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LE DJIHAD DANS LES ESPRITS – Radio J – 23 Juin 2014

In CHRONIQUES RADIO, SUJETS D'ACTUALITE on juin 23, 2014 at 1:09

L’enlèvement des trois adolescents juifs qui faisaient du stop en territoire cisjordanien sous contrôle de l’Autorité Palestinienne, et cela sans aucune revendication ouverte d’une part; l’assaut donné au régime irakien par les forces djihadistes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant d’autre part, devraient conduire à de profondes mises en cause des définitions de l’éthique et à de déchirantes révisions stratégiques.

Car, outre les procédés eux mêmes, ces événements mettent en oeuvre un schéma mental dont la nocivité n’est pas prés de s’atténuer. Dans les deux cas, les auteurs de crimes et de violence ne se reconnaissent liés par aucune loi, ni par aucun droit pouvant protéger autrui mais, simultanément, ne cessent de rappeler leurs protagonistes au respect de leurs propres lois et de leurs propres dispositifs juridiques, à leur seul bénéfice. Ainsi, le crime d’enlèvement est à présent encotonné dans celui de «riposte disproportionnée» imputée aux forces de sécurité qui recherchent les trois adolescents enlevés sans qu’il en reste trace. En Irak, les crimes de masse commis par les djihadistes, les captations de territoire comptant des milliers de kilomètres carrés, l’emprise désormais exercée sur la frontière irako-jordanienne, les violences contre nature faites aux non-combattants, sont d’ores et déjà absous par l’invocation à la lutte pour la « libération » de ce pays des mains de ceux là-mêmes qui l’avaient soustrait à la dictature de Sadame Hussein. Et cela, jusqu’à présent au moins, sans aucune réaction ni militaire ni diplomatique des Etats-Unis et d’une Europe qui sait pourtant se gendarmer comme un seul homme à l’annonce par l’Etat d’Israël de la construction d’une tranche d’habitations civiles.

Ce schéma affecte jusqu’au système parlementaire israélien où, situation sans doute unique au monde, des députés comme Ahmed Tibi ou Hanin Zoabi, abusant de leurs prérogatives et de leur immunité, prennent ouvertement le parti des kidnappeurs et justifient cyniquement leur crime par l’invocation à la « libération des territoires occupés ». Comme si ces Havrei Knesseten titre comptaient leur nationalité, qui jusqu’à preuve de contraire est la nationalité israélienne, pour moins que ce qui se jette dans une poubelle de gare routière. Imaginerait-on une situation analogue à l’Assemblée Nationale ou à la Chambre des Communes ?

Partout la stratégie des djihadistes, de corps ou d’esprit, est la même et s’avère d’une redoutable efficacité: paralyser la réaction de leurs ennemis en infectant leur sens de la culpabilité et surtout en sollicitant leur narcissisme moral. Des organisations comme Amnesty International ou Bétselem au plan régional dont on n’a pas entendu un mot après l’enlèvement de ces êtres humains, sans doute parce qu’à leurs yeux, étant «code-barrés» «colons» ils ne le sont pas vraiment, en appellent à présent les autorités israéliennes au sens de la «retenue».

Dans un de ses articles les plus acérés de 1939, le grand écrivain anglais Georges Orwell, cherchant à expliquer la prise de pouvoir en Europe sans coup férir par les partis totalitaires, invoquait à ce propos l’interaction destructrice entre ces deux personnages qu’il appelait dans son langage peu châtié d’un côté « le gangster » et de l’autre « la lavette ». Changerait-il aujourd’hui sa manière sa façon devoir? Il appartient aux régimes démocratiques, et qui entendent le rester, de le démontrer.

                           Raphaël Draï zal, Radio J, le 23 juin 2014

  1. Oui, en effet, Amnistie, n’en dis pas un mot, cependant B’Tselem en font une mention…A mon avis il faudrait lancer une petition!

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