front National. Ainsi le parti de Marine Le Pen monterait sur le podium à supposer même qu’il n’en occupera pas la première place.

Si ce sondage était confirmé par les urnes, on imagine le séisme politique et psychologique qu’il déclancherait en France, un séisme sans aucune mesure avec celui qui provoqua en 2002 le départ de Lionel Jospin. Il faut néanmoins se préparer à cette éventualité et former quelques hypothèses sur les indications fournies par l’IFOP. Deux causes principales apparaissent qui s’aggravent mutuellement. En premier lieu, l’absence de résultats économiques tangibles de la part de la Gauche au pouvoir depuis plus d’un an. Il est peu de jours sans annonce de nouveaux plans sociaux et sans accroissement du chômage, et cela malgré une succession de ponctions fiscales. Ensuite, et pour le dire cyniquement, une telle situation aurait été du «pain béni» pour l’Opposition si celle-ci avait été unie et cohérente. L’affrontement Copé – Fillon, quoi qu’on en pense, et qui se poursuit toujours, la  rend inefficace et donc inoffensive comme on l’a vérifié lors du débat calamiteux puis du vote sur le mariage homosexuel.

 Des deux côtés, à l’échec politique et économique s’ajoute le discrédit moral qui n’est pas sans retombées étendues, y compris sur l’institution judiciaire. Et cette fois, par le simple jeu des vases communicants du ressentiment, comme le Front de Gauche en est à recycler les lubies de 68, c’est le Front National qui apparaît tout neuf et qui rafle la mise.

Les responsables de la communauté juive en sont prévenus et ne pourront pas dire qu’ils ne le savaient pas. Au delà des délices empoisonnés de la communauté-spectacle, où l’on continue de se déchirer à belles- dents, dans une totale inconscience et dans l’oubli scabreux des exigences de l’être – Juif, ils doivent se réunir pour répondre d’urgence à l’inquiétude de plus en plus épaisse de la communauté réelle.

C’est à ce titre, et à ce titre seulement qu’ils mériteront leur appellation de «responsables».

Chronique de Radio J. Le 11 juin 2013.

CHRONIQUES RADIO

In Uncategorized on juin 10, 2013 at 7:22

CHRONIQUES RADIO.

Bloc Notes – 29 mai au 1er Juin

In BLOC NOTES on juin 3, 2013 at 11:07

Bloc Notes – 29 mai au 1er Juin.

Bloc Notes – 29 mai au 1er Juin

In BLOC NOTES on juin 3, 2013 at 11:05

3 juin.

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Je ne sais quel nouveau Balzac voudra écrire un « Envers de l’Histoire contemporaine » actuelle. Quel sujet haletant que cette guerre politique menée par le moyen de la justice! Après l’affaire Cahuzac et la mauvaise passe qu’a traversée tant bien que mal  le président de la République, mis en cause personnellement par l’Opposition, la réplique n’a pas tardé. Sous forme d’un missile à trois têtes chercheuses dirigées cette fois vers l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. La première cherche à l’atteindre intuitu personae par une mise en examen dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Bettencourt, et cela pour « abus de faiblesse ». Encore un peu et Nicolas Sarkozy sera recherché pour vol de vieilles dames à l’arrachée dans les passages cloutés! Le second engin explosif le vise encore mais par Claude Guéant interposé dont les alibis, notamment dans ses transactions artistiques, ont des tintements de sornettes; et la dernière en date le suit toujours à la trace thermique  pour arbitrage véreux rendu dans l’autre affaire, celle à 400 millions d’euros, qui aurait bénéficié indûment à Bernard Tapie. Du coup, au moins l’une de ces têtes est renvoyée à l’expéditeur par la mise en cause du juge Gentil (sic) pour amitiés trop proches avec une toubib opérant dans sa juridiction, et facturation  de niveau quasiment qatari des interventions de l’amicale experte auprès de Madame l’Oréal, compte tenu des barèmes et des us de la profession. Du coup, les deux autres magistrats concerné(e)s, en droit et en fait, font bloc, brandissent les textes afférents de  leur  déontologie et crient à la tentative de déstabilisation. A quant et où le prochain tir ? Tout se passe comme si la présidentielle était programmée pour l’an prochain. Bien des petites mains s’agitent dans le sens d’un retour de Nicolas qui n’y penserait pas  seulement « en se rasant chaque matin » mais « pratiquement tous les soirs », ce qui fait des journées bien remplies. Le jeu de massacre, ouvert ou feutré, continue également à l’UMP car nul doute que les ambitions de la NKM  – qui vient de s’imposer lors des primaires de son parti, ou ce qu’il en reste – ne se limitent pas à la Mairie de Paris. L’on demeure parfois pantois, en entendant les un(e)s et les autres répondre du tac au tac à chaque interview, selon les leçons des meilleurs « coachs » en « com’», par leur incapacité à respecter le moindre temps de réflexion. L’on dirait que toute leur  scolarité s’est passée à apprendre comment river des clous. Pendant ce temps le chômage augmente encore un peu plus. Pourtant François Hollande n’en démord pas : la courbe fatale se retournera avant la fin de l’année. Il paraît que madame Soleil – c’était son vrai patronyme- s’est définitivement couchée en 1996. Entre temps nouvelle saignée fiscale. Ce que le gouvernement ne peut tirer d’un bras, il le tire de l’autre.

 31 mai.

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Est-ce le commencement d’un « printemps turc »? Emeutes violentes dans les principales villes du pays, brutalement réprimées par les forces de l’ordre sur injonction du gouvernement Erdogan. Le conflit  syrien  commence à faire tache d’huile dans cette région du monde où de fortes minorités ethno- confessionnelles sont imbriquées dans des majorités instables. Chaque pays concerné dispose ainsi d’une tête de pont et d’un marigot bourbeux pour menées subversives contre quiconque prend le parti de ses propres mortels ennemis. Cette considération ne suffit pas pour expliquer les départs de feu actuels. Depuis son arrivée au pouvoir, Erdogan ne cesse de se radicaliser – du moins en paroles, écornant dangereusement l’image de la Turquie laïque héritée d’Ataturk. On l’a vu dans l’affaire de la flottille turque lancée contre Israël sous couvert d’aide humanitaire à Gaza. Recep Erdogan a toujours cherché l’affrontement verbal et diplomatique, sans pouvoir d’ailleurs retourner véritablement ses alliances. A force de se radicaliser de cette façon, il a fini  par radicaliser mais contre lui la jeunesse turque qui doit choisir entre le foulard et le bâillon. Pour l’instant, il en résulte que Bachar El Assad ne fabule plus en espérant tenir bon face aux rebelles syriens ou camouflés sous ce label. Surtout que l’Union européenne et que les Etats-Unis ne sont pas prêts à fournir l’ALS en armement autre que moral. Pour paraphraser un sketch célèbre de Bourvil, la Syrie libre, oui! El Qaida, non! A moins de vouloir qu’à chaque carrefour de Londres, de Paris, ou de Bédarieux, un jeune islamiste, sorti tout droit du Coran-internet, se jette avec son cutter ou sa machette sur les volontaires de l’Armée du salut confondus avec les Gardes Républicains de la France mécréante …

29 mai.

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Commencé la lecture du roman de Sofia Oksanen Les vaches de Staline. Quant à l’unité de lieu, dépaysement complet. Les choses se déroulent essentiellement dans les relations entre une mère, Anna, et sa fille, Katériina  (avec deux i), celle-ci à la fois boulimique et anorexique, et entre l’Estonie, sous  la férule soviétique et la Finlande qui a su et pu se l’épargner. Un roman hyper- réaliste de plus, à base de déjections bio- organiques et de complexe d’Œdipe mal ficelé, avec régression au stade oral ? C’était le danger couru par Sofia Oksanen. Pourquoi l’a t-elle évité ? Parce que ces troubles-là ne sont pas dissociables des langues qui se chevauchent et se combattent les unes les autres dans le cerveau de la jeune Katériina: l’estonien, langue asservie; le russe, langue asservissante; et le finlandais, langue méprisante. Ce n’est pas tout. Au fil des pages l’on constate à quel point la consommation, du vrai café au sexe, était devenue obsessionnelle  dans les populations sous le joug  du Grand frère. Cela rappelle une phrase du Docteur Jivago, citée de  mémoire : «  Sous l’ancien régime, les questions métaphysiques portaient sur la liberté et sur l’avenir. Depuis la révolution elles portent sur le  pain et sur le  charbon ». Difficile conciliation, jamais complètement atteinte,  entre le  stade oral et l’instance de l’idéal.. A méditer par les psychanalystes, certes, les linguistes mais également par les politologues et les économistes.

PROBLEMES DE REFUGIES

In ETUDES ET REFLEXIONS on juin 1, 2013 at 11:54

PROBLEMES DE REFUGIES.

PROBLEMES DE REFUGIES

In ETUDES ET REFLEXIONS on juin 1, 2013 at 11:52

Aucun Etat, à commencer par l’Etat d’Israël, ne peut laisser sans solution un problème humain, interne ou externe, lorsqu’il se pose à lui.  Le problème des réfugiés est de ceux là. Il affecte de vastes, de trop vastes collectivités humaines qui pourrissent moralement dans les lieux où elles croupissent physiquement, en se transmettant rancune et haine de génération en génération. Seulement, un problème de cette nature ne saurait trouver de solution effective lorsqu’il change de nature, que les populations en question sont transformées en armes de guerres, en armées de «réoccupation», visant à détruire les nations et les Etats où elles seraient retournées. Telle est, on le sait, la difficulté inhérente à un règlement sinon définitif en tous cas satisfaisant du problème des réfugiés palestiniens. L’autorité palestinienne conçoit leur «  droit au retour » comme une machine de guerre démographique qui  sapera les fondements mêmes de « l’Etat Juif » et rendra impossible la vie de ses habitants. Ce droit-là est mentionné en France par le sigle DAR, ce qui en langue arabe désigne « la maison ». L’allusion est claire. Dans ces conditions, l’on ne s’étonnera pas que les gouvernements successifs de l’Etat d’Israël se soient refusés à cette manoeuvre. Les intérêts vitaux de l’Etat dont ils ont la charge ne sont pas moindres que ceux des Etats Unis, de l’Australie, de la France ou de la Turquie face aux myriades de réfugiés syriens. Si la France devait délivrer tous les visas demandés par la seule Algérie, au moins un million de citoyens de ce pays ne tarderaient pas à affluer sur ses côtes. Même François Hollande s’y refuse. La question des réfugiés palestiniens devrait être loyalement abordée et réglée  dans le cadre de négociations ayant une paix véritable pour objectif avéré. Ce n’est pas la seule dimension de la question. Depuis 1948, le problème particulier dés réfugiés palestiniens  a été présenté comme celui du monde arabe tout entier. Ce changement d’échelle ne saurait se produire à sens unique. Si les guerres qui ont ensanglanté cette  région, et qu’Israël n’a pas voulues  puisqu’il a été agressé militairement le jour même de sa naissance, ont provoqué l’exode de  nombreux arabes, ainsi dénommés, elles ont simultanément rendu intenable la situation des Juifs habitant cette même région et, au delà, de tous les Etats arabo-musulmans.  Depuis 1948 au moins la présence juive est devenue pratiquement inexistante dans le Dar el Islam où elle se manifestait parfois des siècles avant la conquête entreprise par les armées à l’enseigne du Coran. Au delà des mythes relatifs à des âges d’or qui n’ont été que de circonstances et toujours  fragiles, il faut s’interroger sur les causes de cette précarité. Elle s’explique en grande partie par la condition de « dhimmi » qui était celle des non -musulmans dans les régimes islamistes. Une condition qui devint intolérable avec la révolution des droits de l’homme et du droit des peuples à disposer d’eux mêmes. Cependant,  l’on aurait pu penser qu’en dépit des crises et des guerres,  les Juifs des pays arabes  y seraient demeurés, sans craindre  pour leurs personnes, sans spoliations, sans menaces de mort. La France est en guerre au Mali. Elle l’a été en Afghanistan  ou en Irak, y compris sous Mitterrand. Les populations arabes vivant en France et qui, elles aussi,  sont largement constitués de réfugiés –ceux de la politique ou de la misère – n’ont pas été pour autant poussées à l’exil et au déracinement. Prés d’un million et demi de Juifs ont été contraints de choisir entre le départ forcé avec la spoliation de tous leurs biens, et la terreur ou la mort. C’est en catastrophe qu’ils ont été éradiqués pour trouver  refuge dans des pays  où le mot accueil ne rimait pas toujours avec bienvenue. Là, au lieu de croupir  et de remâcher leur ressentiment, ils ont reconstruit leur existence, sans rien renier de leurs racines. Il ne s’agit pas de débattre si les guerres d’Israël furent justes ou injustes. Les historiens les plus engagés reconsidèrent leurs positions initiales. Il faut seulement souligner que lorsqu’elles ont éclaté les Juifs des pays arabes ont été aussitôt identifiés à l’ennemi honni. En droit et en morale, les injustices ne se compensent pas mais tant qu’à souligner les unes, il faut ne pas occulter les autres. Ce qui est non moins vrai pour les Juifs d’Algérie. Pour quel résultat? Il était une fois un Juif français qu’habitait la passion du cinéma et de son Algérie natale. En 1959, il y construisit deux salles de toute beauté. Il demeura sur place après l’indépendance. Un matin, deux inspecteurs de police lui signifièrent que ses biens étaient placés sous séquestre,  qu’il n’avait pas d’autre choix que de déguerpir, sans aucune opposition, ni  indemnisation. Cet homme quitta la terre natale de ses ancêtres pour devenir un « rapatrié », autant dire un réfugié. Depuis, ces salles ont été privatisées à nouveau, puis fermées faute de maintenance. A  présent, débaptisées, elles menacent  ruine. Il n’est plus là pour le voir. Faut-il le passer aussi par profits et pertes d’une Histoire qui trie entre les réfugiés? 

« MONSIEUR LE PRESIDENT (DU CRIF), JE VOUS FAIS UNE LETTRE …

In SUJETS D'ACTUALITE on juin 1, 2013 at 11:41

« MONSIEUR LE PRESIDENT (DU CRIF), JE VOUS FAIS UNE LETTRE ….

« MONSIEUR LE PRESIDENT (DU CRIF), JE VOUS FAIS UNE LETTRE …

In ARTICLES, SUJETS D'ACTUALITE on juin 1, 2013 at 11:40

« MONSIEUR LE PRESIDENT (DU CRIF),

JE VOUS FAIS  UNE LETTRE … »

Que vous lirez peut être, Si vous avez le temps.. Mais vous connaissez les paroles de la chanson de Boris Vian  « Le Déserteur », écrite durant la guerre d’Algérie. C’est que les désertions ne manquent pas dans notre communauté qui pourtant ne compte pas des millions de membres! Suivant ce que l’on peut personnellement entendre et comprendre lors de nombreuses interventions à Paris, dans la banlieue parisienne mais aussi en régions, plusieurs mauvais plis ont été pris ces dernières années. A votre place, et en vous félicitant de votre élection, il vous appartient d’y remédier, s’il n’est pas trop tard. Le premier, vous en êtes conscient puisque vous l’avez mentionné durant votre campagne: le CRIF n’est pas le représentant des Institutions juives de France mais de plusieurs d’entre elles seulement dont aucune ne représente pleinement la population qu’elle est censée recouvrir de son sigle. Ce n’est pas là manie de politologue mais exigence de vérité et donc de légitimité. Cependant, sur la foi du sigle CRIF, vos décisions ou vos non-décisions affectent politiquement  les Juifs de France et par conséquent  donnent à chacun d’entre eux droit de regard et de jugement sur votre action. Il ne faut pas vous gendarmer s’ils l’expriment, fût-ce avec véhémence. L’attention des dirigeants des institutions  juives françaises a été attirée depuis vingt ans au moins, et au son du « chofar », sur l’affaissement de ce niveau proprement communautaire. Le mot « communauté » est synonyme d’«ensemble humain», de valeurs partagées, de comportements convergents. A son encontre, un autre mauvais pli a été pris. Le » territoire » communautaire, pourtant réduit, semble loti et réparti entre quatre grandes organisations, labellisées « juive » ou « israélite », dont les chefs ne forment même pas un « quadrumvirat »,  homogène et efficace. La concurrence y règne,  parfois brutale, parfois pitoyable, comme ce jour qui restera dans les annales  où, à la sortie de l’Elysée, l’on a vu trois ou quatre de ces responsables se jeter littéralement les uns sur les autres pour se saisir du micro élyséen et jouer les importants auprès de l’opinion publique communautaire et extra -communautaire. De même, il serait utile de repenser ce fameux «  dîner du CRIF » qui a perdu les dimensions de ces débuts pour devenir un spectacle politicien et mondain mais démesuré qui donne une image fallacieuse du pouvoir réel de notre communauté, notamment auprès des organisations musulmanes qui n’ont de cesse que d’en faire autant, sinon plus. La plupart du temps les allocutions qui y sont prononcées n’engagent que ceux qui les écoutent, le temps qu’ils restent à table. Durant la guerre, et au lendemain de celle-ci, le CRIF a incarné une espérance : compenser le faible nombre, au sens démographique, de la communauté juive par son «  coefficient historique » et surtout par son exemplarité morale et sa force de rassemblement. Il justifiait amplement son appellation. Depuis, par suite des concurrences égologiques, de la récurrence des problèmes posés mais qui ne trouvent toujours pas de solution véritable: l’antisémitisme, l’antisionisme ; de la liquéfaction, ou peu s’en faut, des organisation  étudiantes et des mouvements de jeunesse ; par suite de la scission des uns, de la bouderies des autres, du carriérisme de quelques autres encore pour qui le militantisme communautaire est un marchepied vers de plus hautes ambitions, l’énergie de ses présidents successifs, quels qu’ils soient, se dissipe dans la préservation des équilibres strictement internes de l’institution concernée. Au début d’un troisième mandat, vous ne pouvez l’ignorez et sans doute avez vous décidé  de vous représenter à cette charge parce que vous vous estimez en mesure de parer à ces maux, d’effacer enfin ces mauvais plis. Il est temps, grand temps de vous y attacher. Contrairement à ce que donnent à croire des publicités redondantes, tous les Juifs de France pas assujettis à l’ISF. Nombre d’entre eux sont dans la peine et dans la misère. Dans certaines communautés de banlieue, l’Islam radical milite aux portes des synagogues. Il ne faut plus que le CRIF apparaisse comme une institution parmi d’autres. La politique est chose sérieuse. Le dévouement du «kahal»,  pour employer ce terme biblique magnifique, est également indéfectible lorsqu’on sait le solliciter. Je ne forme alors à votre intention qu’un seul  vœu : que vous le retrouviez.  Ce serait le début de la vraie réussite.

Raphaël Draï