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ETATS A LA DECOUPE – Actu J 19 Février 2015  

In Uncategorized on février 19, 2015 at 9:24

Pendant que la campagne électorale bat son plein en Israël et prend de plus en plus les aspects d’un front anti-Nétanyahou où les phobies personnelles l’emportent sur la crédibilité des programmes, bien des régions du monde sont exposées à des bouleversements qui devraient faire réfléchir sérieusement le corps électoral israélien et de manière générale les hommes et les femmes qui affirment leur appartenance au peuple juif. Quelles que soient les antipathies personnelles, les emportements passionnels ou les convictions idéologiques, l’essentiel ne doit jamais être perdu de vue, à savoir que l’Etat d’Israël doit se renforcer comme jamais dans une région du monde exposée au chaos et, plus largement encore, dans un univers géo-politique où le cynisme et le fanatisme dictent de plus en plus cruellement la loi de Béhémoth. Dans cet univers là, il ne suffit pas de se constituer juridiquement en Etat et d’être reconnu par les instances compétentes de l’ONU. Il faut ensuite assumer véritablement cette qualité en préservant les frontières qui nous circonscrivent légalement au regard des Etats voisins tout en protégeant les populations civiles concernées dans leur existence quotidienne. Il suffit de regarder la carte actuelle du Moyen Orient, celle de l’Afrique et désormais celle de l’Europe aussi pour constater à quel point les réalités sont inverses. Nombre de pays qui y figurent formellement vacillent sur leurs bases et apparaissent comme autant d’Etats à la découpe, menacés dans leur intégrité territoriale et dans leur existence par d’autres Etats ou entités intervenant à visage découvert ou par le biais de milices ethniques à visées sécessionnistes. Depuis qu’il s’est déclenché à ciel ouvert le conflit syrien en est un premier exemple. Des parties entières du territoire de la Syrie sont désormais régentées par les miliciens de « Daech » qui y interviennent en maîtres, mettent les ressources qui s’y trouvent en coupe réglée et y persécutent à mort les minorités qui confessent une autre foi que cet islamisme déshumanisé. Et que dire de l’Irak dont, là encore, des parties entières de son territoire officiellement reconnu par le droit international se retrouvent sous l’emprise d’un « Etat islamique » qui cède momentanément sous les frappes aériennes de la Coalition pour mieux se reconstituer ailleurs en bénéficiant de l’afflux de troupes fraîches! Il n’en va pas autrement d’une grande partie de l’Afrique où cette fois des groupes d’Etats doivent faire face aux assauts incessants et impitoyables des sbires islamistes de Boko Haram: le Mali, le Nigéria, le Cameroun, la République centrafricaine, en attendant d’autres Etats de cette sorte, comme la Libye et le Yémen, qui ne peuvent assurer à eux seuls les exigences d’une souveraineté qui ne soit pas de papier. Déjà lourdement engagée sur de nombreux fronts extérieurs la France ne peut éteindre l’ensemble de ces incendies. Qu’adviendra-t-il lorsqu’il faudra engager des troupes au sol? Barack Obama ne semble plus l’exclure. A l’est de l’Europe un autre foyer d’incendie s’avère particulièrement préoccupant: celui de l’Ukraine. Certes François Hollande et Angela Merkel ont pu se réunir à Minsk avec les présidents ennemis, l’ukrainien Porochenko et le russe Poutine. Après des négociations tendues un accord de cessez-le feu a été arraché aux principaux protagonistes. Cependant les « séparatistes pro-russes » ont juré que leur drapeau finira par flotter sur Kiev! Tout cela à deux heures d’avion de Paris. Dans cet univers de pure force où l’idée de Loi est devenue spectrale nombre d’Etats sont en vérité des Etats en sursis qui seraient d’ores et déjà complètement démembrés si les forces qui les attaquent ou qui les sapent avaient pleine marge de manoeuvre. Jusqu’à quand seront-elles encore bridées par des Etats démocratiques, jouant les gendarmes au risque de se voir déstabilisés par des actions terroristes dont le dernier en date vient d’ensanglanter Copenhague et sa communauté juive? Ces réalités ne sauraient être absentes de l’actuel débat électoral qui décidera de la composition de la XXème Knesset. La notion d’intérêt général ne peut rester une formule creuse. Mis à part quelques militants spécialistes de l’outrance, toutes les convictions idéologiques désintéressées sont respectables. Par définition un parti, quel qu’il soit, ne représente qu’une partie d’un peuple aux visages tellement diversifiés. Pour l’ensemble des formations politiques israéliennes, lorsque sévit la diplomatie bouchère en cours, il faut oeuvrer inlassablement à l’unité la plus large et la plus solide de l’Etat créé en 1948. Être bâtisseur d’avenir vaut mieux que d’être le boutiquier d’ambitions médiocres. Il reste encore peu de semaines pour le marteler.

                       Raphaël Draï

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