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LE MAL ANTI-JUIF ET L’AVENIR DES DEMOCRATIES (Vigilance Infos . revue du BNVCA , juillet 2013)

In ARTICLES, ETUDES ET REFLEXIONS, SCIENCE POLITIQUE ET DROIT on juillet 19, 2013 at 12:39

I. DE L’ANTISEMITISME  EN GENERAL  AU MAL  ANTI-JUIF  EN PARTICULIER.

L’intitulé de cette contribution à une analyse du phénomène anti-sémite en indique d’ores et déjà l’orientation et les domaines d’investigation.Il y sera question précisément non pas de l’antisémitisme, comme il est convenu de le nommer, en général, mais bien spécifiquement du mal antijuif. Pourquoi cette distinction?

Depuis quelque décennies,le terme antisémite a été subrepticement mais méthodiquement détaché de sa signification première pour désigner soit une forme générale de racisme, soit l’une de ses formes  particulière qui viserait  également les arabo- musulmans. Une telle extension de sens, au motif que les arabo- musulmans  sont, ethnologiquement, des sémites,risque de diluer ce que ce terme signifiait initialement, au détriment, simultanément, du racisme, de l’antisémitisme et de ce à quoi se rapporte le mal anti-juif. Aussi est –il préférable de rapporter expressément cette pathologie, et l’on verra que c’en est une, caractérisée  et préoccupante,  aux  caractères et aux comportements expressément anti –juifs,en  qu’ils  visent à porter préjudice et parfois à détruire les Juifs pour ce qu’ils sont  ou pour ce que l’on imagine qu’ils soient. Un pareil phénomène relève alors de la psychopathologie la plus clinique – celle –ci révèlerait elle ses limites actuelles sur un tel sujet – à la fois par sa résistance à toute argumentation rationnelle mais aussi à cause de sa propre destructivité et finalement de son auto- destructivité.Car il est deux formes principales de cette pathologie dans laquelle le délire  est le plus proche du passage à l’acte : une forme brute, brutale, « béhémotique », et une forme plus insinuante, plus subtile qui affecte les esprits que l’on croirait les plus étrangers à ces miasmes. On en prendra un seul exemple, chez l’un des plus grands poètes français :  Victor Hugo [1]. Nous disons bien Victor Hugo et non pas Déroulède. Dans un des poèmes insérés dans Les quatre vents de l’esprit, destinés comme il se doit à l’édification du genre humain et à porter la lumière dans les consciences,  l’on tombe sur ces vers :

                                «  Saoulez vous dans un bouge à la lumière des suifs

                                  Zénith : «  Je regarde voler les aigles ».

                                  Nadir : » Moi les Juifs ».

On aura remarqué dans ces deux vers la souillure du langage produite, d’une part, par la rime juif- suif – en argot le suif désigne l’argent – et, d’autre part, par l’amphibologie du verbe voler accolée à ce même mot :Juif.

Il ne s’agit pas là chez Victor Hugo d’un exemple isolé, d’une accident de langage et de pensée. A tel point que les promoteurs de l’Edition dite chronologique, de l’Edition «  Massin », croient devoir ne pas passer en outre, dans une note honnête, sur ce qu’ils appellent «  l’antisémitisme de la maturité hugolienne ». En vérité l’on pourrait montrer que cet antisémitisme hugolien est identifiable dès ses oeuvres et sa correspondance de jeunesse.

A l’évidence, il ne s’agit pas non plus de déclarer que Victor Hugo était viscéralement anti- juif mais seulement de souligner que ce mal là, pour sûr, n’épargne pas les esprits les mieux disposés en faveur de la liberté, de la justice et de l’amour des créatures. La dimension anti –juive est l’une de celles qui pourfile l’identité religieuse et culturelle humaine depuis que le peuple juif existe en tant que tel et refuse de se fondre dans les autres cultes, les autres civilisations, les autres cultures pour des raisons qui lui sont propres mais aussi pour ce qu’il croit comprendre et discerner dans ces autres formes d’existence dans lesquelles il est incité parfois par violence crue à se convertir .

Pour conclure ces remarques à la fois introductives et de bonne méthode, l’on a constaté que cet intitulé met en regard le mal anti- juif et l’avenir des démocraties. Ce qui appelle la précision suivante : si le mal anti- juif existait à part soi, ce serait déjà une raison suffisante pour le combattre. Pourtant il n’existe pas isolément mais se manifeste comme le symptôme  morbide des sociétés et des groupements humains décérébrés qui en tolèrent l’incubation puis les épidémies dévastatrices. C’est pourquoi il est indispensable en premier lieu de mettre en évidence le caractère intrinsèquement contradictoire du mal anti- juif et du régime qualifié de démocratique.

II  LE MAL ANTI- JUIF  ET LA NEGATION DE LA DEMOCRATIE.

 Il n’est pas question dans cette étude de se référer d’emblée à des cas ou à des situations récentes ou à peine un peu plus éloignées dans le temps que chacun a encore présents à l’esprit[2].Il s’agit de considérer « la nature des choses », comme dirait Montesquieu. Ce qui exige une définition minimale de la démocratie,  sachant que les traités de science politique les plus récents retentissement des débats nourris à ce propos.Pour notre part cette définition servira surtout de repère pour les développements à venir.

Chez Montesquieu le régime républicain – qui dans ses théories se rapproche le plus de ce qu’aujourd’hui est entendu par le vocable « démocratie »-, dans un tel régime  il faut avant tout comprendre ce que sont les lois, et cela au regard de la raison humaine qui procède elle même d’une raison d’un ordre supérieur : «  Les lois dans la signification la plus étendue sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ; et dans ce sens tous les êtres ont leur loi, la divinité a ses lois, les bêtes ont leurs lois, les hommes ont leurs lois» [3]. Cela pour signifier non pas que la notion de loi soit relative, si ce n’est éclatée, mais au contraire qu’il n’est aucune forme de vie qui ne fût régulée par une législation prescrivant le permis et le défendu, une législation  à la fois liée à la raison mais hors d’atteinte de la possible prédation des êtres auxquels elle s’applique. Voilà pour le principe générique.

Quelles sont alors les caractéristiques majeures de ces lois qui éclairent sous cet aspect ce qu’il est convenu d’appeler « l’Etat de droit «? Montesquieu ajoute : «  Il faut avouer des rapports d’équité antérieurs à la loi positive qui les établit. Dire qu’il n’y a rien de juste ni d’injuste que ce qu’ordonnent ou prescrivent les lois positives, c’est dire qu’avant qu’on eut tracé le cercle, tous les rayons n’étaient pas égaux ».Pour Montesquieu   il faut prendre garde qu’une loi au sens formel, qui se réduirait à ses énoncés littéraux, ne devienne injuste, faute pour le législateur de prendre en compte et de respecter les valeurs immémoriales qui éclairent l’esprit humain et qui ne doivent jamais s’y éteindre. Ce qui marque nettement qu’aucun pouvoir ne doit se croire absolu, autrement dit né de lui même, sans rien qui le précède, rien qui le dépasse et rien qui l’oblige.

Qu’en est- il de la législation pratique? Une loi, dont on aura vérifié ces caractéristiques préalables, doit ensuite, pour être qualifiée en tant que telle, obtenir le consentement de ses  destinataires.Or un consentement, qualifié lui aussi, ne peut résulter que d’une information préalable, suivie d’un examen personnel et d’une délibération astreinte à des règles établies, et, s’il s’agit d’un jugement,  à des normes procédurales. Ce qui dans tous les cas exige la liberté de parole et de pensée  par quoi se fonde  la capacité de discernement. D’où la condamnation ferme et définitive par  Montesquieu du régime despotique et de l’asservissement  physique, intellectuel et même mental qu’il exige : «L’extrême obéissance suppose de l’ignorance dans celui qui obéit ; elle en suppose même dans celui qui commande. Il n’y a point à délibérer, à douter, à raisonner. Il n’y a qu’à vouloir». Entendons  le bien : ce «vouloir» là sera celui d’un seul, délié de tout  principe de raison suffisante, de toute « contingence » rationnelle et de toute obligation d’avoir à en rendre compte le cas échéant[4].

Lorsqu’il se déclare, le mal anti-juif apparaît comme la négation complète de cette série d’exigences, mutuellement liées. On en prendra deux exemples dans la psychopathologie du nazisme.

Le premier concerne Hitler en personne, si l’on se dire, tant cet être se réduisait psychiquement au magma de ses fantasmes. Un jour qu’il s’était particulièrement déchaîné contre «la juiverie mondiale» et sa «malfaisance congénitale», sans laisser planer aucun doute sur le sort qu’il s’apprêtait à lui réserver, Hitler ajouta ces deux considérations qui portent à la réflexion [5]. L’entreprise qu’à mots à peine voilés il se promettait de mettre en oeuvre, lui était dictée par.. la Providence. Cependant, pour étayer cette mission de salut universel, il lui fallait bien sûr des preuves. Celles –ci se trouvaient selon lui, expressis verbis, dans Les Protocoles de Sages de Sion. Et Hitler d’ajouter: « Je n’ai pas besoin de le prouver, c’est la vérité »[6].En  cette seule assertion l’ensemble des critères établis par Montesquieu est balayé, détruit,  au profit d’une conviction absolutisée, déliée de la moindre exigence rationnelle, de toute obligation délibérative et démonstrative. La « pensée » d’Hitler se confond  avec son vouloir. Si elle prend ce cours et se délie de la raison «  primitive », comme dirait Montesquieu, comme de la raison délibérative, c’est qu’il poursuit, obstinément, compulsivement, une oeuvre de mort. La pensée morbide et mortifère ne tolère pas l’objection parce qu’elle vise à la jouissance immédiate : celle que produit le sentiment de toute-puissance.

L’autre exemple, souvent cité celui là mais qui ne perd rien de sa valeur didactique, sera pris au bas de la hiérarchie nazie. En ce sens, le témoignage de Primo Levi nous place également devant cette contradiction béante, cette «  succion du vide »  comme disait Ernst Jünger. Après son arrestation et son transfert en camp de la mort, Primo Levi se retrouve enfermé dans une baraque avec d’autres déportés. Tous souffrent d’une soif atroce dont les gardiens n’ont cure. Primo Levi aperçoit de la fenêtre un glaçon. Il ouvre cette fenêtre et saisit le glaçon pour tenter de se désaltérer. C’est alors qu’un des gardiens qui l’a vu faire ce geste  se rue vers lui et le gifle à toute volée. Sidéré, Primo Levi qui parle aussi allemand, lui demande « Warum? » (Pourquoi?). Et le sbire de rétorquer «  Hier, ist kein Warum » ( ici il n’y pas de pourquoi)[7] 

Ces deux exemples pris hélas parmi tant d’autres[8] se  correspondent et se complètent. Dans l’histoire de la pensée humaine  le quoi?  le qui?  le pourquoi? et le pour qui? structurent et invigorent la conscience. Ces termes là, génériques, marquent le mouvement réciproque des questions et des réponses  par quoi les pronoms personnels, le je, le tu, le nous, se fondent et à leur tour structure la relation humaine, intersubjective et sociale. La réaction du sbire,sa violence plus qu’arbitraire, se placent  en deça de toute pensée et de toute relation proprement humaines. Elle disloque l’exercice le plus générique de la connaissance. Elle dénie le fait même de la relation humanisée. S’il faut y insister ce n’est pas seulement pour  ses incidences strictement individuelles mais bel et bien parce que le sbire est le rouage d’une machine, le ressort d’une « bourreaucratie », le soldat d’une armée, le serviteur d’un Etat ou de qui passe pour tel. L’illustration, à la lettre, monstrueuse, de l’envers du régime républicain et démocratique, au sens du Montesquieu de L’esprit des Lois.

III. LA RECURRENCE  DU MAL  ANTI-JUIF  ET  SES  ISSUES  POSSIBLES

 Le mal anti-sémite se caractérise bien comme mal ontologique, touchant à l’être même, et resterait –il sur ce plan encore énigmatique -, si celui -ci n’offre aucune prise à la réflexion, s’il aliène les intelligences apparemment les mieux constituées, s’il soudoie le sens moral et l’inverse en permis de détruire. C’est pourquoi si le nazisme en a été jusqu’à présent l’expression extrême, ses émules n’en sont pas comptables exclusifs. A ce propos il faudrait interroger les lettrés les plus qualifiés et leur demander : de qui sont ces déclarations: «Belle conspiration à organiser pour l’extermination de la race juive. Les Juifs bibliothécaires et témoins de la Rédemption »? Ne languissons pas trop. Elles sont de… Baudelaire et surgissent brutalement dans un recueil de notes, d’aphorismes, de confidences intitulé « Mon cœur mis à nu ».D’un collègue professeur de psychopathologie, elles reçurent cette explication : «L’antisémitisme est pulsionnel». Il se détend à la vitesse de l’éclair, comme la langue du serpent et mord en prenant à défaut tous les modes opératoires de la pensée rationnelle, si cette expression ne constitue pas elle même un pléonasme. Bien sûr, les déclarations précitées ne peuvent pas ne pas être rapportées aux tourments existentiels et à la déchéance humaine de l’auteur des Fleurs du mal, à tel point qu’à son propos Benjamin Fondane – arrêté à Paris, rue Descartes ( quelle anti- symbole.. ) et mort en déportation – a pu évoquer une « connaissance par les gouffres ».

Au delà de ce cas individuel, à considérer une fois de plus comme symptôme, la  psychanalyse nous informe que précisément la pulsion s’échappe et se donne libre cours lorsque la Loi qui est censée la réguler défaille. Pourquoi défaille t-elle ou bien s’excepte t –elle de sa  propre nature? Quand elle n’est pas sollicitée, alors qu’elle doit l’être, au motif que l’objet qu’elle devrait protéger n’est pas digne de cette protection, qu’il ne mérite pas son égide. S’agissant, sous cet angle de vue, du mal anti- juif, celui-ci trouve l’une de ses sources les plus empoisonnées dans la théologie dite de la substitution, celle qui a structuré l’identité religieuse planétaire, ou presque, selon le schéma aberrant opposant l’Ancien Testament, et le peuple qui s’y rapporte, et le Nouveau Testament, et le peuple qui s’y réfère. Le paradigme anti- juif s’est ainsi constitué avec ses variantes et ses substituts ne durant pas moins de deux millénaires, au point d’être passé en forme d’habitude mentale et de tropisme culturel. De celle-ci le monde chrétien tente de se défaire depuis la fin de la seconde guerre mondiale mais l’on ne sort pas de deux mille ans de haine à visage d’amour en un demi- siècle.[9] Dans la translation du théologique au philosophique et au littéraire, l’image baudelairienne « des Juifs bibliothécaires » se trouve déjà chez Pascal, grand lecteur des Pères de l’Eglise. C’est ainsi que le peuple juif, dont le nom propre hébraïque : « Israël » avait fait l’objet de cette captation insensée, s’est vu par suite privé de toute repère généalogique inter- humain comme de toute insertion dans l’espace  géo- politique, au point que son retour actuel dans l’Histoire et dans l’univers politique est ressenti comme un véritable séisme identitaire mondial.

C’est de ce paradigme qu’est né le concept même de «solution finale» ou d’annihilation (Vernichtung): à partir non seulement de la déshumanisation anthropologique des Juifs mais également, si l’on osait ce néologisme, de leur « désêtration », de leur expulsion hors de l’Être dont un Heideger pour ne pas le nommer allait faire l’aurore et la destinée fructifère de la pensée occidentale. Les Juifs se retrouvaient de la sorte «  caïnisés »,  privés de toute protection, tant divine qu’humaine, livrés corps, biens et âme  à l’impulsion, dévoyée et pervertie  du premier  assassin en mal  de proie mais à ses yeux  « justicier de Dieu ».

Un telle construction identitaire n’allait pas tarder  à démontrer ses propres effets pervers.Ce que tels théologiens de l’Eglise du Christ avaient conçu à l’encontre des Juifs allait leur être retourné, terme à terme, et thème à thème, par les théologiens et les missionnaires de l’Islam conquérant pour lequel le message des prophètes de la Thora mais également celui des Evangélistes et de leurs commentateurs n’étaient que simples préfiguration du message coranique, révélé par Mahomet ; d’un Coran considéré, en somme, comme « nouveau – nouveau Testament ». En attendant de faire à son tour des émules, à ficher les uns et les autres, successivement, selon ce même paradigme, avec tous ses avatars jargonnés en « post », depuis la « post – Histoire » jusqu’au « post – moderne » en passant, last but not least, par le « post – humain », en attendant un probable « post – postime »,  réactionnel, qui nous ramènera aux temps de l’immutabilité primitive des mentalités et des croyances..

Ces dernières considérations conduisent,  en conclusion, à envisager quelques issues possibles à ce mal plus que radical. Elles impliquent avant tout la prise de conscience du caractère certes destructeur et exterminateur des individus et des organisations infestées du mal anti-juif mais également de son caractère auto- destructeur et finalement suicidaire dès que surgit devant lui un autre individu ou une autre organisation, une autre armée parfois, qui lui inflige de manière récursoire  sa propre « loi ». Faut-il rappeler, s’agissant du fascisme et du nazisme, quelle a été la fin de Mussolini, celle d’Hitler, celle de Goebbels, de son épouse et de ses enfants, « euthanasiés » par leur mère dans l’ultime bunker d’Hitler qui lui même suicida Eva Braun avant de mettre fin à ce que l’on n’ose appeler ses «  jours » [10]?

Telles sont les réflexions qui viennent en foule à l’esprit de celui qu’on n’ose appeler «  touriste » et qui de nos jours marche par exemple dans les rues de Berlin. Il est  impossible que sa rétine ne soit sur- impressionnée, comme de l’intérieur, par tant de scènes affreuses, innommables qui s’y sont déroulées dans le premier quadrant du XXème siècle. Et, en même temps, l’on constate que, décidément,  pas un décimètre carré de cette ville n’a échappé aux bombardements  incendiaires de l’aviation alliée, en attendant les assauts, les pillages et les viols  commis par les soldats de l’Armée Rouge, ivres de vengeance.

Au regard de retours actuels de ce mal, faudra t-il qu’une telle Histoire se répète? Le grand théoricien de l’histoire que fut Fernand Braudel distinguait, on le sait,  dans le cours des événements historiques ce qu’il appelait les durées courtes et les durées longues. Il lui est arrivé d’évoquer parfois aussi des durées «trop» longues. Le mal anti-juif participe de cette dernière forme de durée qui dénature l’essence même du temps. Quiconque est tenté de l’activer, d’en produire de nouvelles occurrences et récurrences, doit alors savoir à quel point le temps trop long finit par se retourner  et par se saisir de qui  s’imagine pouvoir  le déchaîner en toute impunité.

Et puisque cette proposition d’analyse a commencé avec Montesquieu, c’est à Montesquieu qu’on laissera le mot de la conclusion, lorsqu’il relève dans ses Pensées : «  Les Juifs sont à présent sauvés. La superstition ne reviendra pas. On ne les exterminera plus par acquit de conscience ». A l’évidence, Baudelaire n’avait pas bien lu Montesquieu. Puisse alors le souhait d’un des fondateurs du droit public contemporain ne pas être plus longtemps déjugé.

                                                                        Raphaël Draï


[1] Qui a donné son nom à la salle de l’Assemblée Nationale ou s’est tenu le colloque du BNVCA.

[2] Notamment l’affaire Mérah.

[3] Montesquieu. L’Esprit des Lois. Livre I. Œuvres. La Pléiade.

4. Karl Jaspers,  Psychopathologie générale, Félix Alcan, 1933.

5.Cf notre étude : «  Le for intérieur «   in Grands problèmes politiques et sociaux contemporains, Aix en Provence, La Librairie de l’Université Editions, 2000.

6. Témoignage de Robert Fleming.

7. Editions Robert Laffont. On peut regretter que cette édition ait fait choix de textes particulièrement polémiques de Primo Levi sur la politique d’Israël au temps de Menahem Begin.La qualité de «  grand témoin » de l’Histoire n’est pas forcément un gage d’objectivité idéologique.Au plan éditorial, lier ces deux éléments procède d’un évident parti – pris politique.Il en va d’ailleurs de même pour la présentation en 4eme de couverture du recueil de textes de Hanna Arendt intitulé Ecrits Juifs, Fayard, 2012. Ces procédés desservent surtout les oeuvres ainsi agencées.

8. Rabbi Ephraïm Oshry, La Thora au cœur des ténèbres, Albin Michel, 2010.

[9] Cf. La nouvelle édition du Nouveau Testament et ses commentaires parfois contestables aux Editions Bayard.

[10]. Yan Kershaw, La fin, Seuil, 2012.

  1. J’ai beaucoup apprecie la lecture de ce texte passionnant et bien documente, particulierement les reflexions sur l’articulation Loi/pulsion, expliquant en quelque sorte l’antisemitisme comme une maladie psychique co-substantielle aux humains (dont ne sont d’ailleurs pas epargnes certains Juifs eux-memes, tels Sand, Warchavski, Falk…et la liste est encore longue, malheureusement) et que Pinsker definissait le premier comme une psychose, dans son ouvrage Auto-Emancipation, paru en 1882, ecrit en langue allemande…Il employait meme le terme de « maladie incurable », « contractee par tous les peuples…
    L’actualite lui donne raison depuis ces derniers decennies, particulierement aujourd’hui vendredi 18 juillet 2013 avec ce nouveau diktat europeen concernant Israel et ses pretendues « colonies », et la decision « politique » d’un boycot generalise d’Israel, pretendant de lui faire accepter sous la contrainte des frontieres suicidaires…Ce n’est peut-etre pas de diplomates dont nous manquons, pour la resolution de ce « conflit »…mais de psychiatres ! Quand va t-on commencer a traiter le malade, et surtout…comment ?
    Pinsker, lui, etait medecin !!
    Une toute petite remarque formelle, dans le dernier paragraphe il faut corriger, et ecrire « acquit », et non « acquis ».

  2. Ces lignes font réfléchir. S’il y a bien un mal anti juif, il y aurait donc en face un bien chrétien châtié actuellement par le bien islamiste… Cette pulsion de mort est attisée par le feu destructeur de l’animalité religieuse absolue et identitaire.. Alors que faire? Un vaste chantier attend nos fragiles démocraties face aux intégristes de tout bord qui souillent le genre humain. Raphael DRAI rappelle la 4ème Parole dans l’Alliance du Sinai ( tome 1 Topiques sinaïtiques ): »Ton étranger n’est pas l’errant, le délié de l’humanité, il est placé sous la garde du citoyen… ». Ce message est court et il en dit long.

  3. Il etait temps de faire une distinction entre antisémitisme et antijuif.

    Au début, on devait distinguer « antisionisme et antisemitisme, »
    de toutes les manières il s’agit toujours du même sujet

    Bon courage

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